Je marche, tu marches, il marche

Je partage avec vous une nouvelle richesse du web :
un podcast quotidien qui va nous faire traverser la France à pied, du nord-est au sud-ouest, en suivant un itinéraire baptisé la Diagonale du vide.

Voici le lien pour suivre ce périple et aussi écouter tous les épisodes antérieurs si le coeur vous en dit.
(Vous pouvez bien sûr écouter avec n’importe quel lecteur de podcasts, sur votre téléphone.)

Je vous explique de quoi il s’agit ici :

Transcription :


Alors, est-ce que vous aimez marcher ? Vous savez sans doute que de mon côté, oui, moi, j’aime marcher, parce que, en fait, je trouve il y a un petit côté magique de se dire que de toute façon, sur ses deux jambes, on peut toujours aller quelque part et qu’on a cette espèce de liberté, alors que nos voitures peuvent être en panne d’essence ou les trains, les transports peuvent être à l’arrêt, et je trouve que savoir qu’on peut se déplacer à pied, c’est très libérateur.

Je me souviens d’une fois à Marseille où il avait commencé à neiger dans la matinée, et comme il ne neige que très rarement à Marseille, c’était vraiment la panique chez mes éudiants, parce qu’ils pensaient qu’en fait, ils n’allaient pas pouvoir rentrer chez eux et ils étaient obsédés par l’idée que les bus, les métros allaient être arrêtés et que donc ça allait être très compliqué pour rentrer chez eux.

Alors je comprends pour ceux qui habitent loin, mais beaucoup habitent en fait assez près, ou en tout cas dans Marseille, et je leur ai dit : « Mais vous pourrez toujours rentrer chez vous à pied, ne vous inquiétez pas, ne paniquez pas. » Et alors là, ils m’avaient regardée comme une extra-terrestre. Bien sûr, c’était plus long, ce n’était pas facile, c’était… surtout si on est mal chaussé (1), mais c’était tout à fait faisable, parce que chez nous, c’est pas des quantités énormes de neige qui tombent. De toute façon, on n’est pas à la montagne à Marseille ! Et donc j’avais été surprise par leur réaction et le fait qu’ils n’envisagent pas le fait de se déplacer à pied comme un moyen vraiment très pratique. Et eux m’avaient regardée vraiment aussi… Ils avaient été très, très surpris.

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Haletant

Il y a quelques semaines, j’ai vu A plein temps, un film que j’ai vraiment beaucoup aimé.

La bande annonce est trop succincte – un peu bâclée* à mon avis ! – pour être réellement représentative de tout ce qui traverse ce film. C’est dommage. Néanmoins, elle donne une petite idée de l’atmosphère qui enveloppe toute cette histoire, magnifiquement incarnée par Laure Calamy.

Je connaissais cette actrice dans des rôles plutôt drôles ou fantaisistes* – par exemple dans la série Dix pour cent ou le film Antoinette dans les Cévennes. On est loin de tout cela dans ce film puisqu’elle est Julie, une jeune mère de famille séparée du père de ses deux enfants, qui doit gérer seule une vie quotidienne compliquée.

En effet, elle habite en grande banlieue* mais travaille à Paris comme femme de chambre en chef dans un hôtel de grand luxe. Alors, c’est la course tous les jours, pour jongler entre ses enfants, qu’elle ne néglige jamais, et les exigences de son travail si éloigné, éloigné physiquement, mais éloigné aussi de ses aspirations et de ses compétences. Elle court, elle court presque tout le temps, après le temps, après les RER* et les bus, après le père de ses enfants, injoignable quand il s’agit de payer la pension alimentaire. Elle passe ses journées à courir avec son équipe de femmes de chambre, au service de clients qu’on devine imbuvables*, sous la surveillance de sa chef, stressée elle aussi et donc stressante. Et si en plus, se déclenche une grève dans de nombreux secteurs – on est en France ! – notamment dans les transports en commun, alors brutalement, l’équilibre qu’elle a construit ne tient plus qu’à un fil*. Et c’est cette période de transition dans sa vie qu’on suit pendant plusieurs jours.

La grande originalité de cette histoire – somme toute banale -, c’est la façon dont elle est racontée, portée par le rythme de la musique d’ Irène Drésel. On a le coeur qui bat sans cesse à suivre Julie dans ses trajets, parce qu’elle court pour être à l’heure, matin et soir mais aussi parce que la pulsation de la musique nous fait littéralement vivre cette cadence infernale toute la journée, répétitive, épuisante. On en est comme essoufflé, et grâce à cette musique, on vit de très près ce que vit Julie.

Cette histoire représente bien ce que vivent de nombreux banlieusards* tous les jours. Paris, ce n’est pas que du romantisme de carte postale ! Paris, ce sont aussi ces quartiers qu’on aperçoit sans les voir des fenêtres des trains de banlieue à l’approche des grandes gares parisiennes – Gare de Lyon, Gare Saint Lazare, Gare du Nord. Ce sont les embouteillages, la cohue des transports, les visages fermés, chacun dans sa bulle au milieu de cette agitation de fourmis. Et Julie poursuit sa trajectoire, coûte que coûte*, malgré les embûches. Je vous laisse regarder la bande annonce, dont le premier son, ô combien familier, donne le ton* !

Transcription de la bande annonce :


– Maman ?
– Oui ?
– Tu connais le Jardin d’Acclimatation (1) ?
– Oui.
– On pourra y aller un jour ?
– Ecoute, on verra.
– La circulation vers Paris est interrompue. Nous vous invitons à utiliser un itinéraire de substitution (2).
– Vous allez manifester (3) aujourd’hui ?
– Bah j’aimerais bien. Mais là, j’avoue que je m’intéresse plus aux grèves pour y faire face (4) que pour y participer. Je dois aller tous les jours à Paris.
– C’est dur, ça.
– On a cinq arrivées, cinq départs, huit recouches (5) et monsieur Yoshida qui prend la Churchill en fin de journée.
– J’ai un entretien.
– Pour un boulot (6) ?
– Oui.
– Genre (7)… un bon boulot ?
– Un super bon boulot.
– Tu joues avec le feu (8), Julie ! Avec les retards en plus, ça arrange rien (9).
– Il faudrait trouver une autre solution (10) pour les soirées, çaa commence à devenir difficile.
– Je vais te laisser mon badge et tu vas le valider en même temps que le tien.
– Mais ça, je suis pas… Je suis pas sûre.
(En raison d’un mouvement social…) (11)
– Il y a un train qui va partir, là.
– Quelle voie ?
– Voie 14.
– Jeanne Delacroix.
– Julie Roy.
– Enchantée. Merci de vous être déplacée (12) malgré les grèves. Ça ne vous inquiète pas de reprendre le travail après une aussi longue pause ?
– Ah non.

Des explications :

  1. le Jardin d’Acclimatation : c’est un parc de loisirs à Paris, dans le Bois de Boulogne, créé sous Napoléon III dans les années 1860. (Je vous en reparlerai bientôt.)
  2. un itinéraire de substitution : c’est une façon de dire que les moyens de transport habituels ne fonctionnent plus et qu’il va falloir prendre des bus, des cars à la place. C’est la formule consacrée en temps de grève des transports.
  3. manifester : défiler dans la rue pour protester contre quelque chose. En ce moment, il y a des manifestations régulièrement contre la réforme des retraites. (Je vous en reparle aussi bientôt !)
  4. pour y faire face : pour trouver comment se débrouiller malgré les grèves.
  5. une recouche : terme utilisé dans l’hôtellerie qui désigne le nettoyage et la remise en ordre d’une chambre d’hôtel qu’un client garde plusieurs jours. Il faut refaire le lit, nettoyer la salle de bains, changer les serviettes, etc.
  6. un boulot : un travail, un emploi (Ce terme est plus familier que les deux autres)
  7. genre : ce terme a tendance à être très utilisé familièrement. (Je vous en reparle aussi dans un prochain article !)
  8. jouer avec le feu : prendre des risques qui pourraient avoir des conséquences importantes. Dans le film, Julie risque sans arrêt de perdre son emploi dans cet hôtel.
  9. ça n’arrange rien : ça aggrave la situation au contraire.
  10. trouver une autre solution : trouver un autre moyen. (Julie a des problèmes de garde de ses enfants pendant qu’elle travaille. Il va falloir qu’elle trouve une autre nounou que sa voisine.)
  11. un mouvement social : un mouvement de grève, une grève
  12. se déplacer : aller quelque part, notamment à un entretien, un rendez-vous, etc.

* Des explications à propos de ma présentation :

  • bâclé : mal fait, fait à la va-vite
  • fantaisiste : plein de fantaisie
  • la grande banlieue : la banlieue éloignée de Paris, par opposition à la banlieue elle-même.
  • le RER : Réseau Express Régional, c’est-à-dire les trains qui relient Paris, la banlieue et la grande banlieue. Ce terme désigne à la fois le réseau lui-même mais aussi les trains qu’on prend. On dit par exemple :
    J’ai raté mon RER. / J’ai un RER dans 10 minutes.
  • imbuvable : on emploie ce terme à propos de quelqu’un qui est très désagréable et insupportable.
  • ne tenir qu’à un fil : être très fragile et donc toujours menacé
  • un banlieusard : quelqu’un qui habite la banlieue
  • coûte que coûte : à tout prix, malgré tous les obstacles
  • donner le ton : annoncer l’atmosphère de ce qui va suivre

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La musique du film est essentielle, c’est vraiment un élément du récit à part entière.

Voici une interview de la compositrice, Irène Drésel, que vous pouvez lire ou / et écouter, sur Cinezik.fr.
(Parfait pour travailler son français oral, avec l’aide de l’article !)
C’est toujours passionnant d’écouter les gens expliquer comment ils créent, quel est le sens de leur travail.

En voici un tout petit extrait qui résume bien comment cette BO a été imaginée :

Cette musique, elle est imaginée comme… C’est le flux sanguin de… Julie, elle s’appelle dans le film. C’est son flux sanguin, c’est son mental, c’est son moi intérieur, c’est son rythme à elle, en fait. C’est le rythme qu’elle a dans le sang, dans le cœur, jour après jour. C’est pas… c’est pas un air qu’elle fredonne, c’est pas une musique qu’elle a en tête du tout. C’est ce qu’elle ressent. C’est le flux sanguin, le nombre de… le nombre de battements par minute, et aussi le stress qu’elle ressent au quotidien où elle se pose jamais en fait, jamais, jamais, jamais, si ce n’est dans les transports en commun le soir quand enfin, elle est assise et qu’elle regarde le paysage défiler par la fenêtre du train. Cette musique, c’est une musique intérieure, c’est pas une musique de film presque, c’est une musique de personnage .

Dans ce film, on découvre aussi les coulisses des grands hôtels, du point de vue des gens qui y travaillent. Cela m’a fait penser à mon ancienne étudiante, Meriem, dont vous aviez peut-être écouté les interviews sur mon autre site, France Bienvenue. Je vous remets le lien. (Et j’en profite pour vous dire que je vais recommencer à poster des interviews sur France Bienvenue, mais sans mes étudiants puisque je suis à la retraite !)

Je vous dis à très bientôt. ( Ces premières semaines de 2023 ont été bien occupées par notre déménagement de Marseille ! Je vous en reparle aussi bientôt.)

Ça déménage

Des nouvelles d’octobre et novembre, à écouter ou à lire :

Vous vous dites probablement que j’ai encore une fois annoncé mon retour sur ce site (il y a plus d’un mois ) avant de disparaître de nouveau ! Vous avez l’habitude maintenant. La raison, c’est que je déménage. Et donc ce n’est pas rien (1) de quitter une maison qu’on a habitée trente ans ! Bref, nous sommes dans les cartons (2), nous trions, éliminons, donnons, vidons. Et je dois dire que quand je me plonge dans une tâche de cette ampleur, je suis un peu « mono-maniaque », c’est-à-dire que j’ai du mal à faire autre chose. Mais comme nous commençons à y voir un peu plus clair (3), même s’il restera sûrement beaucoup à faire au dernier moment, je voulais vous donner quand même quelques nouvelles.

Dans les cartons

Donc notre maison marseillaise est en vente depuis quelques jours. Un autre aspect que je ne trouve pas très agréable, ce sont les visites qui se succèdent. J’ai maintenant hâte que cette maison soit vendue car en fait, je m’y sens de moins en moins chez moi !

Notre maison aveyronnaise s’agrandit et nous sommes en pleins travaux. Et comme il a bien plu ces derniers temps là-bas, il y a de la boue partout à cause des engins et autres bétonnières, et grue et autres. Mais ça avance bien.

Grue, bétonnière, grands travaux

Les allers-retours entre l’Aveyron et Marseille ont été un peu compliqués ces derniers temps car comme vous le savez peut-être, il y a eu des grèves très suivies dans les raffineries françaises et donc beaucoup de difficultés pour trouver de l’essence dans les stations services. Et bien sûr, tout cela avec une augmentation énorme des prix des carburants, sur fond de guerre en Ukraine, etc.

A part ça, nous avons vu deux films coup sur coup (4), alors que, vous le croirez ou pas, nous n’étions pas retournés au cinéma depuis début 2020 ! Il paraît que c’est une tendance de fond (5) : à cause du covid et des restrictions multiples liées à la crise sanitaire, les Français ont perdu le chemin (6) des salles obscures comme on dit. Pourtant, cela n’a rien à voir (7) d’aller au cinéma par rapport à un film qu’on regarde chez soi. C’était bien ! Un très beau film, mais profondément triste : Close, du Belge Lukas Dhont, dont j’avais déjà beaucoup aimé le film Girl. (Des films en français, malgré leurs titres). Et le deuxième film, c’est le dernier film de James Gray, en anglais donc, Armaggedon Time. Une vision de l’enfance et de l’adolescence aussi, mais beaucoup moins sombre dans le deuxième. Dans ces deux films en tout cas, de jeunes acteurs extraordinaires !

J’ai lu la dernière BD de Jean-Marc Rochette : La Dernière reine, qui vient de sortir et dont tout le monde dit que c’est son meilleur roman graphique. Je vous en parlerai bientôt plus en détail. Mais je crois que Le Loup, et surtout Ailefroide restent mes préférés.

Dans les changements qui pourraient se produire aussi sous peu, il y a l’adoption d’un chat ! Depuis une semaine, un très joli chat très sympathique est arrivé chez nous dans l’Aveyron. Pour être aussi sociable, c’est un chat qui avait une maison, pas un chat errant. Donc j’attends de voir si mes affiches posées dans les environs et mes messages laissés sur différents réseaux pour chats perdus vont aboutir ! La dernière étape avant de décider si nous l’adoptons, ce sera une visite chez le vétérinaire du coin afin de vérifier s’il est « pucé ». J’aimerais bien que le vétérinaire nous dise que oui, il a une puce sous la peau et qu’on retrouve son propriétaire ! En tout cas, tout cela a donné des échanges avec des gens qui ont tous des histoires de chats perdus (et retrouvés parfois) à raconter !

Adoptez-moi !

Pour finir, je reviens au titre de ce billet : il vaudrait mieux dire : « Je déménage », « Nous déménageons ». Ça déménage est une expression qu’on emploie essentiellement à propos d’un spectacle, d’un concert qui est tout sauf mou (8). Donc il y a des décibels, de l’action, de l’énergie. On peut l’employer aussi à propos d’un enfant par exemple qui est toujours en mouvement, qui saute partout, qui a de l’énergie à revendre (9). Et tout ça me permet de conclure en vous parlant de mon neveu, un petit gars de quatre ans et demi, parce que quand il est là, ça déménage ! Et c’est lui qui m’a passé ce rhume agaçant qui me donne cette voix d’aujourd’hui dans mon enregistrement ! Allez, je vous dis à bientôt avec d’autres sujets intéressants, j’espère, et une voix normale. A bientôt.

Quelques détails :

  1. Ce n’est pas rien (de faire quelque chose) : cette expression signifie que c’est très important ou compliqué. On dit souvent aussi : Ce n’est pas une mince affaire.
  2. être dans les cartons : être occupé à faire des cartons (pour déménager)
  3. y voir plus clair : se sortir de quelque chose de compliqué
  4. coup sur coup : cela signifie que des événements par exemple se produisent juste l’un après l’autre, sans laps de temps important entre les deux.
  5. une tendance de fond : un changement qui a l’air de s’installer pour durer
  6. perdre le chemin de… : ne plus retourner quelque part, cesser d’y aller
  7. cela n’a rien à voir : c’est très différent
  8. tout sauf mou : pas mou du tout.
  9. avoir de l’énergie à revendre : cette expression signifie que quelqu’un a vraiment beaucoup d’énergie. On peut l’utiliser aussi avec le mot patience par exemple : il a de la patience à revendre.




Et vous ?

Non, je ne vais pas vous demander comment vous allez, ni ce que vous pensez de ce monde tel qu’il tourne, ou tel que certains le font tourner, au 21è siècle, comme si nous n’avions jamais rien appris de tout ce qui nous précède.

Je vais juste modestement continuer, pour le moment, à vous parler du français et vous demander, si vous aussi, vous avez remarqué ce problème de conjugaison lorsqu’une phrase contient le pronom personnel vous et un verbe du premier groupe juste à côté. Je vous en donne seulement trois exemples que j’ai rencontrés mais si j’en parle, c’est que je pourrais vous en montrer d’autres car vraiment, cette faute devient monnaie courante (1) dans notre langue :

Cela a commencé avec cette recette. Les réseaux sociaux, il faut bien le reconnaître, ne sont pas le meilleur endroit pour apprendre l’orthographe. Donc pas de réelle surprise.

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Puis ça a continué dans un email.
Un email professionnel.

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Et maintenant, ça arrive aussi sur des sites très officiels, ou dans des journaux. Et ici, deux fois coup sur coup (2) !

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Bien sûr, le français est compliqué, avec ses conjugaisons et ses accords. Bien sûr, quand on est petit et qu’on apprend à conjuguer, en commençant par les verbes du premier groupe, on retient que le verbe prend la terminaison -ez lorsque le sujet est le pronom vous : vous donnez, vous lancez, vous souhaitez. Et on sait que le verbe avoir devient vous avez. Mais que se passe-t-il pour que certains se mettent à faire ces grossières erreurs ?

A l’origine de cette faute qui se répand, on trouve principalement deux choses :
– le même son pour la terminaison -er et la terminaison -ez
– le fait qu’en français, les pronoms compléments peuvent être avant le verbe qu’ils complètent.

Dans les exemples ci-dessus, c’est donc la présence de vous juste avant un verbe du 1er groupe ou juste avant avoir qui entraîne ce mauvais accord. Pourtant, à défaut de (3) comprendre comment les phrases sont faites et quel est le rôle de chaque mot (sujet, verbe, complément), c’est très simple d’être vigilant et de penser à faire, si on n’est pas très sûr de soi, ce qu’on apprend normalement à l’école primaire : remplacer par des termes pour lesquels il n’y a pas d’équivoque possible, ou reformuler.

  • Je vous avais posté : normalement, la prononciation entre avais et avez est différente. Mais selon la région ou on habite, l’accent peut changer. Dans le sud notamment, les gens prononcent ces deux mots comme avez, ce qui ne les aide pas à éviter cette faute. Il suffirait donc d’enlever vous et de dire simplement : J’avais posté une recette pour vous. Dans ce cas, on peut espérer que personne n’écrirait : j’avez ! (Bon, je ne n’en mettrais pas ma main à couper (4), tout est possible !)
  • pour vous souhaiter / envie de vous lancer / nous allons vous donner : il suffit de remplacer les verbes du 1er groupe par des verbes d’un autre groupe – vendre, recevoir, dire, etc. – et dire par exemple : pour vous vendre, envie de vous dire, nous allons vous recevoir, ce qui nous montre bien qu’il faut un verbe à l’infinitif.

Et si jamais c’était un problème avec des correcteurs orthographiques automatiques qui ne savent pas aussi bien réfléchir que nous pour le moment, la seule solution, c’est de se relire attentivement.

Quelques expressions :

  1. devenir monnaie courante : devenir très habituel, très fréquent. On dit aussi : C’est monnaie courante.
  2. coup sur coup : immédiatement l’un après l’autre
  3. à défaut de faire quelque chose : au cas où où on ne ferait pas quelque chose (alors qu’on devrait)
  4. Je n’en mettrais pas ma main à couper : je n’en suis pas certain(e) du tout. On dit aussi : Je n’en mettrais pas ma main au feu. (qui est d’ailleurs l’expression d’origine)

Les richesses du web (4) : France TV arts

Je continue à partager avec vous ces lieux sur internet que j’aime beaucoup et si riches à tous points de vue, comme je l’ai expliqué il y a quelque temps dans un billet précédent.

« L’art de vous ouvrir à la culture » : c’est ainsi que France TV Arts décrit sa raison d’être et nous propose des documentaires sur des sujets variés sur la plateforme France TV. Mais il suffit d’aller sur leur compte Instagram pour regarder de courtes vidéos. Et comme les autres sites dont je vous ai déjà parlé, tout ce que disent les personnes interrogées est sous-titré. Et cela alterne avec du texte. C’est vraiment très riche.

J’ai regardé cette courte vidéo sur la sculpture de Degas, La Petite Danseuse de quatorze ans, que j’avais vue au Musée d’Orsay. Et ça a été une vraie découverte sur la façon dont ce qui est considéré aujourd’hui comme un chef d’oeuvre a été reçu à l’époque. Le conservateur des sculptures du Musée d’Orsay, en quelques minutes, rend passionnante cette histoire. Histoire esquissée de la danse et d’un milieu social. Histoire de théories sociales qui avaient cours au 19è siècle. Histoire aussi de la place des femmes. Et détails techniques et artistiques sur la création de cette oeuvre.

L’autre devise de FranceTV Arts, c’est « l’art sous toutes ses formes« . Et c’est exactement ça : cinéma, littérature, peinture, photographie, musique, etc. Une grande diversité de sujets à explorer, d’hier et d’aujourd’hui, qui donnent toujours envie d’en savoir plus. Un régal.

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Un peu de vocabulaire :

  1. effaroucher quelqu’un : faire peur à quelqu’un. Les gens de l’époque ont été effarouchés, c’est-à-dire qu’ils ont été choqués.
  2. les coulisses de la danse classique : le contexte général, ce qu’on ne voit pas au premier abord et qui peut nous permettre de mieux comprendre. C’est un terme qui vient du théâtre, pour désigner le lieu derrière la scène.
  3. être à la merci de quelqu’un : ne pas avoir de liberté de choix face à cette personne et donc dépendre d’elle.
  4. les faveurs sexuelles : cela signifie en fait que la personne se prostitue
  5. Ils n’ont pas manqué de… = ils l’ont fait. C’était certain qu’ils allaient le faire.
  6. avoir recours à quelque chose : utiliser quelque chose

Des expressions avec le verbe faire :
faire l’unanimité : être approuvé par tout le monde. Donc ne pas faire l’unanimité signifie que certains critiquent quelque chose : une oeuvre d’art, un film mais aussi par exemple une décision, un choix. On dit par exemple : C’est une décision / une mesure qui ne fait pas l’unanimité.
faire scandale : susciter un scandale, choquer

La curiosité éveillée par cette vidéo m’a rappelé qu’il y a quelques années, était paru un livre de Camille Laurens, La Petite danseuse de quatorze ans. Je pense que je vais le trouver dans une des bibliothèques où je suis inscrite, à Marseille ou dans l’Aveyron.

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Les richesses du web (2) : Génération 2022, sur France Info

France Info est sur les réseaux sociaux bien sûr. Sur leur compte Instagram, on trouve toute une série de courtes interviews de jeunes Français, regroupées sous le titre Génération 2022. Manon Mella, la journaliste, est jeune aussi et fait ça très bien, de manière vivante. Ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’elle part à la rencontre de jeunes de tous horizons, à travers la France, avec en toile de fond les élections présidentielles qui approchent à grands pas. Donc c’est varié, plein de naturel et au plus près de ce que pense cette génération accusée, à tort, par certains de vivre dans sa bulle individualiste et matérialiste.

Si vous ajoutez à ces qualités le fait que ces mini-reportages sont sous-titrés, qu’ils ne durent que quelques minutes, mais des minutes où les échanges sont riches, vous avez les ingrédients parfaits pour entendre parler des préoccupations des jeunes Français, dans un français authentique.

Sur le compte instagram, on repère facilement cette série : des portraits où s’affichent un prénom – Camille, Jordan, Martin, Alexandra, etc – un âge – ils ont en gros entre 17 et 28 ans – leur métier ou leur statut et le nom de leur ville. Alors, partez à la recherche des photos avec des taches jaunes sur la mosaïque des publications de France Info ! ( Il y en a juste deux ou trois sur fond rouge au tout début de la série en septembre 2021. )

Je vous laisse en compagnie de Lucien (tiens, ce vieux prénom revient à la mode), qui est bien parti pour reprendre la boulangerie familiale dans un petit village dans l’ouest. J’ai choisi cette publication à cause de la boulangerie ! Typique de la France, non ? 😉

Pour ceux qui préfèrent écouter cette présentation :

Des explications :

  1. ça bouge pas beaucoup : il ne se passe pas grand-chose, la vie n’est pas hyper excitante
  2. les gros titres : les titres des articles dans la presse
  3. repousser quelque chose : remettre à plus tard quelque chose qu’on veut ou qu’on doit faire
  4. compter faire quelque chose : avoir vraiment l’intention de faire quelque chose
  5. reprendre un commerce : prendre la succession de quelqu’un à la tête d’un commerce
  6. une grande surface : un supermarché
  7. voter écolo : voter pour les écologistes, qui défendent l’environnement
  8. on est dans tout ce qui est naturel : on se préoccupe d’avoir un mode de vie sain et respectueux de l’environnement
  9. vachement : très / beaucoup (familier)
  10. le bio : tous les produits issus de l’agriculture biologique par exemple
  11. faire gaffe à quelque chose / de ne pas faire quelque chose : faire attention à quelque chose (aprce qu’il y a un risque) ou prêter attention à quelque chose, remarquer quelque chose (familier)
    On dit par exemple :
    Fais gaffe de pas tomber ! C’est glissant ici.
    – Tu as vu ce qu’ils ont annoncé aux infos ?
    Ah non ! J’ai pas fait gaffe.
  12. sensibiliser quelqu’un (à quelque chose) : lui faire prendre conscience de certains problèmes en lui en parlant et en lui expliquant ce qui se passe. On parle de campagnes de sensibilisation. (sur le harcèlement scolaire, sur les problèmes environnementaux, etc.)

J’espère que vous avez tous la possibilité d’accéder à ce site, où que vous viviez.
Et en allant sur la page de Manon Mella sur France Info, vous retrouverez tous ces portraits ainsi que d’autres, au rythme de un par jour. On peut s’abonner à ce podcast pour être sûr d’écouter tous les jours. C’est du beau travail !
A bientôt.