La dictée du jour

Alors, aujourd’hui, on va jouer à l’école:
Prenez une feuille et un stylo. On va commencer par une petite dictée.

Dictée du jour
.
.
C’est bon? Vous vous êtes bien relu ?

Bon, maintenant, posez vos stylos. On ne joue plus.
On est sur internet et on tombe sur de vrais commentaires laissés sur des sites ou des réseaux sociaux. Et voici ce qu’on lit :
– Il va sans sortir.
– Sa femme qu’il attend soutenu.
– Quand pensez-vous ?

* Il va sans sortir.
Alors, ça veut dire qu’il reste à la maison ?

* Sa femme qu’il attend soutenu.
C’est bien connu, les femmes se font toujours attendre !

* Quand pensez-vous ?
Euh, jamais en fait. (Surtout quand j’écris.)

C’est plutôt drôle. C’est presque poétique !
Le problème, c’est que

– ça n’est pas volontaire.
– ça n’est pas un usage poétique des mots par leurs auteurs.
– c’est écrit par des Français, dans leur langue maternelle.
– ça devient presque incompréhensible.
Il faut quasiment se dire ces phrases à voix haute, et elles redeviennent alors pleines de sens :
= Il va s’en sortir.
(Il a beaucoup de travail, ou bien la situation est compliquée mais il va y arriver.)

= Sa femme, qu’il a tant soutenue…
(comme il s’y est engagé, en termes équivalents, par les voeux prononcés lors de leur mariage religieux.)

= Qu’en penses-tu ?
(Allez, donne-moi ton avis, ta position sur cette question ou sur ce que je te propose.)

La prononciation est exactement la même, c’est vrai. D’où ces erreurs.
Mais quand même !
Le remède se trouve peut-être – en partie – là :

Cette publicité joue sur les mots, des mots qui sont normalement écrits sur les paquets de cigarettes et associés à des photos peu poétiques des maladies causées par le tabagisme : Fumer nuit gravement à la santé. Avertissement solennel. Tentative de disuasion. (assez hypocrite, il faut bien le dire !)

En lisant, je crois moi aussi qu’on a davantage de chance de devenir moins ignorant en orthographe et en grammaire, de ne pas être un âne ! (Petite parenthèse : pauvres ânes ! En français, être un âne n’est pas flatteur.)
Lire, donc. Pas simplement pour le plaisir d’être bon en orthographe ou en grammaire, mais pour comprendre et se faire comprendre ! Et pour accéder au monde.
Parce que voilà, comme c’est écrit sur ce trottoir de Montmartre :

Connaissez-vous ce compte instagram ?
Allez jouer avec les mots de son auteure, tracés à la craie dans la rue !
Syntaxe et orthographe bousculées.
Poésie, humour et vérité.

Allez, les filles !

Comme l’annonçait Edelweiss dans son commentaire il y a deux jours, c’était hier la journée internationale des droits des femmes. On avance, comme le prouvent les mouvements récents de dénonciation du harcèlement vis-à-vis des femmes. Mais il y a encore (et toujours) du travail à faire, à tous les niveaux, à en croire ne serait-ce que les termes de recherche tapés par certains pour arriver sur ce blog !
Pour l’anecdote, voici ce qu’on trouve ces derniers jours :


– Tout d’abord, apprendre à ( à, accent grave, pas a ) parler (parler -er et pas ) et écrire correctement le français, c’est ça qui serait nécessaire!
– Et comme toujours, je reste perplexe devant ce qui attire le plus de personnes sur ce blog, c’est-à-dire la recherche des mots vulgaires et des insultes – et souvent celles à utiliser avec des femmes – en français ! Mes quelques pages là-dessus ont toujours du succès. J’avais déjà évoqué ce fait il y a quelques années ici.
Cela dit-il quelque chose de nos rapports humains ?

On y arrivera bien un jour, et partout ! Aujourd’hui, dans certaines parties du monde, nous allons à l’école, nous lisons, nous choisissons d’avoir des enfants ou pas, nous ne restons pas à la maison, nous travaillons, nous explorons le monde, nous avons notre mot à dire et notre vie à décider.

Allez, pour inverser un peu les rôles, je vous laisse aujourd’hui en compagnie d’un homme qui fait ce qui est encore souvent traditionnellement réservé aux femmes !

Père épuisé

Transcription
– Qu’est-ce que je ressens ? Un mélange d’amour, bien sûr, évidemment, et c’est bien en premier lieu, mais aussi d’énervement profond quand ils ne… n’obéissent pas. Et… Il y a plusieurs choses en fait. C’est que quand * je les ai deux par deux, c’est beaucoup plus simple que de les* avoir tous les quatre ensemble, bon, en étant seul à les gérer, bien sûr. D’une part parce qu’il y a les deux aînés qui se* tirent la bourre (1), je* dirais, pour savoir qui fera* le plus de bazar (2) et qu’il y a beaucoup plus d’interactions, avec quatre enfants, entre eux. Et ça crée un brouhaha (3) incessant et finalement, dans… dans vingt-quatre heures, j’ai très peu de moments où je n’ai pas d’enfant qui soit hurle, crie, ou vienne me solliciter (4) pour donner à manger, donner un verre d’eau, faire ceci, l’aider à s’habiller, se déshabiller, l’aider à quelque chose. Donc je suis… je suis* pris en fait… je suis hyper sollicité, du matin 7-8 heures jusqu’au soir, 22-23 heures pour les… les plus grands le weekend.
– Et ça crée chez vous un sentiment d’épuisement ?
– Ah mais bien sûr ! Evidemment ! Oui, je suis épuisé, oui, de… d’être hyper sollicité comme ça en permanence, oui !

Quelques explications :
1. se tirer la bourre : être en compétition, rivaliser pour être le meilleur. (argot). Par exemple : Quand ils font du vélo ensemble, ils finissent toujours par se tirer la bourre !
2. le bazar : le désordre. Ici, faire du bazar signifie faire des bêtises, ne pas être sage. (familier)
3. le brouhaha : du bruit confus où se mêlent beaucoup de voix, un bruit qui constitue comme un fond sonore envahissant. (par exemple, on parle du brouhaha de la rue, d’une foule, etc.)
4. solliciter quelqu ‘un : demander quelque chose à quelqu’un. Donc être très sollicité veut dire que les autres vous demandent sans cesse de l’aide, de l’attention.

La prononciation qui mange les syllabes:
* On l’entend lorsque ce jeune père dit : que quand.
Je ne sais pas si vous entendez « que », mais pour une oreille française, ce petit mot, à peine prononcé, est cependant perceptible.
* que de les avoir: il dit « d’les », en raccourcissant « de ».
* qui se tirent : il dit « s’tirent »
* je dirais : il prononce « j’dirais »
* fera : est prononcé « f’ra »
* le plus : est prononcé « l’plus »
* je suis pris : devient « chuis »

N’oubliez pas que vous n’êtes pas obligés de manger les syllabes comme ça pour avoir un français qui sonne « vrai ». Ici, dans le sud de la France, la majorité des Français prononcent distinctement ces syllabes escamotées ailleurs. Tous ces accents sont complètement authentiques et naturels. A vous de choisir votre prononciation !
A bientôt.

Une belle voix

Quand j’écoute la radio, j’aime certaines émissions pour leur contenu mais aussi pour la voix qui les porte. Autour de nous, il y a les voix dont on n’a rien à dire de particulier, il y a celles qui nous agacent. Et il y a celles qu’on trouve belles. Et comme à la radio on n’a que la voix, c’est elle qui crée cette atmosphère propice à l’écoute.
Evidemment, j’ai tendu l’oreille en entendant ce comédien parler de sa voix et de celle des autres. Il en parlait de sa belle voix, au timbre et à la diction si reconnaissables. Et c’était parfait pour le billet d’aujourd’hui !**

La voix – André Dussolier

Transcription
– Votre voix, vous la comparez à quel instrument ?
– Oh, je ne sais pas !Je ne sais pas si on a bien conscience de sa voix. Je pense que la voix, c’est un ensemble, c’est la tonalité peut-être bien (1), mais qui varie d’ailleurs au fil des ans (2). Et puis c’est aussi la manière de parler…
– De respirer.
– Comment ? (3)
– De respirer aussi.
– De respirer, oui, c’est vrai. Moi, j’ai été très sensible à certaines voix. Il est plus facile (4) de parler des autres acteurs, comme Delphine Seyrig que j’ai… que j’ai toujours en mémoire, ou Jean-Louis Trintignant, ou d’autres acteurs. Je pourrais en citer de nombreux comme ça. La voix, c’est tellement la traduction de la personnalité, de ce qu’est quelqu’un que c’est vraiment une manière d’entrer chez quelqu’un, de le connaître, de le rencontrer, qui est assez fascinant (5), quoi, c’est… Voilà (6). Et je trouve que (7) c’est un premier élément très important, quoi, on a l’impression de rencontrer l’être à travers… en entendant la voix de quelqu’un. Et donc… Et puis, ça évolue aussi, avec les années. Et puis donc, moi, je pourrais pas du tout dire à quel instrument… Non, j’avais… j’avais demandé… Oui, j’avais posé la question à un orthophoniste – Mais je dis : « Mais qu’est-ce que c’est qu’une belle voix ? » Il m’a dit : « C’est une voix sincère. » Et donc ça m’avait suffi comme… comme… Parce que j’ai été très sensible aux chanteurs comme Brel, comme Brassens, comme Ferré, etc. dans ma jeunesse. Et donc c’est vrai que je reconnaissais qu’il y avait une sorte de cohérence, de… dans ces… chez ces chanteurs, où il y avait à la fois le texte, l’interprétation et la voix. Ça formait un tout (8) et c’était vraiment l’expression de leur personnalité.

Quelques détails :
1. peut-être bien : c’est presque comme peut-être, avec cependant davantage de certitude.
2. Au fil des ans : à mesure que les années passent. On peut utiliser cette expression pour parler du temps qui passe avec d’autres repères de temps : au fil des jours / au fil des mois / au fil des saisons / au fil des siècles.
3. Comment ? : c’est la question qu’on pose quand on n’a pas bien entendu et qu’on demande à l’autre de répéter ce qu’il vient de dire.
4. Il est plus facile de… : c’est comme C’est plus facile, mais dans un style plus soutenu.
5. fascinant : ici, il devrait normalement dire : fascinante, en accordant cet adjectif avec le nom manière. Mais quand on parle, on perd parfois un peu le fil de ce qu’on dit au niveau grammatical (pas au niveau du sens), comme ici où le mot manière est loin de son adjectif.
6. Voilà : ce mot est devenu très fréquent à l’oral, quand on veut conclure quelque chose.
7. Je trouve que : c’est presque comme Je pense que… Mais utiliser Je trouve que, c’est vraiment exprimer en même temps ce qu’on pense et ce qu’on ressent. C’est une conviction personnelle.
8. Ça forme un tout : on ne peut pas dissocier les différents éléments.

Si vous aimez la voix de cet acteur, André Dussolier, l’interview* complète est à écouter ici.

* J’ai découvert que le mot interview, emprunté à l’anglais, est masculin ou féminin en français. Depuis toujours, je le croyais féminin uniquement. Pourtant, c’est vrai que puisqu’on dit un entretien, le masculin pour ce mot importé est logique aussi. D’ailleurs, entretien convient mieux à ce genre d’émission qui prend le temps d’établir une vraie conversation !

** Et pour terminer ce billet, je dis merci à ceux qui suivent ce blog depuis peu, depuis quelque temps, depuis longtemps, depuis très, très longtemps ou depuis toujours car aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Je dis, tu dis, il dit, nous disons !
Cela fait huit ans que je fais entendre ma petite voix et dépose ici des fragments de ma vie française, avec plus ou moins de régularité, et que vous les lisez, les écoutez, les regardez et me répondez. Vous êtes persévérants et présents et c’est un grand plaisir !
Et si je vous fais parfois faux-bond ici, en attendant, vous pouvez aller faire un petit tour sur mon compte instagram.

Les arbres, la lune et l’hiver dans l’Aveyron

Le paradis à pied

Encore une fois, j’ai regardé un documentaire de façon imprévue. Ce n’est presque jamais moi qui allume la télé mais le hasard fait bien les choses et je découvre des émissions ou des films auxquels en général, je ne m’attendais pas.

Trois ingrédients m’ont fait le regarder jusqu’à la fin :
– Tahiti, mais pas sur les plages.
– Des marcheurs, heureux d’être dans cette nature magnifique qui est leur terre.
– Et leur accent tahitien, qui ralentit la cadence des phrases et adoucit tous les R. Ecoutez leurs R !

Et j’ai pensé au commentaire laissé à la suite de mon billet précédent par Elena à propos de son accent. Finalement, je me demande où est la frontière entre ce que j’avais appelé un accent étranger et tous les autres accents français si variés !

Ce documentaire est à regarder pendant encore deux ou trois jours. Cliquez ici.

Faites vite si vous voulez (et pouvez) le voir !

On y découvre Tahiti autrement. Avec des oranges perchées dans la montagne !
C’était beau.

* Mise à jour : Merci à Meelis qui a donné le lien pour regarder ce documentaire ici aussi !

En voici un petit aperçu sonore:

Le paradis en marchant

Transcription
J’ai découvert mon pays et depuis, je suis tombée amoureuse des randonnées. La plupart des Polynésiens pensent que c’est difficile, faut être super sportif. Mais non ! Moi, j’y arrive (1), donc tout le monde peut y arriver.

Je pense que des fois, ils voient des photos d’ici et ils posent la question : Où c’est ? C’est où, cet endroit ? Et nous, on répond : C’est à M[…], chez toi. Mais c’est au fond dans la vallée. Et eux, ils sont surpris : Ah OK, c’est juste là en haut ! Je dis : Ouais, mais après, faut aller (2), faut vouloir aller aussi.

– J’ai pas envie de passer mes journées devant un ordinateur, être secrétaire, et tout (3). Je préfère être dans mon bureau, la nature. Tu vois cette forêt de bambous, là ? En plus, avec vue de la cascade et tout, ça, c’est formidable (4) ! Tu n’as pas le téléphone qui sonne, tu n’as pas le stress de l’ordinateur à répondre, et tout, quoi !
– C’est un plaisir ?
– Un grand plaisir. Tu es pas content d’être ici, toi ? C’est une randonnée familiale, et puis des enfants à partir de cinq ans, six ans, ils suivent tranquillement les parents, même il y en a qui sont dans les porte-bébés et tout, hein. Et ce qu’ils recherchent, c’est que il faut qu’il y ait une baignade (5) à la fin. Voilà, c’est surtout ça. Nous, on se baigne tout le temps. C’est… peu importe dans la journée (6) et tout, il faut qu’on se baigne à chaque fois, matin, midi, soir s’il le faut.

Non, j’ai pas de façon de marcher. C’est simplement qu’il faut pas oublier d’expirer le plus possible pour expulser les toxines et le gaz carbonique. Sinon, j’ai pas de marche particulière. Je peine (7) comme tout le monde, hein ! Oh, c’est dur ! (8)

– En compagnie des… du groupe, c’est sympa.
– Et bon, un bon moyen de découvrir…
– La nature.
– … Votre pays.
– C’est… Faut pas le dire ! Et la plupart du temps, nos guides (9), ce sont des popa’a.
– Des Popa’a, c’est… ?
– Pour nous, popa’a, c’est… bah c’est vous ! Nos guides, ce sont des popa’a (10). Honte à nous ! C’est eux qui nous font découvrir nos vallées. C’est un comble (11), hein !
– Et c’est pas bien, ça ?
– Non ! Bah non, c’est pas bien !
– Peu importe qui…
– Il faut que ce soit les Tahitiens qui nous font (12) découvrir les vallées !
– Oui, mais…

La joie de…, on se sent bien. On est légère, on pense à rien. Voilà. On admire et c’est tout. C’est ça, hein ? C’est ça.
On ne peut pas être insensible à tout ce qui nous entoure. C’est trop beau, c’est trop magnifique ! On est au paradis. On est au paradis.

Quelques explications :
1. J’y arrive : je réussis à faire ce que j’ai entrepris, j’en suis capable.Pour encourager quelqu’un par exemple, on peut lui dire : Mais oui, tu vas y arriver ! Si on a des doutes sur ses chances de succès, on peut dire: J’ai peur de ne pas y arriver.
2. Faut aller : ce serait mieux de dire : Il faut y aller. (Y remplace le mot vallée.)
3. et tout : c’est de l’oral, pour indiquer qu’on pourrait donner plus de détails.
4. C’est formidable : c’est super (plus familier) / c’est merveilleux.
5. Une baignade : le fait de se baigner. C’est aussi un endroit où il est possible de se baigner.
6. Peu importe dans la journée : peu importe quand. Le moment n’a pas d’importance.
7. Peiner : avoir du mal à faire quelque chose. Cela peut être physique ou intellectuel. Par exemple, on peut peiner sur un exercice de français.
8. C’est dur : c’est difficile.
9. un guide : celui ou celle qui emmène d’autres personnes en randonnée.
10. Un popa’a : un étranger, en tahitien. Ici, ce sont les Français venus de métropole dans ce département d’outre-mer.
11. C’est un comble : ça ne paraît pas croyable et il y a une sorte de paradoxe : ce sont les popa’a, les étrangers, ceux qui ne sont pas vraiment de Tahiti qui connaissent ces vallées et guident les Tahitiens.
12. qui nous font : normalement il faudrait dire : qui nous fassent (au subjonctif)

Temps estival

Il avait fait frais en septembre sur une grande partie de la France. Alors quand les températures remontent comme en été, surtout si ça se produit pendant le weekend et dans toutes les régions, les journalistes en parlent à la radio et à la télé ! Un peu de légèreté fait du bien aussi. Ce matin, on pouvait entendre aux infos le témoignage de deux étudiants installés à Marseille depuis peu et qui apprécient cette belle arrière-saison. Profitons !

L’été en octobre

Transcription:
En fait, c’est un peu bizarre parce que en septembre, il faisait froid et là, il fait chaud. Du coup, je comprends pas trop (1) ! J’aimerais bien aller à la plage, profiter un peu mais faut (2) quand même aller en cours. C’est important !

Moi, je viens de la banlieue de Paris, donc ça m’a vraiment changé de venir ici et voir le soleil tous les matins, ça met vraiment le baume au cœur (3). Et donc moi, j’ai tendance à être un peu déprimé quand il pleut, etc. Mais généralement, je me lève beaucoup plus facilement le matin.

Quelques détails :
1. Je comprends pas trop : nous employons souvent « pas trop » à la place de « pas très bien » ou de « vraiment ».
2. faut = il faut (style oral)
3. ça m’a vraiment changé = ça a été un vrai changement pour lui. De façon familière, on dit souvent : ça me change. (= c’est une nouvelle situation pour moi, qui contraste avec avant).
Par exemple : Tu ne vas plus travailler de nuit. Ça va te changer !
4. ça met le baume au cœur : normalement, on dit : ça met du baume au cœur. Cela signifie que ce qui nous arrive, ou ce que quelqu’un nous dit ou fait nous console, nous réconforte, nous fait du bien.
Par exemple : Quand on voit cet élan de solidarité, ça met du baume au cœur.

A propos du français  :
Le premier étudiant vient du Brésil. Son français oral est parfait, dans un contexte ordinaire :
– Il emploie des négations incomplètes : Je comprends pas trop au lieu de Je ne comprends pas trop trop.
– Il emploie , comme nous le faisons très souvent oralement, sans que ce mot ait son sens premier strictement géographique.
– Il omet Il dans Faut aller en cours.
– Il emploie Du coup, très fréquent à l’oral.

Il a juste un très, très léger accent sur certains sons qui nous indique que le français n’est pas sa langue maternelle. Mais c’est infime !
– il faisait. On prononce la première syllabe « fe ».
– un peu

J’ai déjà parlé d’autres accents étrangers ici et ici ou encore ici. Admiration pour tous ceux qui parlent notre langue dans le monde !

Auto-portrait dans l’auto

Je suis tombée sur cette campagne de prévention sur le danger des selfies au volant. 😦
C’est l’occasion de se retrouver une fois de plus confronté à la force de cet appareil qui a envahi nos vies au point qu’il faille diffuser ce genre de message. Et bien sûr, c’est aussi l’occasion de parler du français et de la prononciation de notre langue. Et donc de remettre en route mon blog, quelque peu délaissé ces derniers mois ! Etes-vous toujours là ? J’espère !

Ceux qui ont rédigé ce message jouent avec les mots, pour lui donner la force d’un slogan facile à retenir: L’auto-portrait, oui. Dans l’auto, non.
J’avais presque oublié le mot auto-portrait, à force d’entendre le mot selfie en permanence. C’est vrai que selfie ne désigne que les auto-portraits pris avec un téléphone portable.
Et nous n’employons presque jamais le mot auto dans la vie quotidienne : nous n’achetons pas une auto (ni une automobile) mais une voiture. Nous avons des petites ou des grosses voitures. Certaines villes essaient de limiter la place de la voiture. Nous nous déplaçons en voiture. Jamais en auto. (En revanche, on peut aller au Salon de l’Automobile, pas de la voiture.)

.
La vidéo est à regarder ici.

Transcription:
Allez !
Toi, ça va !
Oh, selfie !
[…] les gars !
Attention !

.
Près de 7 jeunes sur 10 ont déjà pris un selfie en conduisant.
Malgré les apparences, le danger est bien réel.
Ne laissez pas ce selfie être le dernier.
La route ! La route !

Par curiosité, j’ai mis les sous-titres en regardant la vidéo. Cherchez l’erreur ! Ou plutôt les erreurs.

Première erreur :


– Le système automatique ne reconnaît pas le mot selfie, qui pourtant fait partie du langage de tous désormais, et le transforme en sale fille ! (et en plus avec un devant, incompatible avec le mot fille.)
Ou encore en ce qu’elle fit, ce qui serait vraiment très bizarre puisqu’il s’agit du passé simple du verbe faire, employé aujourd’hui seulement à l’écrit.

Deuxième erreur :

– Il n’entend pas tous les mots, comme le verbe être, oublié ici, sans doute à cause du mot qui précède: le danger est bien réel. C’est vrai que lorsque nous parlons, les deux sons (-er et est) s’enchaînent en général sans pause entre les deux mots.

Ecoutez la différence (infime) lorsqu’il y a une toute petite coupure entre les mots ou pas:

.

Troisième erreur :

– Il ne perçoit pas la différence entre est et être: Ne laissez pas ce [selfie] être le dernier. (et non pas est). Bref, il ne connaît pas la grammaire bien sûr. Et il se laisse tromper par un accent très courant dans la majorité des régions de France.
Peut-être se débrouillerait-il mieux avec un accent du sud, dans lequel toutes les syllabes sont prononcées plus distinctement.

Ecoutez la petite différence:

.

Les deux dernières erreurs :

– Il entend aptitude au lieu d’attitude.
– Il ne transcrit pas correctement le slogan et confond Donnons et d’un nom, contrairement à une oreille française qui entend bien la différence et sait aussi décider ce qui a du sens ou pas.

Bonne journée ! Et gardez bien les yeux sur la route.

Pour écouter ou ré-écouter comment nous « mangeons » les syllabes et les mots, c’est ici.