Etudiante à Paris

Paris fait rêver les touristes, français ou étrangers. Mais elle fait également rêver les étudiants du monde entier. C’est le cas de cette jeune Egyptienne, entendue il y a quelques jours à la radio. Elle est inscrite dans une des universités parisiennes. Mais en plus, elle vit à la Cité Internationale Universitaire où se côtoient étudiants français et etudiants venus de tous les pays. Une expérience unique au dire de* tous ceux qui ont eu la chance d’être logés là.
Un très joli témoignage, dans un français parfait.

Transcription:
Bonjour mademoiselle (1), je peux vous demander ce que vous faites ?
– Je suis étudiante.
En quoi ?
– En criminologie.
Super, ça !
– Oui.
Et vous venez d’où ?
– De l’Egypte. (2)
Et votre prénom ?
– Rana.
Rana.
– Oui.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de venir à Paris pour étudier la criminologie ? On est réputés pour ça à Paris ?
– Oui, oui. C’est une très bonne formation, à l’université Paris II. Et j’ai… j’ai fait toutes mes études en français. Donc c’est pour ça que j’ai voulu venir en France pour… pour faire le Master (3).
Et vous avez fait vos études en français en Egypte ?
– Oui. Oui, oui.
Parce que vous êtes d’une famille d’ambassadeurs ? Ou… ?
– Non, non, non. Famille normale.
Normale ? Ah bon (4) ?
– Oui.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire toutes vos études en français ?
– Mes parents m’ont ins[…] inscrit (5) dans une école française. Et j’ai fait la… la faculté (6) de Droit, section française.
Vous dites une famille normale… C’est quand même un petit peu peut-être la classe privilégiée, pour aller étudier dans une école française, non ? Je sais pas, moi…
– Non. Pas vraiment.
Non ?
– Je pense (7) les classes moyennes ont accès à différentes écoles, que ce soit français, ou allemand ou anglais.
Vous venez d’arriver à Paris ?
– Non, je suis arrivée l’année dernière, en septembre dernier. Et j’ai fait le Master et j’ai une soutenance (8) en septembre.
Vous avez pas vécu le… la Révolution en Egypte ? Vous étiez ici, vous.
– Oui. J’étais ici malheureusement. Je voulais être… vraiment être là-bas. Mais ici, j’ai essayé de participer aussi comme je pouvais.
Vous êtes contente ?
– Oui. Très, très contente.
Qu’est-ce que ça a changé concrètement depuis que Hosni Moubarak n’est plus en place ?
– Alors ça a changé énormément de choses. Je sens maintenant que les… les Egyptiens ont plus le sentiment de… de… de la patrie, qu’ils demandent aussi ce qu’ils veulent, qu’ils demandent leurs droits. Et… et d’un autre côté, c’est bien parce que ça veut dire qu’on n’accepte plus la corruption et on veut un nouveau changement, un… un bon régime.
Vous avez de la famille encore là-bas, j’imagine ?
– Oui, toute ma famille.
Et donc, ils vous disent: »Il faut vraiment que tu reviennes, Rana. La vie en Egypte a complètement changé. »
– Oui, bien sûr. Et moi je veux… je veux revenir (9) en Egypte. Je veux vivre là-bas. C’est très important pour moi.
Et quand vous parlez de l’Egypte, c’est le Caire ou c’est… ?
– Le Caire, oui. Je suis du Caire.
Et alors là, vous faites la queue (10) pour… à la Caisse d’Allocations Familiales de Paris (11) parce que… ?
– Je veux refaire mon dossier parce que je… je l’avais arrêté pour le mois d’août et je veux que ça continue.
Pour un an encore.
– Oui, oui.
D’accord.
– Exactement.
Et alors qu’est-ce qui vous a plu à Paris ?
– Tout. Tout. C’est vraiment très, très joli (12). Moi, je vis à la Cité (13). J’ai vraiment de la chance parce que je… je pense que trouver un logement à Paris, c’est très, très difficile. C’est vraiment bien parce que on rencontre toutes les cultures et je sens que maintenant, j’ai… j’ai vraiment des amis presque de partout (14). J’ai… j’ai connu (15) des Indiens, des… des Marocains, des… des Norvégiens, vraiment de partout et c’est… c’est très, très bien parce que je… je… C’est sûr que chacun a un… a un minimum de stéréotypes à propos de… des pays et… Et avec ça, ça change vraiment. Et je découvre vraiment la réalité.
Bon et alors, vous avez pas rencontré l’amour à Paris ?
– Si, en fait, j’ai rencontré un garçon hongrois. Et… Oui, c’est… c’est vraiment mon premier grand amour.
Super !
– Oui.
Et il étudie quoi, votre ami ?
– Management. (16)
Super. D’accord.
– Oui, et maintenant, il veut faire le commerce du vin.
Ah d’accord ! Mais alors, vous avez pas peur, là ? Lui, il est hongrois, vous êtes égyptienne. Où est-ce que vous allez faire votre vie ?
– Oui, ça, c’est… ça c’est une question qu’on se pose. Mais maintenant, on est étudiants et on essaye juste de… de se connaître, et après, on verra comment ça va se passer (17).
D’accord. C’est « Choukran », on dit en… ?
– Oui, exactement. Choukran.

Quelques explications:
1. mademoiselle: on utilise ce terme pour les femme pas mariées, donc souvent avec des jeunes filles (parce qu’on imagine qu’elles sont trop jeunes pour être mariées.) Mais son usage est controversé en ce moment en France, notamment quand on est plus agée, quand on doit cocher la bonne case sur des formulaires. (Madame, mademoiselle ou monsieur). Effectivement, la plupart du temps, personne n’a besoin de savoir si vous êtes mariée ou pas. On ne fait pas cette distinction pour les hommes. Alors pourquoi la ferait-on pour les femmes ? Cependant, à l’oral, c’est naturel de dire « mademoiselle » à quelqu’un de jeune. (Et ça peut presque être flatteur quand on est un peu plus âgée ! ça veut dire que vous ne faites pas votre âge.)
2. de l’Egypte: on dit plus souvent « d’Egypte« . Quand on dit d’où on est, d’où on vient, c’est beaucoup plus courant de ne pas utiliser « de l’ / de la » mais juste de ou d’ devant le nom du pays. (de France, d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, etc…)
3. le Master: les universités françaises ont adopté le terme anglais pour désigner ce diplôme après la Licence. (avant on parlait de Maîtrise)
4. Ah bon ? : C’est une des manières d’exprimer la surprise.
5. m’ont inscrit: il faut dire m’ont inscrite quand on est du sexe féminin. (On accorde le participe passé avec m’, qui représente ici Rana, donc une fille.)
6. la faculté de Droit = l’université (en Droit). On utilise plus souvent l’abréviation: la fac de Droit. On peut dire: aller en fac de Droit, être en fac de Droit, faire la fac de Droit.
7. je pense: il faut dire je pense que
8. une soutenance: c’est un examen oral à l’université où on présente son travail de recherche devant un jury de plusieurs personnes. On a d’abord rendu un dossier écrit et le jour de la soutenance, on le présente et on répond à des questions.
9. revenir en Egypte: ce n’est pas le bon verbe. Il faut qu’elle dise: retourner en Egypte, car elle n’est pas là-bas en ce moment.
10. faire la queue: attendre son tour derrière d’autres personnes.
11. La Caisse d’Allocations Familiales: cet organisme verse des aides aux familles mais aussi pour le logement des étudiants. Il faut donc y déposer un dossier pour toucher des allocations.
12. c’est très joli: on dit aussi (et peut-être plus souvent): c’est très beau.
13. la Cité Internationale Universitaire de Paris: elle accueille essentiellement des étudiants du monde entier.
14. presque de partout: on dit aussi: de presque partout.
15. J’ai connu: ce verbe est un peu bizarre ici, à cause du passé composé employé. Plus naturellement, on dit: J’ai fait la connaissance d’Indiens. Ou alors: J’ai rencontré des Indiens. (Si on veut vraiment garder le verbe connaître, il faut le mettre au présent: Maintenant, je connais des Indiens.)
16. Management: il vaut mieux dire le management, avec un article devant.
17. comment ça va se passer: on peut dire aussi: comment ça se passe, au présent.

* au dire de: d’après / selon quelqu’un

Avant l’été, j’avais eu une discussion très sympathique avec Zakari: lui aussi vient d’ailleurs et se dit qu’un jour, il aimerait bien poursuivre sa vie dans son pays d’origine.

11 réflexions sur “Etudiante à Paris

  1. Fredrik Pettersson dit :

    J’ai suivi un peu ce sujet controversé. Je comprends bien ceux qui se demandent pourquoi tout le monde doit savoir si la femme est mariée ou pas. Pas besoin d’être féministe pour comprendre ça !
    Pour ce qui est de Paris je sens que c’est comme avec toutes les capitales – toujours surestimé. Bon je n’y ai jamais été mais je suis sûr que les autres villes en France sont aussi belles et fortes que Paris etc. Alors je veux dire que Paris n’est pas la seule ville en France ! On veut bien donner cette impression à mon avis.

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  2. Anne dit :

    Oui, il y a des tas de villes très belles at agréables. Bordeaux, Toulouse, Marseille, et d’autres villes plus petites. Chacune a son caractère (et son climat). Mais quand même, très sincèrement, Paris est très belle. Il y a des quartiers très différents les uns des autres. Et il y a tellement de choses à voir et à faire. Il faut se promener à pied et regarder autour de soi. On peut critiquer le rythme de vie, l’agitation dans le métro par exemple. Mais ça vaut la peine de découvrir Paris et d’y vivre quelque temps je pense ! Je n’y habite plus mais quand j’y retourne, je m’y sens toujours bien.

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  3. Anne dit :

    Elle parle plus lentement que lui. Mais son accent est parfait. Elle peut vraiment servir de modèle! (Ce n’est pas le cas de tous les étrangers.) Lui, il précipite un peu les mots.

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  4. Gabrielle dit :

    Dans tous les manuels on lit et apprend « j’ai connu qn » pour « j’ai fait la connaissance de qn ». N’est-ce pas correct?

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  5. Anne dit :

    Honnêtement, ce n’est pas ça que nous disons spontanément. C’est bien plus naturel de dire par exemple: Je l’ai rencontré l’année dernière. J’ai rencontré des gens de tous les pays, etc…
    Avec connaître, ce qui marche bien, c’est: Nous nous sommes connus à Paris. Ils se sont connus quand ils étaient étudiants. C’est le verbe pronominal dans ce cas.
    Ou alors, avec juste connaître, il faudrait qu’il y ait plus de contexte: Je l’ai connu à l’université peut marcher.
    Mais dire juste « J’ai connu des Indiens, des Norvégiens. » est bizarre, même si on comprend bien sûr.
    Un peu subtil, et difficile à expliquer ! J’essaie juste de dire ce qui nous paraît le plus habituel et ce qui l’est moins.

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  6. Anne dit :

    Petite précision à propos de mademoiselle et madame: dans la vie courante, c’est normal de dire « mademoiselle » à une jeune fille ou une jeune femme parce que c’est vraiment l’habitude et qu’il y a aussi une idée d’âge derrière ce mot. Je ne me vois pas dire « madame » à mes étudiantes ! Elles font trop jeunes pour ça ! Après, le problème, c’est de savoir à partir de quel âge on dit « madame » !

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