Haletant

Il y a quelques semaines, j’ai vu A plein temps, un film que j’ai vraiment beaucoup aimé.

La bande annonce est trop succincte – un peu bâclée* à mon avis ! – pour être réellement représentative de tout ce qui traverse ce film. C’est dommage. Néanmoins, elle donne une petite idée de l’atmosphère qui enveloppe toute cette histoire, magnifiquement incarnée par Laure Calamy.

Je connaissais cette actrice dans des rôles plutôt drôles ou fantaisistes* – par exemple dans la série Dix pour cent ou le film Antoinette dans les Cévennes. On est loin de tout cela dans ce film puisqu’elle est Julie, une jeune mère de famille séparée du père de ses deux enfants, qui doit gérer seule une vie quotidienne compliquée.

En effet, elle habite en grande banlieue* mais travaille à Paris comme femme de chambre en chef dans un hôtel de grand luxe. Alors, c’est la course tous les jours, pour jongler entre ses enfants, qu’elle ne néglige jamais, et les exigences de son travail si éloigné, éloigné physiquement, mais éloigné aussi de ses aspirations et de ses compétences. Elle court, elle court presque tout le temps, après le temps, après les RER* et les bus, après le père de ses enfants, injoignable quand il s’agit de payer la pension alimentaire. Elle passe ses journées à courir avec son équipe de femmes de chambre, au service de clients qu’on devine imbuvables*, sous la surveillance de sa chef, stressée elle aussi et donc stressante. Et si en plus, se déclenche une grève dans de nombreux secteurs – on est en France ! – notamment dans les transports en commun, alors brutalement, l’équilibre qu’elle a construit ne tient plus qu’à un fil*. Et c’est cette période de transition dans sa vie qu’on suit pendant plusieurs jours.

La grande originalité de cette histoire – somme toute banale -, c’est la façon dont elle est racontée, portée par le rythme de la musique d’ Irène Drésel. On a le coeur qui bat sans cesse à suivre Julie dans ses trajets, parce qu’elle court pour être à l’heure, matin et soir mais aussi parce que la pulsation de la musique nous fait littéralement vivre cette cadence infernale toute la journée, répétitive, épuisante. On en est comme essoufflé, et grâce à cette musique, on vit de très près ce que vit Julie.

Cette histoire représente bien ce que vivent de nombreux banlieusards* tous les jours. Paris, ce n’est pas que du romantisme de carte postale ! Paris, ce sont aussi ces quartiers qu’on aperçoit sans les voir des fenêtres des trains de banlieue à l’approche des grandes gares parisiennes – Gare de Lyon, Gare Saint Lazare, Gare du Nord. Ce sont les embouteillages, la cohue des transports, les visages fermés, chacun dans sa bulle au milieu de cette agitation de fourmis. Et Julie poursuit sa trajectoire, coûte que coûte*, malgré les embûches. Je vous laisse regarder la bande annonce, dont le premier son, ô combien familier, donne le ton* !

Transcription de la bande annonce :


– Maman ?
– Oui ?
– Tu connais le Jardin d’Acclimatation (1) ?
– Oui.
– On pourra y aller un jour ?
– Ecoute, on verra.
– La circulation vers Paris est interrompue. Nous vous invitons à utiliser un itinéraire de substitution (2).
– Vous allez manifester (3) aujourd’hui ?
– Bah j’aimerais bien. Mais là, j’avoue que je m’intéresse plus aux grèves pour y faire face (4) que pour y participer. Je dois aller tous les jours à Paris.
– C’est dur, ça.
– On a cinq arrivées, cinq départs, huit recouches (5) et monsieur Yoshida qui prend la Churchill en fin de journée.
– J’ai un entretien.
– Pour un boulot (6) ?
– Oui.
– Genre (7)… un bon boulot ?
– Un super bon boulot.
– Tu joues avec le feu (8), Julie ! Avec les retards en plus, ça arrange rien (9).
– Il faudrait trouver une autre solution (10) pour les soirées, çaa commence à devenir difficile.
– Je vais te laisser mon badge et tu vas le valider en même temps que le tien.
– Mais ça, je suis pas… Je suis pas sûre.
(En raison d’un mouvement social…) (11)
– Il y a un train qui va partir, là.
– Quelle voie ?
– Voie 14.
– Jeanne Delacroix.
– Julie Roy.
– Enchantée. Merci de vous être déplacée (12) malgré les grèves. Ça ne vous inquiète pas de reprendre le travail après une aussi longue pause ?
– Ah non.

Des explications :

  1. le Jardin d’Acclimatation : c’est un parc de loisirs à Paris, dans le Bois de Boulogne, créé sous Napoléon III dans les années 1860. (Je vous en reparlerai bientôt.)
  2. un itinéraire de substitution : c’est une façon de dire que les moyens de transport habituels ne fonctionnent plus et qu’il va falloir prendre des bus, des cars à la place. C’est la formule consacrée en temps de grève des transports.
  3. manifester : défiler dans la rue pour protester contre quelque chose. En ce moment, il y a des manifestations régulièrement contre la réforme des retraites. (Je vous en reparle aussi bientôt !)
  4. pour y faire face : pour trouver comment se débrouiller malgré les grèves.
  5. une recouche : terme utilisé dans l’hôtellerie qui désigne le nettoyage et la remise en ordre d’une chambre d’hôtel qu’un client garde plusieurs jours. Il faut refaire le lit, nettoyer la salle de bains, changer les serviettes, etc.
  6. un boulot : un travail, un emploi (Ce terme est plus familier que les deux autres)
  7. genre : ce terme a tendance à être très utilisé familièrement. (Je vous en reparle aussi dans un prochain article !)
  8. jouer avec le feu : prendre des risques qui pourraient avoir des conséquences importantes. Dans le film, Julie risque sans arrêt de perdre son emploi dans cet hôtel.
  9. ça n’arrange rien : ça aggrave la situation au contraire.
  10. trouver une autre solution : trouver un autre moyen. (Julie a des problèmes de garde de ses enfants pendant qu’elle travaille. Il va falloir qu’elle trouve une autre nounou que sa voisine.)
  11. un mouvement social : un mouvement de grève, une grève
  12. se déplacer : aller quelque part, notamment à un entretien, un rendez-vous, etc.

* Des explications à propos de ma présentation :

  • bâclé : mal fait, fait à la va-vite
  • fantaisiste : plein de fantaisie
  • la grande banlieue : la banlieue éloignée de Paris, par opposition à la banlieue elle-même.
  • le RER : Réseau Express Régional, c’est-à-dire les trains qui relient Paris, la banlieue et la grande banlieue. Ce terme désigne à la fois le réseau lui-même mais aussi les trains qu’on prend. On dit par exemple :
    J’ai raté mon RER. / J’ai un RER dans 10 minutes.
  • imbuvable : on emploie ce terme à propos de quelqu’un qui est très désagréable et insupportable.
  • ne tenir qu’à un fil : être très fragile et donc toujours menacé
  • un banlieusard : quelqu’un qui habite la banlieue
  • coûte que coûte : à tout prix, malgré tous les obstacles
  • donner le ton : annoncer l’atmosphère de ce qui va suivre

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La musique du film est essentielle, c’est vraiment un élément du récit à part entière.

Voici une interview de la compositrice, Irène Drésel, que vous pouvez lire ou / et écouter, sur Cinezik.fr.
(Parfait pour travailler son français oral, avec l’aide de l’article !)
C’est toujours passionnant d’écouter les gens expliquer comment ils créent, quel est le sens de leur travail.

En voici un tout petit extrait qui résume bien comment cette BO a été imaginée :

Cette musique, elle est imaginée comme… C’est le flux sanguin de… Julie, elle s’appelle dans le film. C’est son flux sanguin, c’est son mental, c’est son moi intérieur, c’est son rythme à elle, en fait. C’est le rythme qu’elle a dans le sang, dans le cœur, jour après jour. C’est pas… c’est pas un air qu’elle fredonne, c’est pas une musique qu’elle a en tête du tout. C’est ce qu’elle ressent. C’est le flux sanguin, le nombre de… le nombre de battements par minute, et aussi le stress qu’elle ressent au quotidien où elle se pose jamais en fait, jamais, jamais, jamais, si ce n’est dans les transports en commun le soir quand enfin, elle est assise et qu’elle regarde le paysage défiler par la fenêtre du train. Cette musique, c’est une musique intérieure, c’est pas une musique de film presque, c’est une musique de personnage .

Dans ce film, on découvre aussi les coulisses des grands hôtels, du point de vue des gens qui y travaillent. Cela m’a fait penser à mon ancienne étudiante, Meriem, dont vous aviez peut-être écouté les interviews sur mon autre site, France Bienvenue. Je vous remets le lien. (Et j’en profite pour vous dire que je vais recommencer à poster des interviews sur France Bienvenue, mais sans mes étudiants puisque je suis à la retraite !)

Je vous dis à très bientôt. ( Ces premières semaines de 2023 ont été bien occupées par notre déménagement de Marseille ! Je vous en reparle aussi bientôt.)

Les richesses du web (6) : l’INA

L’Institut National de l’Audiovisuel nous offre l’accès aux archives de l’audiovisuel public et c’est une immense richesse. Chaque jour, on découvre des extraits d’émissions, de reportages, de documentaires passés qui font écho à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui. La plupart du temps, ces passages sont sous-titrés, ce qui est bien pratique quand on apprend le français. Ce qui est intéressant aussi, c’est d’entendre et se rappeler comment on parlait avant – il n’y a pas si longtemps de ça ! Nos façons de parler évoluent en fait très vite, imperceptiblement et on se retrouve quelques années plus tard à considérer comme presque bizarres et en tout cas très datés les termes utilisés, le phrasé, le timbre des voix.

Les sujets sont très variés. On redécouvre aussi des publicités qui ont fait date. Nostalgie… et étude sociologique !

J’ai choisi de vous emmener faire un petit tour en compagnie de Lucienne. C’était en 1972, elle n’était pas toute jeune. Mais ce dont elle parle est d’une surprenante fraÎcheur, avec cette diction et cette façon de rouler les R qu’ont encore aujourd’hui certaines personnes âgées dans nos campagnes.

Des explications

  1. le saindoux : de la graisse de porc
  2. avoir quelque chose sous la main : avoir quelque chose (ou parfois quelqu’un) qui est nous accessible immédiatement.
    – Je n’ai pas mon téléphone sous la main. Tu pourrais les appeler, toi ?
    – Pendant que je t’ai sous la main, tu veux bien m’aider à porter cette table ?
    Elle est un peu trop lourde pour moi. (familier)
  3. la Sologne : région du centre de la France, entre la Loire et le Cher, très connue pour ses belles forêts et ses étangs
  4. Oh non, pensez-vous ! : Oh non, bien sûr !
    Cette expression sert à nier ce que quelqu’un vient de dire. On peut l’utiliser aussi en tutoyant quelqu’un. Par exemple :
    Il va venir te voir bientôt ?
    – Penses-tu !
    On se voit juste une fois par an. ( = Bien sûr que non.)
  5. soigner les bêtes : s’occuper des animaux
  6. rapporter quelque chose : rapporter de l’argent. Quand on dit d’une activité qu’elle ne rapporte pas grand-chose, cela signifie qu’elle ne permet pas de gagner beaucoup d’argent.
  7. j’en ai des légions : j’en ai énormément.
    On peut employer ce nom dans des phrases comme celles-ci, souvent avec le verbe être. (Mais dans ce cas, légion reste au singulier) :
    Les gens vraiment motivés pour faire ce travail ne sont pas légion, je te le dis !
    Les fautes d’orthographe sont légion sur les réseaux sociaux.
  8. au petit jour : très tôt le matin, quand le jour se lève à peine
  9. une volière : une grande cage à oiseaux
  10. si je puis dire : formule polie, dans un style plutôt soutenu, pour adoucir et nuancer ce qu’on vient de dire. Cette forme du verbe pouvoir s’emploie à la première personne du singulier. On la trouve aussi dans certaines questions : Puis-je vous demander un petit service ? C’est plus soutenu que : Est-ce que je peux vous demander un petit service ?
  11. Oh et comment ! : Bien sûr ! / Evidemment !
    Cette expression indique qu’on est vraiment d’accord avec ce qui vient d’être dit. Par exemple :
    – Tu comptes prendre des vacances bientôt ?
    – Et comment !

    Dans le sud-ouest de la France, on entend, avec la même signification : Pardi !
  12. j’ai pas l’air : on ne dirait pas.
    « J’étais plutôt une révoltée. J’ai pas l’air, hein ! » = ça ne se voit pas immédiatement. On ajoute souvent « comme ça » juste après cette expression.
    Par exemple : J’ai pas l’air, comme ça, mais je suis quelqu’un de très têtu. On peut l’employer pour parler des autres : Il a pas l’air, comme ça, mais dans le fond, c’est un grand émotif !
    Il faut faire attention à la façon dont on place la voix et faire une très légère pause juste avant « comme ça » car cela signifie autre chose :
    – Tu crois qu’il va être fâché si je ne viens pas ?
    – Mais non, il n’est pas comme ça.
    Ne t’inquiète pas, il comprendra.
  13. je répondais : répondre, c’est répliquer en s’opposant. Par exemple, un enfant qui répond à ses parents est un enfant qui n’accepte pas de leur obéir sans rien dire.
  14. on peut déborder un peu : s’écarter des chemins autorisés
  15. sans tambour ni trompettes : sans se faire remarquer, discrètement, sans attirer l’attention
  16. j’ai pas mal trimbalé : normalement, on dit : se trimbaler = se déplacer, voyager (familier, et un peu vieilli)
  17. les pays où qu’il y a pas de bois : rajouter « que » après est bien sûr incorrect.
  18. je n’y resterai pas : dans les sous-titres, ils utilisent le conditionnel présent (resterais), alors qu’il faut le futur (resterai) à cause de ce qui précède : « J’espère qu’au paradis, il y aura des bois, parce que sans ça (= s’il n’y en a pas / s’il n’y a pas de bois), j’y resterai pas. »
    On met le conditionnel dans des phrases comme celles-ci : S’il n’y avait pas de bois au paradis, je n’y resterais pas.
    Pour faire la différence, cela peut aider de conjuguer à la 3è personne du singulier :
    S’il n’y a pas de bois au paradis, Lucienne n’y restera pas. (futur)
    S’il n’y avait pas de bois au paradis, Lucienne n’y resterait pas.
    (conditionnel présent)

J’ai enregistré certains des exemples ci-dessus, notamment quand l’intonation est importante :

Le site de l’INA est ici. (On prononce ce sigle comme un mot, pas lettre par lettre).
Personnellement, je suis abonnée à leur compte Instagram, ce qui est très pratique. Mais c’est juste une porte d’entrée pour le site complet qui vaut vraiment le détour !

Beauté nécessaire

La beauté. Quand les hommes travaillent ensemble, pour construire ce qui nous fait vibrer, admirer, vivre.
Cela faisait longtemps que je n’avais rien publié ici : j’avais pourtant plusieurs sujets en projet. Mais cette nouvelle guerre, une de plus, pour les intérêts de quelques puissants qui envoient comme toujours les autres tuer et se faire tuer, avait rendu dérisoires toutes ces choses que j’aime d’habitude partager avec vous.

La beauté. Quand les hommes dansent. Quand ils dansent ensemble.
Ce que j’aime dans ce qui suit, c’est la fluidité de ces deux corps qui savent se rejoindre et s’épouser. Ce sont ces mouvements impeccables de tout un groupe où chacun ne fait plus qu’un avec les autres. Ce sont ces moments où vient un enchaînement auquel on ne s’attendait pas, petits moments de grâce, imaginés par un chorégraphe, avec ses danseurs. Voici quelques exemples de ce qui me touche dans le travail de Juliano Nunes, avec des compagnies et des danseurs du monde entier. Hommes ensemble, hommes et femmes ensemble, dans leurs justaucorps et tutus semblables.

Au ciné, avec les enfants des autres

Me revoici par ici, après un long silence !
Avec, comme souvent, la bande annonce d’un film qui vient de sortir (et que je n’ai pas encore vu, comme d’habitude). Un sujet qui peut parler à certains, Virginie Efira toujours aussi juste dans ses rôles. Et un français qui va vite, très naturellement, parfait pour vous qui avez envie de tout comprendre de notre langue.

C’est l’occasion aussi pour moi de vous raconter qu’hier, après m’être occupée toute ma vie des enfants des autres, mais en tant que prof, depuis l’âge de 23 ans, j’ai eu mes derniers étudiants et donné mon dernier cours ! Et aujourd’hui, c’est mon premier jour d’une retraite bien méritée, comme on dit !

Alors, cela va sans doute me laisser plus de temps pour m’occuper du français des autres, sur ce blog ! Il faut aussi que je réfléchisse à ce que je vais faire de mon autre site, France Bienvenue, sans mes équipes d’étudiants qui se sont succédé au fil des années universitaires. Affaire à suivre, en espérant que vous êtes toujours partants !

Pour regarder la bande annonce, c’est ici.
Et au cas où vous n’y auriez pas accès de là où vous vivez, voici juste le son. Moins bien évidemment. Mais c’est mieux que rien :

Transcription
– Bon, allez, vous pouvez tous sortir, dans le calme (1), s’il vous plait (2).
– Et toi, Rachel, pour les stages (3), tu as rendu le tableau ?
– Ah non, j’ai pas rendu le tableau. Mais j’ai quelqu’un.
– Une description ?
– Grand, 1 mètre 95.
– Je suis amoureux de toi.
– Et une petite fille de quatre ans.
– Et il est parti ?
– C’est elle qui l’a quitté.
– Je pose une question.
– Papa, tu vieillis mal (4), hein !
– Je veux la rencontrer. Je veux rencontrer Leïla.
– ça a rien d’évident (5), tu sais. Les enfants des autres, parfois…
– Bonjour.
– Leïla.
– Tu as quel âge, Leïla ?
– Quatre ans et demi (6).
– Ouah !
– Je peux te faire un petit bisou (7) ?
– ça va , mon coeur (8) ?
– Oui !
– Bonjour Alice. Moi, je suis Rachel.
– Maman !
– Bonjour Rachel. Bah alors, oui, les bisous, les bonjours à Rachel ?
– Pourquoi Rachel, elle est tout le temps là ? Moi, je veux qu’elle s’en aille.
(Chanson de Françoise Hardy : Mais si tu crois un jour que tu m’aimes…)
– Elle a cinq ans ! Je vais pas t’apprendre qu’à cet âge-là, ça veut strictement rien dire.
– On dirait que tu fais semblant de pas comprendre que je m’attache à elle (9).
– A la fin de la journée (10), c’est vous son père et sa mère, pour toujours. Je resterai (11) une figurante (12).
– Tu exagères.
– Je me sens piégée.
– Moi aussi, je suis piégé.
– Tu veux encore des enfants ? Pas de problème, c’est quand tu veux, toi. Tu es piégé de quoi, toi ? Pour moi, c’est trop tard.
– Si vous voulez un enfant, c’est maintenant.
– Oui, on verra. La vie est courte et longue.
– Oui, la vie est longue.

Des explications

  1. dans le calme : sans agitation, sans faire trop de bruit. C’est l’expression consacrée dans les écoles, les collèges et les lycées. On n’utilise pas « calmement » aussi naturellement. Par exemple : travailler dans le calme – sortir / entrer dans le calme – s’installer dans le calme
  2. s’il vous plait : on peut adopter cette orthographe ou l’orthographe d’origine, avec un accent circonflexe : s’il vous plaît.
  3. un stage : une période d’immersion dans une entreprise, sans être salarié de cette entreprise. Dans l’enseignement secondaire, les élèves en France doivent faire un petit stage pour découvrir le monde professionnel.
  4. Tu vieillis mal : tu deviens intolérant, désagréable en vieillissant.
  5. ça a rien d’évident : c’est compliqué
  6. quatre ans et demi : on n’accorde pas demi car il est avec un nom masculin (un an). Il s’accorde quand il est après le nom et si ce nom est féminin : une heure et demie. (Mais on écrit une demi-heure et midi et demi). Beaucoup de Français se trompent car il faut reconnaître que c’est un peu subtil… et que ça ne sert pas à grand chose!
  7. un bisou : c’est le terme employé par les enfants pour parler d’une bise. Mais beaucoup d’adultes l’utilisent, et pas forcément avec des enfants. On peut terminer une lettre, un mail par : Bisous / Gros bisous, si on est ami ou proche de cette personne. C’est plus intime que Bises.
  8. mon coeur : c’est une façon affectueuse de s’adresser à quelqu’un qu’on aime. Rachel aurait pu dire aussi : Ma puce.
  9. s’attacher à quelqu’un : se sentir de plus en plus proche de quelqu’un et avoir des liens avec cette personne
  10. à la fin de la journée : normalement, en français, cela signifie vraiment quand la journée se termine. Mais ici, c’est bizarre. Donc je me suis demandé si ce n’était pas un anglicisme (at the end of the day), à la place des expressions naturelles en français : en fin de compte / au bout du compte / de toute façon
  11. je resterai : je ne sais pas si c’est au futur (je resterai) ou au conditionnel présent (Je resterais) car la prononciation est souvent la même, même si on vous apprend qu’il y a une différence. Si c’est un conditionnel, cela indique un peu plus fortement qu’elle ne peut pas se satisfaire de la situation. Les deux marchent en tout cas.
  12. une figurante (au masculin : un figurant) : on utilise ce terme à propos de tous ceux qu’on voit dans un film mais dans un rôle très secondaire, sans rien à dire en général. On emploie aussi l’expression : faire de la figuration. Au sens figuré, cela signifie qu’on n’a pas un vrai rôle, une vraie place dans une situation donnée.

A bientôt






Les richesses du web (5) : neo tv

Il y a un mois, j’avais en préparation plusieurs articles pour ce site. Puis très brutalement, l’actualité a bouleversé, encore une fois, la marche du monde, rendant futiles toutes ces petites choses qui font nos vies ordinaires. Cette fois, c’est une guerre, une de plus, une guerre qui a réveillé les souvenirs des guerres mondiales passées et a jeté, comme toujours, les civils dans la terreur et le malheur, pendant que des dirigeants, bien en sécurité, eux, font mourir les jeunes soldats, simple chair à canon, encore et toujours. Encore une fois, on voit se déployer l’arsenal de toutes ces armes conçues pour tuer et détruire – et d’ailleurs, la France peut s’enorgueillir d’être à la pointe de leur développement et de leur fabrication ! Triste gloire. Mais dans quel monde vivons-nous toujours, au XXIè siècle !

Je reviens vers vous pour continuer à partager ces sites qui peuvent vous aider dans votre pratique de notre langue. Cette fois-ci, il s’agit de Néo TV, auquel on peut accéder facilement, directement ou grâce à leur compte Instagram par exemple – sauf dans certains pays bien sûr… Toutes sortes de très courts reportages, bien sous-titrés. Je suis sûre que vous y trouverez votre bonheur car c’est c’est un regard plein de variété sur les Français.

Mais j’avais choisi, il y a environ deux semaines, ce reportage sur un jeune Français qui a des attaches familiales avec l’Ukraine, mais aussi avec la Russie depuis ses études. Beau portrait, qui témoigne de l’imbrication des peuples, des nationalités. Une petite dose d’espérance. Et comme toujours, de jolies expressions, avec mes quelques explications si cela vous aide.

Des explications :

  1. aux aurores : très tôt le matin. L’aurore, c’est le moment où le soleil se lève. On utilise souvent cette expression avec les verbes partir, se lever par exemple.
  2. des produits de première nécessité : c’est l’expression consacrée pour désigner les produits estimés indispensables pour manger, se laver, s’habiller, mais aussi pour faire marcher son ordinateur, etc. On a beaucoup utilisé ce terme pendant les différents confinement dûs au Covid, pour définir les commerces qui pouvaient rester ouverts, par rapport aux commerces dits « non-essentiels », dont les produits n’étaient pas considérés comme de première nécessité.
  3. des plaques internationales : il s’agit des plaques d’immatriculation des voitures et des camions. En les voyant, on sait de quel pays est un véhicule.
  4. ça met un peu de baume au coeur / ça met du baume au coeur : cela réconforte, cela remonte le moral
  5. une petite dizaine de km : environ 10 km, mais pas beaucoup plus en tout cas. On peut utiliser cette expression avec le mot centaine et le mot millier par exemple : une petite centaine de personnes, un petit millier de réfugiés.
  6. l’enlisement de l’armée russe : ce terme indique qu’il n’y a pas de progression décisive et que le conflit s’installe pour durer.
  7. ça me désole : ça me rend très triste
  8. des voitures de convoi : des voitures qui avancent ensemble, en formant donc un convoi
  9. des protections hygiéniques : on dit aussi des serviettes hygiéniques, que les femmes utilisent pendant leurs règles chaque mois.
  10. ça nous a fait un petit déclic : cela nous a tout d’un coup décidés à agir. (Ils ont pris conscience de ce qui se passait.) On dit souvent par exemple : Il a eu le déclic / un déclic et s’est enfin mis à travailler en classe.
  11. anxiogène : qui cause beaucoup d’angoisse
  12. faire un échange : dans le contexte scolaire, cela signifie que des élèves français sont partis passer quelque temps dans un pays étranger, puis les jeunes étrangers sont venus en France. (ou l’inverse)
  13. des amis de longue date : des amis qui se connaissent depuis longtemps
  14. une famille d’accueil : une famille qui a décidé d’accueillir, d’héberger des enfants ou des ados. On utilise ce terme dans le cadre des échanges scolaires et aussi pour désigner les familles qui sont habilitées à s’occuper d’enfants dont les parents ont perdu la garde. Et bien sûr en temps de guerre, hélas.
  15. tant que la guerre durera : aussi longtemps que la guerre durera

Pour terminer, voici aussi le lien d’un podcast de Radio France : Guerre en Ukraine.
Des journalistes de Radio France, envoyés spéciaux pour couvrir cette guerre, publient tous les jours un podcast d’une dizaine de minutes. Du beau travail de journalisme.

Les richesses du web (4) : France TV arts

Je continue à partager avec vous ces lieux sur internet que j’aime beaucoup et si riches à tous points de vue, comme je l’ai expliqué il y a quelque temps dans un billet précédent.

« L’art de vous ouvrir à la culture » : c’est ainsi que France TV Arts décrit sa raison d’être et nous propose des documentaires sur des sujets variés sur la plateforme France TV. Mais il suffit d’aller sur leur compte Instagram pour regarder de courtes vidéos. Et comme les autres sites dont je vous ai déjà parlé, tout ce que disent les personnes interrogées est sous-titré. Et cela alterne avec du texte. C’est vraiment très riche.

J’ai regardé cette courte vidéo sur la sculpture de Degas, La Petite Danseuse de quatorze ans, que j’avais vue au Musée d’Orsay. Et ça a été une vraie découverte sur la façon dont ce qui est considéré aujourd’hui comme un chef d’oeuvre a été reçu à l’époque. Le conservateur des sculptures du Musée d’Orsay, en quelques minutes, rend passionnante cette histoire. Histoire esquissée de la danse et d’un milieu social. Histoire de théories sociales qui avaient cours au 19è siècle. Histoire aussi de la place des femmes. Et détails techniques et artistiques sur la création de cette oeuvre.

L’autre devise de FranceTV Arts, c’est « l’art sous toutes ses formes« . Et c’est exactement ça : cinéma, littérature, peinture, photographie, musique, etc. Une grande diversité de sujets à explorer, d’hier et d’aujourd’hui, qui donnent toujours envie d’en savoir plus. Un régal.

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Un peu de vocabulaire :

  1. effaroucher quelqu’un : faire peur à quelqu’un. Les gens de l’époque ont été effarouchés, c’est-à-dire qu’ils ont été choqués.
  2. les coulisses de la danse classique : le contexte général, ce qu’on ne voit pas au premier abord et qui peut nous permettre de mieux comprendre. C’est un terme qui vient du théâtre, pour désigner le lieu derrière la scène.
  3. être à la merci de quelqu’un : ne pas avoir de liberté de choix face à cette personne et donc dépendre d’elle.
  4. les faveurs sexuelles : cela signifie en fait que la personne se prostitue
  5. Ils n’ont pas manqué de… = ils l’ont fait. C’était certain qu’ils allaient le faire.
  6. avoir recours à quelque chose : utiliser quelque chose

Des expressions avec le verbe faire :
faire l’unanimité : être approuvé par tout le monde. Donc ne pas faire l’unanimité signifie que certains critiquent quelque chose : une oeuvre d’art, un film mais aussi par exemple une décision, un choix. On dit par exemple : C’est une décision / une mesure qui ne fait pas l’unanimité.
faire scandale : susciter un scandale, choquer

La curiosité éveillée par cette vidéo m’a rappelé qu’il y a quelques années, était paru un livre de Camille Laurens, La Petite danseuse de quatorze ans. Je pense que je vais le trouver dans une des bibliothèques où je suis inscrite, à Marseille ou dans l’Aveyron.

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