Un blog, instagram, du français, Svetlana, Antonio et les autres

Ce billet est une réponse au commentaire d’hier de Svetlana :
« Bonjour Anne,
tu as déplacé tes derniers articles et ajouté d’autres choses en bref ? »

Dialogue imaginaire, sous forme de questions-réponses. (On n’est jamais si bien servi que par soi-même !) :

Pourquoi as-tu déplacé les commentaires à droite vers le haut de la page ?
Pas pour faire la maligne, du genre « Regardez, ils sont tous très contents de ce blog ». Mais parce qu’il s’y passe des choses que j’aime bien : des questions, des impressions, des fragments de conversations et mes essais d’explications, qui intéressent peut-être d’autres personnes.

BlogPourquoi as-tu ajouté un lien vers cette nouvelle page instagram en haut à droite ? Je croyais que tu n’aimais pas les réseaux sociaux.
Je n’aime pas Facebook : trop fouillis, trop de pubs et de sollicitations non souhaitées et peu de sympathie pour la philosophie de ses créateurs. Voilà, c’est dit ! Instagram me parle davantage, j’ai toujours regardé ce qui s’y passait (bien avant que Facebook le rachète). J’ai l’impression que je peux m’en servir dans un sens qui m’intéresse et qui me correspond.

Mais à quoi ça sert ? Pourquoi pas Twitter par exemple ?
– Pour le côté visuel de cet endroit ! J’aime toutes ces petites photos qui forment comme un journal et restent en place même si le temps passe.
– Parce que j’ai toujours eu un faible pour le format carré des photos et ce côté reposant et harmonieux d’un format unique.
– Parce qu’il y a la place d’écrire sans la contrainte d’un nombre de caractères très petit. Mais en même temps, il faut de la concision. Elaguer. Et apprendre à trouver les mots rapidement. C’est aujourd’hui, pas demain !
– Parce que ça me permet de garder une trace de l’écoulement des jours.
– Parce que j’ai beaucoup appris sur l’anglais à travers les échos quotidiens d’autres vies que la mienne, ce qui compense le fait de ne pas vivre tous les jours dans le pays dont on veut parler la langue. Peut-être puis-je faire la même chose avec mon français !

Pourquoi ne pas mettre ça directement sur ton blog alors ?
Pour lui laisser une certaine unité et ne pas l’encombrer de ces petits détails et instantanés peu travaillés, que certains trouveront sans intérêt parce que pas directement relié à leur apprentissage du français. Je le vois comme un prolongement qui me convient sous cette forme en ce moment. Cela ne durera peut-être pas !

Pourquoi ce titre à ton billet ? Pourquoi Svetlana et Antonio ?
Parce que justement, Svetlana se plonge tous les jours dans le français, lit, écoute, et prend tout ça pour elle : les mots, les expressions. Pour raconter sa propre vie. Pour parler une autre langue, il faut avoir cette envie d’emprunter et de collectionner !
Et petit clin d’œil à Antonio parce je pense qu’il fait pareil, à son rythme. Je le devine, aux petites signes discrets mais réguliers qu’il laisse de son passage, ici et sur France Bienvenue. Bonjour Antonio !
Et bonjour à tous les autres.

Si vous avez envie de répondre à ce que je mets sur Instagram et que vous n’avez pas de compte chez eux, faites-le ici sur ce blog, après n’importe quel billet, ou après le billet le plus récent, et ce commentaire apparaîtra dans la colonne de droite, dans la rubrique : Ce que vous dites.

C’est quoi, ce charabia !

Quel charabia

Mots nouveaux importés d’ailleurs et digérés à la sauce française, comme faire le buzz, recourir au crowdfunding, parler de bashing pour un oui pour un non.
Mots français qui (re)deviennent à la mode, sous l’influence de l’anglais bien souvent et de leur utilisation par les journalistes, comme impacter, implémenter, possiblement.
Tous ces mots qui vont et viennent, au gré des tendances, très justes et nécessaires parfois, horripilants souvent !

Parler de bashing, a l’air d’être plus évocateur pour beaucoup de journalistes que parler de dénigrement par exemple ! Parler de crowdfunding, c’est quand même mieux que dire financement participatif, non ? A écouter ici, pour la beauté de la prononciation française! Et là, on se surprend à dire: Oh là là*, c’est juste** pas possible !
* expression typiquement française.
** influence de l’anglais.

Pourtant, tout le monde ici peut deviner ce qu’il y a derrière les termes français, alors que l’anglais ne dit rien à la plupart des Français (qui ont probablement fait l’impasse sur les cours d’anglais). Et ce qui m’étonne aussi, c’est le peu de curiosité pour aller voir ce que cela signifie dans la langue d’origine. Adoption immédiate des expressions parce qu’elles sont partout dans les médias et sur internet.

Et aussi au travail, comme raconté ici avec humour:
Transcription :
– Alors, ce matin, vous jetez un sort à (1) ce globish, c’est-à-dire cette novlangue des managers qui se répand dans les entreprises.
– On peut raisonnablement parler de pandémie avec des responsables. D’abord, il y a la catégorie des collègues et des chefs tendance (2) qui adorent les expressions à la mode. Exemple : Alexandra, je reviens vers vous parce que cette émission, elle est juste (3) deceptive (4).
– Non !
Lire la suite

Une autre langue

Les languesParler d’autres langues que celle avec laquelle on naît, pour l’accès que cela vous donne à l’ailleurs. Amour d’un autre pays, amour d’une autre langue, dans cet ordre ou l’inverse, à travers les mots et la voix de Fanny Ardant.

Brièvement et intensément !
Transcription:
Moi, j’aime beaucoup l’Italie pour l’art de vivre. J’aime la nourriture, j’aime beaucoup Rome, où on a toujours le temps de déjeuner, de dîner, que d’arriver en retard n’est pas une catastrophe. Il y a quelque chose… Je me suis toujours demandé si les Romains étaient comme ça parce qu’ils avaient conquis le monde, il y avait eu l’Empire Romain. La beauté, le ciel, et tout d’un coup, on se souvenait que oui, que pour… il fallait vivre et pas être toujours des animaux productifs !
Et la langue italienne, que vous parlez cou[ramment] ?
Moi, j’ai appris l’italien parce que Vittorio, Ettore Scola, Marcello Mastroiani, ils parlaient tous ma langue, ils parlaient tous le français, et que je trouvais ça extrêmement élégant de s’adresser à une étrangère, qui arrivait dans une ville étrangère, avec sa langue. Donc petit à petit, j’ai voulu apprendre leur langue, comprendre les histoires drôles. On peut comprendre tout. Comment, je ne sais pas, mais on le sent.

Etrange étrangère

A l’autre bout du monde, en Afrique du Sud.
C’est un petit bout de la vie de Delphine, expatriée pour quelques mois loin de Paris.
Dans un pays où tout est différent:
Le mode de vie.
Les relations entre les communautés.
La langue… Les langues.

Dans un pays où elle ne travaille plus.
Un pays où comme elle le dit, elle ne sait plus rien faire des choses de la vie quotidienne.
Un pays où elle ne comprend pas tout ce que les gens disent. Où son français ne lui sert plus, où son français lui manque.


C’est sur Arte Radio.
Le vague à l’âme de Delphine Saltel, partagé avec sa meilleure amie restée à Paris, partagé avec nous.

Transcription:
Johannesbourg, mai 2009.
Ici, c’est l’automne. Les arbres sont jaunes, la nuit tombe à 5 heures et demie. On a allumé la cheminée.

Janvier, février, mars, avril, mai. Je suis là depuis quatre mois. Mais je me sens encore nouvelle, fraîchement débarquée. Et je crois que c’est vraiment l’histoire de… de la langue (1).
Je te jure (2), si on m’avait dit que je retournerais à l’école !
J’ai calculé que j’ai toujours écouté des chansons en anglais, depuis que je suis toute petite. J’ai eu une correspondante irlandaise que j’aimais beaucoup. Le premier garçon que j’ai embrassé sur la bouche, c’était pendant un échange linguistique, quand j’étais en quatrième (3).

Et… Bref, voilà, je baigne dans cette langue, j’ai l’impression. Et je comprends pas pourquoi je suis aussi mauvaise !

C’est la première fois que j’ai à vivre longtemps hors du français, hors de ma langue maternelle.

Et j’avais pas mesuré à quel point ma langue maternelle, le français, mon français est en moi, inséparable de moi et que c’est presque comme une partie de mon corps, c’est-à-dire que rien ne se passe en moi qui ne passe pas par la langue française, encore.

Ici, comme je suis dépossédée de cette langue, que je peux plus m’en servir pour parler aux gens, voilà, je comprends tout ce qu’elle est pour moi.
C’est épuisant d’avoir l’air si bête (4) et si perdue et de… Je me sens un peu minable (5) parce que, souvent, j’en ai ma claque (6) d’être loin et…
C’est un peu honteux. Enfin, moi je voudrais penser que je… je peux parcourir le monde, que je suis pas vissée (7) à mon petit monde d’origine. Et en fait de partir, d’abord, je pensais pas que ça serait si dur. Et puis je pensais pas que… que les choses me manqueraient autant. Je pensais qu’avec la nouveauté, le… le dépaysement, le côté exotique, je pensais que… que ça remplirait, voilà. Et en fait, ça remplit pas tout à fait. Et je m’aperçois qu’on peut pas… C’est comme on peut pas changer une fleur de pot comme ça. Enfin… Quand même, tu mets un moment, quoi. Et ici, j’ose pas trop le dire. Enfin tu sais, ça fait chauvin (8) de dire que ton pays te manque et en même temps, je sais très bien que… que ça me fait beaucoup de bien d’être dans cette… d’être celle qui en place pas une (9) au dîner, tu vois. Quand je suis invitée dans les dîners, ben, j’écoute les convives, en fronçant les sourcils (10), en essayant de comprendre, et… Voilà. Et ça me remet bien en place parce que avant, j’ai été prof, j’ai travaillé à la radio, j’avais l’habitude… Enfin, j’ai longtemps eu l’habitude d’être celle qui parle, qui connaît son affaire (11). Et puis là, bah, niet (13) ! On… On m’a coupé la chique (14) !

Et puis.. puis bon, je progresse parce que quand même, en anglais, tu vois, petit à petit, ça va mieux. Et puis ce qui est bien ici, c’est que l’anglais, c’est pas vraiment l’anglais. C’est un peu un esperanto, tu vois que tout le monde se partage, les Afrikaners, les Zoulous, les Suthus, les Kossas, les expatriés de tout bord. Et donc c’est un peu plus facile quand tu sais que… que les gens savent ce que c’est qu’avoir une langue maternelle et puis une… une autre langue. Voilà, mais ne t’inquiète pas. Je pleure mais ça… Je suis pas triste. Et je pleure parce que je suis… J’ai un problème d’hormones. Je pleure énormément parce que… Attends, il y a un avion qui passe… Je crois que c’est… En fait, je suis enceinte et je… j’ai lu que… C’est débile (15), j’arrête pas de pleurer! J’ai lu que c’était normal. En fait, tu pleures beaucoup parce que c’est les hormones, ça te rend fragile. Mais je pleure vraiment, hein! Je pleure pour un rien (16). Je pleure devant la télé, je pleure au téléphone. Je pleure dans la cuisine. Et c’est pas vraiment que je suis triste, hein. Je suis même heureuse, hein! Il fait beau, c’est grand, tout est grand. La dernière fois, on est parti dans un parc. J’ai vu une girafe, une vraie girafe de… sauvage. C’est quand même bien. Voilà, je t’embrasse fort (17).

Quelques explications:
1. C’est l’histoire de la langue: c’est à cause de la langue. (familier)
2. Je te jure: c’est une exclamation, pour renforcer l’idée qu’on est surpris.
3. la quatrième: c’est la troisième année du collège, vers l’âge de 13-14 ans.
4. avoir l’air si bête: avoir l’air si stupide, si peu intelligente.
5. minable: nul(le)
6. j’en ai ma claque de quelque chose / de faire quelque chose: j’en ai vraiment assez de… (familier)
7. être vissé: ici, être complètement accroché à son monde, ne pas pouvoir s’en détacher.
8. être chauvin: penser que son pays est le mieux. (et donc ne pas se montrer très ouvert aux autres cultures.)
9. ne pas en placer une: ne pas réussir à prendre la parole, rester muet. (familier)
10. en fronçant les sourcils: elle veut dire qu’elle doit faire beaucoup d’efforts pour suivre la conversation, et ça se voit sur son visage.
11. connaître son affaire: connaître son sujet, avoir des choses intéressantes à dire. (familier)
12. Niet: rien. (familier)
13. couper la chique à quelqu’un: rendre muet quelqu’un. On ne sait plus quoi dire. (argot)
14. c’est débile: c’est idiot. (familier)
15. pour un rien: pour des raisons sans importance, donc un peu n’importe quand.

16. Je t’embrasse fort: c’est la façon de conclure une lettre avec quelqu’un qui nous est vraiment proche et cher (famille ou ami). On y met beaucoup de sentiment.
En un peu moins fort, on peut dire juste « Je t’embrasse« , à des amis, à de la famille.
Et de façon plus banale, un peu passe-partout, avec des gens (amis ou collègues) assez proches mais pas tant que ça, on écrit juste « Bises« .
Quand on écrit « Bisous« , il y a un peu plus de sentiments que « Bises », mais ça fait un peu enfantin, et ce sont surtout les femmes qui l’emploient.

Champion avec papiers

Sharif a 18 ans. Il est afghan. Mais depuis peu, il est aussi français. Pourtant, ce n’est pas facile par les temps qui courent d’obtenir la nationalité française, surtout quand on vient de certains pays… enfin, surtout quand on est pauvre…

Il d’abord été un sans-papiers. Comme tous les enfants dans cette situation, il a été scolarisé car les écoles publiques françaises leur sont ouvertes. C’est ce qui lui a permis d’apprendre le français et d’avoir une vie la plus « normale » possible dans sa situation. Et ensuite, tout s’est accéléré pour lui, dans le bon sens. (Mais ce n’est pas le cas de tous…)


Transcription:
Je suis champion de France Espoir 2009 et… vice-champion en 2010, de boxe française. Je m’en souviens, en 2007, quand je suis arrivé ici que je ne savais pas du tout parler français. On ne savait pas dans quelle classe je pourrais y être (1), parce que j’avais presque 15 ans. Donc on m’a mis dans… dans une classe de… d’intégration.
Vous étiez scolarisé en Afghanistan ?
Non, pas vraiment.
Vous saviez déjà boxer avant d’arriver quand même ?
Non.
Non plus ?
Non, voilà…
Vous avez tout appris ici !
Je comprenais pas. D’un coup, tout le monde et tous les journalistes ont débarqué, TF1, France 2, tout le monde. Et j’avais pas de papiers (2) et que j’ai gagné un titre de champion de France. Champion de France sans papiers, quoi. L’année dernière, voilà, j’ai… j’ai été en finale. Donc il y avait le Championnat d’Europe derrière. Pour entrer en équipe de France, il prend (3) le finaliste et le vice-champion. Donc quand on n’est pas français, on peut pas rentrer en équipe de France. Et mon dossier, ça a duré… quoi… une semaine et après c’est bon. Tout est arrivé.
Vous vous sentez français depuis quand ?
Depuis que je suis français.
Depuis qu’il y a les papiers simplement ?
Voilà. Bah avant, j’avais peur de dire, voilà, « je me sens français », parce que j’étais pas français. Je pouvais… On peut pas dire ça.
Qu’est-ce que ça représente pour vous la nation française ?
Ah c’est… voilà, c’est la liberté. Et de deux, quand on a envie de réussir, il y a moyen ici. Quand on en veut, quand on a envie de faire quelque chose, il y a toujours moyen (4). Il faut y aller, faut être motivé.
Alors, on va voir votre ancienne classe ?
Oui, ça me ferait plaisir. C’est vrai que ça fait longtemps.

Bonjour. On est venu avec un ancien.
– Voilà.
Vous avez l’air ému de les voir ici, là.
– Bah, ça me fait plaisir de revoir Madame Delafonte. C’est vrai que j’ai pas eu le temps de passer après la […] les médias, ce qui s’est passé, tout ça. C’est… c’est des beaux souvenirs.
– Oui, oui, non. Et de le voir parler comme ça, c’est… Pour nous, c’est ce qu’il y a de mieux.
– Alors justement, ça paraît impressionnant. Il me dit qu’il y a encore trois ans, il parlait pas un mot de français. Vous confirmez d’ailleurs.
– Oh oui, tout à fait, pas un mot de français. Et quand il écrivait, ben, je me suis rendu compte qu’il avait appris à lire en copiant des livres. Donc il écrivait en Times New Roman. Donc voilà, il écrivait en police de caractères. C’est… C’était très curieux. Et il a été très, très vite.
– Bonjour, comment tu t’appelles ?
– Sarah.
– D’où est-ce que tu viens, Sarah ?
– Portugal.
– Portugal ?
– Et tu as quel âge ?
– J’ai 14 ans.
– Je m’appelle Michaela, j’ai 13 ans. Je suis roumaine.
– Roumaine ?
– Oui.
– Tu aimes le français ?
– Oui. Parce que je travaille bien, je lire (5) un petit peu. Mais j’écris pas bien.
– Bonjour, je m’appelle Sergo. Je suis géorgien. J’ai 12 ans.
– Alors, ici, on apprend à parler français surtout. Est-ce qu’on apprend aussi ce que c’est que la France, les valeurs de la France ?
– Tout à fait. Alors bon, pour les élèves qui sont ici, effectivement, c’est le niveau, bon ben, le…. le plus… le plus faible, on va dire. Ils apprennent vraiment à parler, à lire et à écrire. Et par la suite, quand ils vont passer dans le niveau supérieur, ce qui va être le cas de Sergo et de Sarah dès la semaine prochaine, ils vont prendre des cours d’histoire-géographie (6) et de civilisation française. Je crois que la langue représente l’esprit d’une nation, donc apprendre le français, c’est déjà apprendre à vivre en France.
– Donc vous constatez pas de problème d’intégration de ces élèves parmi le… le reste de la classe ?
Bah, il peut y avoir des personnalités problématiques parfois bien sûr, mais non, en règle générale, non. Je crois que nos élèves sont habitués au multiculturalisme. Enfin, ce genre de choses, ça leur pose pas du tout de problème, non, non. Par exemple, Sergo a un bon ami qui est Genzel. Genzel est russe, Sergo est géorgien, donc forcément, c’est reposant de pouvoir de temps en temps poser le sac et parler dans sa langue et voilà. Mais moi, je crois que c’est tout, Sergo a d’autres amis qui ne sont pas russophones. Donc voilà, non, non, enfin je lui fais tout à fait confiance pour avoir des amis français très, très vite.

Quelques détails :
1. dans quelle classe je pourrais y être : « y » est en trop car il y a le mot «classe».
2. les papiers : ce sont les documents officiels qui prouvent votre identité et votre statut pour vous autoriser à vivre sur le sol français. (carte de séjour, carte d’identité)
3. il prend : il faudrait dire soit « On prend », soit « ils prennent ».
4. il y a moyen de faire quelque chose : c’est possible de faire quelque chose. On peut dire le contraire : il n’y a pas moyen de…, pour dire que c’est impossible de faire quelque chose.
5. Je lire : il faut conjuguer le verbe : « Je lis »
6. l’histoire-géographie : dans les collèges et lycées français, ce sont deux matières qui sont enseignées ensemble, par le même professeur. On dit souvent juste « histoire-géo ».

Profession interprète

27 Etats
492 millions d’Européens
23 langues officielles, et d’autres
3 alphabets : latin, grec, cyrillique
1 500 personnes pour traduire des milliers de documents et des centaines de conférences
400 interprètes permanents
C’est aussi ça, l’Union Européenne.

Paule, Estelle et d’autres travaillent comme interprètes de conférence auprès des institutions de Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg.
Franchement, ça m’a toujours impressionnée de voir les interprètes exercer leur métier parce que c’est une chose de comprendre et parler parfaitement une langue étrangère, mais c’en est une autre de passer d’une langue à l’autre dans l’instant avec autant d’aisance !


Transcription :
Quand après l’apprentissage de l’interprétation consécutive, on est passé à l’apprentissage de la simultanée, après la première séance, je me suis dit : « C’est impossible ! J’abandonne ! C’est pas possible d’écouter, de parler en même temps, de comprendre». Mais… mais c’est faisable, c’est-à-dire que on… on pratique cette technique et finalement on l’intègre.

C’est très enrichissant parce que forcément, on prépare les différentes réunions. Donc on apprend des tas de choses (1) en préparant. On découvre des tas de sujets intéressants. Ça peut aller de… de l’agriculture à la culture comme aujourd’hui. (On parlait du patrimoine culturel européen.)

Je pense que quelqu’un qui est attaché à la routine aurait beaucoup de mal à… à s’adapter à un métier d’interprète. Je trouve que ça demande beaucoup de facultés d’adaptation, un amour du changement et une curiosité pour des choses différentes et puis aussi de savoir maîtriser l’inattendu. Autre avantage, eh ben justement (2), les voyages, le fait de pouvoir se déplacer.

On voyage beaucoup, oui. Et les voyages ne se font pas uniquement dans l’Union Européenne. Ils se font dans le monde entier.

On est là pour rendre un service, pour permettre aux gens de communiquer entre eux dans la langue de leur choix et de faire en sorte justement qu’on ne nous remarque pas.

En travaillant ici, on travaille en plus dans de très, très bonnes conditions. C’est vraiment un… un métier très agréable à exercer, même s’il est stressant, même s’il est fatigant, même si parfois, on se déplace beaucoup. Mais malgré tout, je trouve que les retombées positives sont beaucoup plus importantes. Donc je garde mon enthousiasme !

Quand j’ai commencé à travailler, on m’a conseillé d’ajouter l’allemand (3) parce que c’était une langue déficitaire (4) en cabine française. Donc j’ai suivi ces conseils et ça a beaucoup changé le nombre de jours de recrutement quand j’étais free-lance. J’ai beaucoup plus travaillé à partir du jour où j’ai ajouté l’allemand.

Ce que l’on (5) a tendance à penser, c’est que l’interprète est un polyglotte qui maîtrise de nombreuses langues étrangères. Ce n’est pas ce que nous recherchons. Nous recherchons quelqu’un qui comprend de nombreuses langues étrangères mais qui maîtrise particulièrement bien la langue maternelle.

Quelques détails :
1. des tas de choses : beaucoup de choses (très fréquent à l’oral)
2. eh ben justement : eh bien précisement
3. l’allemand : le nombre d’élèves français qui choisissent allemand au collège a énormément diminué, sauf dans les départements frontaliers avec l’Allemagne. L’anglais domine évidemment et ensuite, c’est surtout espagnol.
4. une langue déficitaire : une langue pour laquelle on manque d’interprètes.
5. l’on : rajouter « l’ » devant « on » donne un style plus recherché.