Je partage avec vous une nouvelle richesse du web : un podcast quotidien qui va nous faire traverser la France à pied, du nord-est au sud-ouest, en suivant un itinéraire baptisé la Diagonale du vide.
Voici le lien pour suivre ce périple et aussi écouter tous les épisodes antérieurs si le coeur vous en dit. (Vous pouvez bien sûr écouter avec n’importe quel lecteur de podcasts, sur votre téléphone.)
Je vous explique de quoi il s’agit ici :
Transcription :
Alors, est-ce que vous aimez marcher ? Vous savez sans doute que de mon côté, oui, moi, j’aime marcher, parce que, en fait, je trouve il y a un petit côté magique de se dire que de toute façon, sur ses deux jambes, on peut toujours aller quelque part et qu’on a cette espèce de liberté, alors que nos voitures peuvent être en panne d’essence ou les trains, les transports peuvent être à l’arrêt, et je trouve que savoir qu’on peut se déplacer à pied, c’est très libérateur.
Je me souviens d’une fois à Marseille où il avait commencé à neiger dans la matinée, et comme il ne neige que très rarement à Marseille, c’était vraiment la panique chez mes éudiants, parce qu’ils pensaient qu’en fait, ils n’allaient pas pouvoir rentrer chez eux et ils étaient obsédés par l’idée que les bus, les métros allaient être arrêtés et que donc ça allait être très compliqué pour rentrer chez eux.
Alors je comprends pour ceux qui habitent loin, mais beaucoup habitent en fait assez près, ou en tout cas dans Marseille, et je leur ai dit : « Mais vous pourrez toujours rentrer chez vous à pied, ne vous inquiétez pas, ne paniquez pas. » Et alors là, ils m’avaient regardée comme une extra-terrestre. Bien sûr, c’était plus long, ce n’était pas facile, c’était… surtout si on est mal chaussé (1), mais c’était tout à fait faisable, parce que chez nous, c’est pas des quantités énormes de neige qui tombent. De toute façon, on n’est pas à la montagne à Marseille ! Et donc j’avais été surprise par leur réaction et le fait qu’ils n’envisagent pas le fait de se déplacer à pied comme un moyen vraiment très pratique. Et eux m’avaient regardée vraiment aussi… Ils avaient été très, très surpris.
Il y a quelques semaines, j’ai vu A plein temps, un film que j’ai vraiment beaucoup aimé.
La bande annonce est trop succincte – un peu bâclée* à mon avis ! – pour être réellement représentative de tout ce qui traverse ce film. C’est dommage. Néanmoins, elle donne une petite idée de l’atmosphère qui enveloppe toute cette histoire, magnifiquement incarnée par Laure Calamy.
Je connaissais cette actrice dans des rôles plutôt drôles ou fantaisistes* – par exemple dans la série Dix pour cent ou le film Antoinette dans les Cévennes. On est loin de tout cela dans ce film puisqu’elle est Julie, une jeune mère de famille séparée du père de ses deux enfants, qui doit gérer seule une vie quotidienne compliquée.
En effet, elle habite en grande banlieue* mais travaille à Paris comme femme de chambre en chef dans un hôtel de grand luxe. Alors, c’est la course tous les jours, pour jongler entre ses enfants, qu’elle ne néglige jamais, et les exigences de son travail si éloigné, éloigné physiquement, mais éloigné aussi de ses aspirations et de ses compétences. Elle court, elle court presque tout le temps, après le temps, après les RER* et les bus, après le père de ses enfants, injoignable quand il s’agit de payer la pension alimentaire. Elle passe ses journées à courir avec son équipe de femmes de chambre, au service de clients qu’on devine imbuvables*, sous la surveillance de sa chef, stressée elle aussi et donc stressante. Et si en plus, se déclenche une grève dans de nombreux secteurs – on est en France ! – notamment dans les transports en commun, alors brutalement, l’équilibre qu’elle a construit ne tient plus qu’à un fil*. Et c’est cette période de transition dans sa vie qu’on suit pendant plusieurs jours.
La grande originalité de cette histoire – somme toute banale -, c’est la façon dont elle est racontée, portée par le rythme de la musique d’ Irène Drésel. On a le coeur qui bat sans cesse à suivre Julie dans ses trajets, parce qu’elle court pour être à l’heure, matin et soir mais aussi parce que la pulsation de la musique nous fait littéralement vivre cette cadence infernale toute la journée, répétitive, épuisante. On en est comme essoufflé, et grâce à cette musique, on vit de très près ce que vit Julie.
Cette histoire représente bien ce que vivent de nombreux banlieusards* tous les jours. Paris, ce n’est pas que du romantisme de carte postale ! Paris, ce sont aussi ces quartiers qu’on aperçoit sans les voir des fenêtres des trains de banlieue à l’approche des grandes gares parisiennes – Gare de Lyon, Gare Saint Lazare, Gare du Nord. Ce sont les embouteillages, la cohue des transports, les visages fermés, chacun dans sa bulle au milieu de cette agitation de fourmis. Et Julie poursuit sa trajectoire, coûte que coûte*, malgré les embûches. Je vous laisse regarder la bande annonce, dont le premier son, ô combien familier, donne le ton* !
Transcription de la bande annonce :
– Maman ? – Oui ? – Tu connais le Jardin d’Acclimatation (1) ? – Oui. – On pourra y aller un jour ? – Ecoute, on verra. – La circulation vers Paris est interrompue. Nous vous invitons à utiliser un itinéraire de substitution (2). – Vous allez manifester (3) aujourd’hui ? – Bah j’aimerais bien. Mais là, j’avoue que je m’intéresse plus aux grèves pour y faire face (4) que pour y participer. Je dois aller tous les jours à Paris. – C’est dur, ça. – On a cinq arrivées, cinq départs, huit recouches (5) et monsieur Yoshida qui prend la Churchill en fin de journée. – J’ai un entretien. – Pour un boulot (6) ? – Oui. – Genre (7)… un bon boulot ? – Un super bon boulot. – Tu joues avec le feu (8), Julie ! Avec les retards en plus, ça arrange rien (9). – Il faudrait trouver une autre solution (10) pour les soirées, çaa commence à devenir difficile. – Je vais te laisser mon badge et tu vas le valider en même temps que le tien. – Mais ça, je suis pas… Je suis pas sûre. (En raison d’un mouvement social…) (11) – Il y a un train qui va partir, là. – Quelle voie ? – Voie 14. – Jeanne Delacroix. – Julie Roy. – Enchantée. Merci de vous être déplacée (12) malgré les grèves. Ça ne vous inquiète pas de reprendre le travail après une aussi longue pause ? – Ah non.
Des explications :
le Jardin d’Acclimatation : c’est un parc de loisirs à Paris, dans le Bois de Boulogne, créé sous Napoléon III dans les années 1860. (Je vous en reparlerai bientôt.)
un itinéraire de substitution : c’est une façon de dire que les moyens de transport habituels ne fonctionnent plus et qu’il va falloir prendre des bus, des cars à la place. C’est la formule consacrée en temps de grève des transports.
manifester : défiler dans la rue pour protester contre quelque chose. En ce moment, il y a des manifestations régulièrement contre la réforme des retraites. (Je vous en reparle aussi bientôt !)
pour y faire face : pour trouver comment se débrouiller malgré les grèves.
une recouche : terme utilisé dans l’hôtellerie qui désigne le nettoyage et la remise en ordre d’une chambre d’hôtel qu’un client garde plusieurs jours. Il faut refaire le lit, nettoyer la salle de bains, changer les serviettes, etc.
un boulot : un travail, un emploi (Ce terme est plus familier que les deux autres)
genre : ce terme a tendance à être très utilisé familièrement. (Je vous en reparle aussi dans un prochain article !)
jouer avec le feu : prendre des risques qui pourraient avoir des conséquences importantes. Dans le film, Julie risque sans arrêt de perdre son emploi dans cet hôtel.
ça n’arrange rien : ça aggrave la situation au contraire.
trouver une autre solution : trouver un autre moyen. (Julie a des problèmes de garde de ses enfants pendant qu’elle travaille. Il va falloir qu’elle trouve une autre nounou que sa voisine.)
un mouvement social : un mouvement de grève, une grève
se déplacer : aller quelque part, notamment à un entretien, un rendez-vous, etc.
* Des explications à propos de ma présentation :
bâclé : mal fait, fait à la va-vite
fantaisiste : plein de fantaisie
la grande banlieue : la banlieue éloignée de Paris, par opposition à la banlieue elle-même.
le RER : Réseau Express Régional, c’est-à-dire les trains qui relient Paris, la banlieue et la grande banlieue. Ce terme désigne à la fois le réseau lui-même mais aussi les trains qu’on prend. On dit par exemple : J’ai raté mon RER. / J’ai un RER dans 10 minutes.
imbuvable : on emploie ce terme à propos de quelqu’un qui est très désagréable et insupportable.
ne tenir qu’à un fil : être très fragile et donc toujours menacé
un banlieusard : quelqu’un qui habite la banlieue
coûte que coûte : à tout prix, malgré tous les obstacles
donner le ton : annoncer l’atmosphère de ce qui va suivre
.
La musique du film est essentielle, c’est vraiment un élément du récit à part entière.
Voici une interview de la compositrice, Irène Drésel, que vous pouvez lire ou / et écouter, sur Cinezik.fr. (Parfait pour travailler son français oral, avec l’aide de l’article !) C’est toujours passionnant d’écouter les gens expliquer comment ils créent, quel est le sens de leur travail.
En voici un tout petit extrait qui résume bien comment cette BO a été imaginée :
Cette musique, elle est imaginée comme… C’est le flux sanguin de… Julie, elle s’appelle dans le film. C’est son flux sanguin, c’est son mental, c’est son moi intérieur, c’est son rythme à elle, en fait. C’est le rythme qu’elle a dans le sang, dans le cœur, jour après jour. C’est pas… c’est pas un air qu’elle fredonne, c’est pas une musique qu’elle a en tête du tout. C’est ce qu’elle ressent. C’est le flux sanguin, le nombre de… le nombre de battements par minute, et aussi le stress qu’elle ressent au quotidien où elle se pose jamais en fait, jamais, jamais, jamais, si ce n’est dans les transports en commun le soir quand enfin, elle est assise et qu’elle regarde le paysage défiler par la fenêtre du train. Cette musique, c’est une musique intérieure, c’est pas une musique de film presque, c’est une musique de personnage .
Dans ce film, on découvre aussi les coulisses des grands hôtels, du point de vue des gens qui y travaillent. Cela m’a fait penser à mon ancienne étudiante, Meriem, dont vous aviez peut-être écouté les interviews sur mon autre site, France Bienvenue. Je vous remets le lien. (Et j’en profite pour vous dire que je vais recommencer à poster des interviews sur France Bienvenue, mais sans mes étudiants puisque je suis à la retraite !)
Je vous dis à très bientôt. ( Ces premières semaines de 2023 ont été bien occupées par notre déménagement de Marseille ! Je vous en reparle aussi bientôt.)
En cette période de vie chère, certaines expressions toutes faites reviennent sans cesse dans la presse, à la radio, à la télévision :
Les prix s’envolent, les prix flambent : au supermarché, à la pompe (1), pour se chauffer, s’éclairer, etc. Cela veut dire que pour une majorité de Français, il faut se serrer la ceinture (2). (Pas comme 19 de nos ministres qui, après publication de leur patrimoine, sont classés dans la catégorie des millionnaires…)
Alors, il n’y a pas de petites économies (3). C’est ce que les enseignes de la grande distribution (4) mettent en avant dans des publicités comme celle-ci, pour de l’emmental qui « ne risque pas de faire de trou dans votre budget » : avec ce produit, pas de danger, pas de risque de mettre en danger votre budget.
Et bien sûr, il y a un jeu de mots bien trouvé :
– on part de l’idée qu’une grosse dépense va faire un trou dans notre budget. Je pense qu’on utilise la même image dans d’autres langues que le français. On la retrouve aussi dans une expression que vous avez sans doute déjà entendue à propos de l’économie de la France : on parle du trou de la Sécu, c’est-à-dire du déficit de la Sécurité Sociale qui justifierait des hausses d’impôts et le déremboursement (5) de toutes sortes de médicaments et de soins de santé, parce qu’il faudrait combler le trou de la Sécu.
– Mais ensuite, l’image nous ramène au monde du fromage car l’emmental est un fromage… à trous ! L’emmental est très consommé en France, sous forme de râpé, il est vrai, sur les pâtes, dans les gratins. Mais même râpé, tout le monde sait que ses grandes tranches se caractérisent par leurs trous bien reconnaissables. Et voilà comment naît un slogan efficace qui parle à tout le monde !
Pour finir, la question essentielle, c’est de savoir pourquoi il y a des trous dans certains fromages comme l’emmental ! Voici ce que j’ai découvert, après des années d’ignorance ! Je ne m’étais jamais posé la question. C’est Jamy qui nous explique tout ça :
Quelques explications :
à la pompe : dans les stations services, où on fait le plein d’essence. On parle donc des prix à la pompe pour parler du prix des carburants.
se serrer la ceinture : restreindre ses dépenses
Il n’y a pas de petites économies : cette expression signifie que toutes les économies qu’on peut faire ont leur importance, mêmes les petites.
les enseignes de la grande distribution : les grandes chaînes de supermarchés
le déremboursement : la fin du remboursement de certaines dépenses qui avant étaient prises en charge par la Sécurité Sociale. De plus en plus de médicaments ne nous sont plus remboursés. Donc nous en sommes de notre poche ! (= nous devons payer nous-mêmes)
Des nouvelles d’octobre et novembre, à écouter ou à lire :
Vous vous dites probablement que j’ai encore une fois annoncé mon retour sur ce site (il y a plus d’un mois ) avant de disparaître de nouveau ! Vous avez l’habitude maintenant. La raison, c’est que je déménage. Et donc ce n’est pas rien (1) de quitter une maison qu’on a habitée trente ans ! Bref, nous sommes dans les cartons (2), nous trions, éliminons, donnons, vidons. Et je dois dire que quand je me plonge dans une tâche de cette ampleur, je suis un peu « mono-maniaque », c’est-à-dire que j’ai du mal à faire autre chose. Mais comme nous commençons à y voir un peu plus clair (3), même s’il restera sûrement beaucoup à faire au dernier moment, je voulais vous donner quand même quelques nouvelles.
Dans les cartons
Donc notre maison marseillaise est en vente depuis quelques jours. Un autre aspect que je ne trouve pas très agréable, ce sont les visites qui se succèdent. J’ai maintenant hâte que cette maison soit vendue car en fait, je m’y sens de moins en moins chez moi !
Notre maison aveyronnaise s’agrandit et nous sommes en pleins travaux. Et comme il a bien plu ces derniers temps là-bas, il y a de la boue partout à cause des engins et autres bétonnières, et grue et autres. Mais ça avance bien.
Grue, bétonnière, grands travaux
Les allers-retours entre l’Aveyron et Marseille ont été un peu compliqués ces derniers temps car comme vous le savez peut-être, il y a eu des grèves très suivies dans les raffineries françaises et donc beaucoup de difficultés pour trouver de l’essence dans les stations services. Et bien sûr, tout cela avec une augmentation énorme des prix des carburants, sur fond de guerre en Ukraine, etc.
A part ça, nous avons vu deux films coup sur coup (4), alors que, vous le croirez ou pas, nous n’étions pas retournés au cinéma depuis début 2020 ! Il paraît que c’est une tendance de fond (5) : à cause du covid et des restrictions multiples liées à la crise sanitaire, les Français ont perdu le chemin (6) des salles obscures comme on dit. Pourtant, cela n’a rien à voir (7) d’aller au cinéma par rapport à un film qu’on regarde chez soi. C’était bien ! Un très beau film, mais profondément triste : Close, du Belge Lukas Dhont, dont j’avais déjà beaucoup aimé le film Girl. (Des films en français, malgré leurs titres). Et le deuxième film, c’est le dernier film de James Gray, en anglais donc, Armaggedon Time. Une vision de l’enfance et de l’adolescence aussi, mais beaucoup moins sombre dans le deuxième. Dans ces deux films en tout cas, de jeunes acteurs extraordinaires !
J’ai lu la dernière BD de Jean-Marc Rochette : La Dernière reine, qui vient de sortir et dont tout le monde dit que c’est son meilleur roman graphique. Je vous en parlerai bientôt plus en détail. Mais je crois que Le Loup, et surtout Ailefroide restent mes préférés.
Dans les changements qui pourraient se produire aussi sous peu, il y a l’adoption d’un chat ! Depuis une semaine, un très joli chat très sympathique est arrivé chez nous dans l’Aveyron. Pour être aussi sociable, c’est un chat qui avait une maison, pas un chat errant. Donc j’attends de voir si mes affiches posées dans les environs et mes messages laissés sur différents réseaux pour chats perdus vont aboutir ! La dernière étape avant de décider si nous l’adoptons, ce sera une visite chez le vétérinaire du coin afin de vérifier s’il est « pucé ». J’aimerais bien que le vétérinaire nous dise que oui, il a une puce sous la peau et qu’on retrouve son propriétaire ! En tout cas, tout cela a donné des échanges avec des gens qui ont tous des histoires de chats perdus (et retrouvés parfois) à raconter !
Adoptez-moi !
Pour finir, je reviens au titre de ce billet : il vaudrait mieux dire : « Je déménage », « Nous déménageons ». Ça déménage est une expression qu’on emploie essentiellement à propos d’un spectacle, d’un concert qui est tout sauf mou (8). Donc il y a des décibels, de l’action, de l’énergie. On peut l’employer aussi à propos d’un enfant par exemple qui est toujours en mouvement, qui saute partout, qui a de l’énergie à revendre (9). Et tout ça me permet de conclure en vous parlant de mon neveu, un petit gars de quatre ans et demi, parce que quand il est là, ça déménage ! Et c’est lui qui m’a passé ce rhume agaçant qui me donne cette voix d’aujourd’hui dans mon enregistrement ! Allez, je vous dis à bientôt avec d’autres sujets intéressants, j’espère, et une voix normale. A bientôt.
Quelques détails :
Ce n’est pas rien (de faire quelque chose) : cette expression signifie que c’est très important ou compliqué. On dit souvent aussi : Ce n’est pas une mince affaire.
être dans les cartons : être occupé à faire des cartons (pour déménager)
y voir plus clair : se sortir de quelque chose de compliqué
coup sur coup : cela signifie que des événements par exemple se produisent juste l’un après l’autre, sans laps de temps important entre les deux.
une tendance de fond : un changement qui a l’air de s’installer pour durer
perdre le chemin de… : ne plus retourner quelque part, cesser d’y aller
cela n’a rien à voir : c’est très différent
tout sauf mou : pas mou du tout.
avoir de l’énergie à revendre : cette expression signifie que quelqu’un a vraiment beaucoup d’énergie. On peut l’utiliser aussi avec le mot patience par exemple : il a de la patience à revendre.
Les publicités jouent souvent avec les mots. Avec celle-ci, le lavage des voitures perdrait presque son côté très terre à terre !
L’été qui vient de se terminer a été placé sous le signe de la sécheresse et du manque d’eau. Il était donc interdit de laver sa voiture… sauf pour certaines professions, qui continuaient à avoir accès aux stations de lavage. Chez Wash – un nom anglais, ça rend les choses plus « glamour » ! – comme chez ses concurrents, nos voitures sont nettoyées par des rouleaux qui vont et viennent sous nos yeux distraits. Oui, tout se fait sans se fatiguer, une fois notre paiement effectué. Les rouleaux se mettent en route, vont jusqu’au bout du rail et reviennent au point de départ. Et au bout du rouleau, la promesse d’une voiture pimpante et étincelante !
L’humour de cette publicité repose sur une expression qui n’a rien à voir avec le lavage des voitures. En effet, être au bout du rouleau, c’est être épuisé, moralement et physiquement, et complètement découragé. C’est ne plus avoir les ressources nécessaires pour faire face : – Il a trop de responsabilités. Il est au bout du rouleau. Il ferait mieux de se mettre en congé maladie et de se reposer. – Beaucoup d’infirmiers et d’infirmières ont démissionné dans les hôpitaux car ils étaient au bout du rouleau après deux ans de crise covid.
Beaucoup de parents, eux aussi, se sont plaints, ces deux dernières années, d’être au bout du rouleau pendant les confinements successifs, obligés de jongler entre télétravail et école à la maison. Cette expression est donc d’actualité. Mais il me semble qu’elle est souvent remplacée aujourd’hui par un emprunt à l’anglais : on entend beaucoup de gens dire qu’ils sont en burn-out. Et si on est jeune, on dit carrément : Je suis au bout de ma vie. (ce qui est plutôt paradoxal pour des ados qui ont la vie devant eux !)
Allez, j’espère que vous avez bien profité du weekend, pour ne surtout pas vous retrouver au bout du rouleau !
L’Institut National de l’Audiovisuel nous offre l’accès aux archives de l’audiovisuel public et c’est une immense richesse. Chaque jour, on découvre des extraits d’émissions, de reportages, de documentaires passés qui font écho à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui. La plupart du temps, ces passages sont sous-titrés, ce qui est bien pratique quand on apprend le français. Ce qui est intéressant aussi, c’est d’entendre et se rappeler comment on parlait avant – il n’y a pas si longtemps de ça ! Nos façons de parler évoluent en fait très vite, imperceptiblement et on se retrouve quelques années plus tard à considérer comme presque bizarres et en tout cas très datés les termes utilisés, le phrasé, le timbre des voix.
Les sujets sont très variés. On redécouvre aussi des publicités qui ont fait date. Nostalgie… et étude sociologique !
J’ai choisi de vous emmener faire un petit tour en compagnie de Lucienne. C’était en 1972, elle n’était pas toute jeune. Mais ce dont elle parle est d’une surprenante fraÎcheur, avec cette diction et cette façon de rouler les R qu’ont encore aujourd’hui certaines personnes âgées dans nos campagnes.
avoir quelque chose sous la main : avoir quelque chose (ou parfois quelqu’un) qui est nous accessible immédiatement. – Je n’ai pas mon téléphone sous la main. Tu pourrais les appeler, toi ? – Pendant que je t’ai sous la main, tu veux bien m’aider à porter cette table ?Elle est un peu trop lourde pour moi. (familier)
la Sologne : région du centre de la France, entre la Loire et le Cher, très connue pour ses belles forêts et ses étangs
Oh non, pensez-vous ! : Oh non, bien sûr ! Cette expression sert à nier ce que quelqu’un vient de dire. On peut l’utiliser aussi en tutoyant quelqu’un. Par exemple : – Il va venir te voir bientôt ? – Penses-tu !On se voit juste une fois par an. ( = Bien sûr que non.)
soigner les bêtes : s’occuper des animaux
rapporter quelque chose : rapporter de l’argent. Quand on dit d’une activité qu’elle ne rapporte pas grand-chose, cela signifie qu’elle ne permet pas de gagner beaucoup d’argent.
j’en ai des légions : j’en ai énormément. On peut employer ce nom dans des phrases comme celles-ci, souvent avec le verbe être. (Mais dans ce cas, légion reste au singulier) : Les gens vraiment motivés pour faire ce travail ne sont pas légion, je te le dis ! Les fautes d’orthographe sont légion sur les réseaux sociaux.
au petit jour : très tôt le matin, quand le jour se lève à peine
une volière : une grande cage à oiseaux
si je puis dire : formule polie, dans un style plutôt soutenu, pour adoucir et nuancer ce qu’on vient de dire. Cette forme du verbe pouvoir s’emploie à la première personne du singulier. On la trouve aussi dans certaines questions : Puis-je vous demander un petit service ? C’est plus soutenu que : Est-ce que je peux vous demander un petit service ?
Oh et comment ! : Bien sûr ! / Evidemment ! Cette expression indique qu’on est vraiment d’accord avec ce qui vient d’être dit. Par exemple : – Tu comptes prendre des vacances bientôt ? – Et comment ! Dans le sud-ouest de la France, on entend, avec la même signification : Pardi !
j’ai pas l’air : on ne dirait pas. « J’étais plutôt une révoltée. J’ai pas l’air, hein ! » = ça ne se voit pas immédiatement. On ajoute souvent « comme ça » juste après cette expression. Par exemple : J’ai pas l’air, comme ça, mais je suis quelqu’un de très têtu. On peut l’employer pour parler des autres : Il a pas l’air, comme ça, mais dans le fond, c’est un grand émotif ! Il faut faire attention à la façon dont on place la voix et faire une très légère pause juste avant « comme ça » car cela signifie autre chose : – Tu crois qu’il va être fâché si je ne viens pas ? – Mais non, il n’est pas comme ça.Ne t’inquiète pas,il comprendra.
je répondais : répondre, c’est répliquer en s’opposant. Par exemple, un enfant qui répond à ses parents est un enfant qui n’accepte pas de leur obéir sans rien dire.
on peut déborder un peu : s’écarter des chemins autorisés
sans tambour ni trompettes : sans se faire remarquer, discrètement, sans attirer l’attention
j’ai pas mal trimbalé : normalement, on dit : se trimbaler = se déplacer, voyager (familier, et un peu vieilli)
les pays où qu’il y a pas de bois : rajouter « que » après où est bien sûr incorrect.
je n’y resterai pas : dans les sous-titres, ils utilisent le conditionnel présent (resterais), alors qu’il faut le futur (resterai) à cause de ce qui précède : « J’espère qu’au paradis, il y aura des bois, parce que sans ça (= s’il n’y en a pas / s’il n’y a pas de bois), j’y resterai pas. » On met le conditionnel dans des phrases comme celles-ci : S’il n’y avait pas de bois au paradis, je n’y resterais pas. Pour faire la différence, cela peut aider de conjuguer à la 3è personne du singulier : S’il n’y a pas de bois au paradis, Lucienne n’y restera pas. (futur) S’il n’y avait pas de bois au paradis, Lucienne n’y resterait pas. (conditionnel présent)
J’ai enregistré certains des exemples ci-dessus, notamment quand l’intonation est importante :
Le site de l’INA est ici. (On prononce ce sigle comme un mot, pas lettre par lettre). Personnellement, je suis abonnée à leur compte Instagram, ce qui est très pratique. Mais c’est juste une porte d’entrée pour le site complet qui vaut vraiment le détour !