Ça nous pend au nez

Comme vous le savez, la situation sanitaire en France s’est dégradée très vite avec la propagation du variant delta. Le gouvernement français a donc pris un certain nombre de mesures pour obliger tous les Français de plus de douze ans à se faire vacciner et ces mesures ne passent pas auprès d’un certain nombre de gens : ils y voient une atteinte à leur liberté, un danger majeur pour leur santé, un complot de l’industrie pharmaceutique, de la discrimination, etc., etc.

J’avoue que je fais partie de cette génération qui voit au contraire la vaccination comme un progrès pour tous si tous, nous sommes vaccinés, une génération qui sait qu’on ne se fait pas vacciner juste parce qu’on est directement en danger mais que cela protège collectivement tous ceux qui sont plus vulnérables, que cela éradique des maladies qu’on n’aurait pas nécessairement attrapées, que ce n’est donc pas un choix personnel qui se pose à nous. Je ne crois pas que ma liberté soit dans ce choix-là mais bien plutôt dans le fait de pouvoir retrouver une vie normale, de pouvoir retravailler normalement avec mes étudiants le plus vite possible, d’aller et venir comme bon me semble, sans confinements, sans couvre-feu, sans restrictions nulle part, en m’estimant chanceuse d’avoir accès si facilement, comme tous les Français, à la vaccination.

Donc j’écoute avec curiosité tous ces gens qui protestent. Je comprends bien qu’il y a des raisons pour lesquelles on en est arrivé à un tel rejet, ce qui me paraît préoccupant. Voici donc un exemple entendu l’autre matin à la radio : une jeune femme, qui travaille dans un hôpital et qui est donc directement concernée par l’obligation vaccinale.

Transcription :

J’étais à ma pause (1). J’ai vu la manifestation (2). J’ai écouté déjà tout d’abord si c’était bien pour ou contre et j’ai vu qu’ils étaient du même point de vue que moi. Du coup, je les ai soutenus dans leur démarche (3) tout en sachant que j’ai le même point de vue et que j’aimerais être avec eux tout simplement. Je suis pas forcément pour la vaccination obligatoire, je précise. Je vais être obligée, étant donné que (4) je suis agent hospitalier. Il y a un moment donné, on a envie de crier « stop ». On veut notre liberté, on veut avoir le choix de faire ce qu’on veut de notre corps. C’est un droit, c’est un droit. On est à l’hôpital, on nous oblige (5). J’ai pas envie de me faire virer (6) sous prétexte que je ne me suis pas fait vacciner. Et on sait tous qu’on est… bah, ça nous pend au nez (7), quoi !

Quelques explications :

  1. ma pause : courte période d’interruption dans la journée de travail. On dit souvent : J’étais en pause / Je suis en pause / Elle est en pause
  2. la manifestation : il y a en ce moment des défilés de protestation dans les rues tous les samedis, contre le vaccin, la vaccination, le pass sanitaire.
  3. leur démarche : leur action
  4. étant donné que = puisque
  5. on nous oblige : le gouvernement veut obliger tous ceux qui travaillent en hôpital à se faire vacciner.
  6. se faire virer : se faire licencier, perdre son emploi. (familier)
  7. ça nous pend au nez : expression familière qui exprime l’idée que quelque chose va nous arriver, que c’est quasiment sûr. Il s’agit toujours de quelque chose de négatif, d’un risque, d’un danger.

Personnellement, je ne sais pas ce qui nous pend au nez si on laisse courir ce virus, en lui donnant la possibilité de s’adapter et de nous faire revenir en arrière dès qu’un semblant d’amélioration se fait sentir. A suivre !

Pied de nez

Carnaval ou pas ? C’est la saison. Le weekend dernier, certains ont répondu à cette question et 6 500 personnes ont décidé que cette année, il y aurait de nouveau carnaval dans les rues de Marseille, qu’ils en avaient assez des restrictions, qu’on ne pouvait pas tout interdire pour un virus, que faire la fête était une absolue nécessité. Evidemment, les soignants, les médecins sont consternés! Voici le témoignage d’un anesthésiste, aux premières loges**, puisqu’il travaille au service réanimation d’un des grands hôpitaux marseillais.

Des explications :
1. C’est désolant = c’est vraiment très triste de voir ça. Quand on utilise ce terme, c’est qu’on déplore une situation, qu’on est très critique. C’est un terme fort.
Mais attention, ne dites pas : « Il est désolé », qui est beaucoup plus faible et ne correspond pas à la situation. Dans ce cas, dites : Il est atterré. Ou alors: ça le désole de voir ça.
2. un pied de nez : au sens propre, c’est un geste qu’on fait quand on veut narguer quelqu’un, montrer qu’on se moque de ce qu’on nous dit de faire.
Au sens figuré, faire un pied de nez à quelque chose (ou à quelqu’un), c’est rejeter quelque chose ou défier quelqu’un.
Par exemple: C’est un pied de nez au travail des soignants. / C’est un pied de nez aux élus en charge de la ville. / C’est un pied de nez à tous ceux qui tentent de ne pas contribuer à la propagation du virus. Pour en savoir plus, voici un article qui explique l’origine de cette expression et avec une photo, vous verrez mieux de quoi il s’agit. Je ne sais pas si on fait ce geste de la main dans toutes les cultures!
** être aux premières loges: être à la meilleure place pour assister à un événement, être au plus proche d’un événement. (Cette expression vient du monde du théâtre. Les premières loges sont les plus proches de la scène.)

Voici d’autres façons d’exprimer sa désapprobation:
– C’est affligeant (de voir ça / d’entendre ça)
– C’est consternant.
– C’est lamentable.
– C’est déplorable.

Et de façon très, très familière (argot), on peut dire :
ça fout les boules !

Maintenant, on va attendre de voir si cette fête organisée sans précautions a des conséquences: accélération de l’épidémie à Marseille et dans la région ? Et donc instauration d’un nouveau confinement, comme le dit ce professeur de médecine ? Comme ça, on pourra se dire que tous les efforts que font beaucoup de gens auront été inutiles. Désolant, effectivement. A suivre !

Pour écouter tout ça, si vous préférez :
Pied de nez

A très bientôt.
Dans le prochain article, vous verrez, faire un pied de nez n’est pas toujours aussi négatif.