Elles sont petites ? Elle voudraient être plus grandes.
Elles se trouvent trop grandes ? Elles aimeraient faire quelques centimètres de moins.
Elles ont les cheveux qui ondulent ? Ah, si seulement elles les avaient parfaitement lisses !
Elles ont la peau très claire ? Elles rêvent d’une peau qui bronze sans problème.
Elles n’auront jamais la taille mannequin ? Elles font régime après régime pour tenter de s’en approcher.
Jamais contentes de leur image !
Et les modes qui changent.
Et les hommes n’y échappent pas, même si la pression paraît un peu moindre sur eux.
Et pour certaines (et certains), c’est carrément devoir renier ce qu’on est, au point de vouloir changer la couleur de sa peau.
Transcription:
– Qu’est-ce que vous cherchez, vous ?
– Une perruque.
– Alors là, c’est les vrais ou c’est une perruque ?
– Là, c’est une perruque.
– Et les vrais en-dessous, ils sont comment ?
– Ils sont plus courts.
– On voit jamais vos vrais cheveux ?
– Oh si, quand même.
– C’est pas qu’on cache nos cheveux. On n’a pas honte de nos cheveux. Au contraire. Avec les cheveux, on peut faire beaucoup de choses. Mais on change, c’est tout. C’est histoire de (1) changer de tête (2). De toute façon, il y a beaucoup de caucasiens qui le font aussi, hein, qui viennent acheter des perruques, qui achètent des rajouts, qui achètent des tissages.
– La question, c’est pas de cacher les cheveux frisés ?
– Ah non. Bah non. Au contraire, l’afro, c’est à la mode, hein. L’afro revient à la mode, donc, non, on n’a pas honte.
– C’est plutôt une bonne chose, vous trouvez ?
– Ah, bah bien sûr. C’est un phénomène de mode. Quand le lisse sera à la mode, tout le monde se passera (3) au lisse, quand ce sera le frisé, tout le monde passera au frisé. Et si on peut le faire avec nos vrais cheveux, on le fait avec nos vrais cheveux. Maintenant (4), ce qu’il y a, c’est que c’est vrai que c’est plus long à coiffer. Il y a des couleurs aussi qu’on n’ose pas mettre sur nos vrais cheveux parce que ça abîme la texture du cheveu. Donc pourquoi pas (5) le prendre en perruque ? On voit beaucoup de jeunes en ce moment qui se coiffent comme Rihanna. Beyoncé, c’est une référence. Naomi Campbell avec la frange, c’est une référence.
– Ce qui frappe dans ce que vous dites, c’est que les références des jeunes femmes noires sont plutôt claires. Rihanna et Beyoncé,elles sont pas très foncées, quoi.
– Bah il faut penser qu’à la base… Elles sont claires, elles se sont peut-être peu dépigmenté la peau mais Naomi Campbell, elle a son… son vrai teint. Comment elle s’appelle, celle que… qui a la perruque rousse, là ? Le mannequin, là.
– Tyra Banks ?
– Ouais, Tyra Banks. Elle a un beau teint, elle, hein. Elle est pas claire…
– Vous avez combien de perruques chez vous ?
– Tous les mois, j’essaie de changer de coupe, tous les mois.
– Ah oui ! Vous avez des centaines de perruques chez vous, alors !
– J’irais pas jusqu’à dire j’ai une centaine de perruques, mais je vois j’en ai pas mal.
– Ça coûte combien, la perruque ?
– Ça dépend, ça dépend de la qualité en fait.
– Elle coûte combien, celle… la vôtre par exemple ?
– Celle que je viens de prendre, elle est à 50 €.
– 50 € par mois, quand même, ça fait un sacré budget, oui !
– Ouais, 50€, ou 200 ou 300€ par mois, hein.
– Regardez ce qu’on vend dans cette vitrine, là. « Skin white- Gel éclaircissant purifiant. »
– Ah oui, bah ça, c’est courant. C’est tout ce qu’on trouve ici. Je pense que c’est peut-être interdit mais c’est au consommateur de se préserver, hein. Le vendeur, lui (6), il veut vendre.
– Non parce que là, c’est vraiment en vitrine. Regardez, là, c’est du lait corps éclaircissant. Ça a vraiment pignon sur rue (7), quoi ! C’est pas du tout caché, hein.
– Oui. Non, non, après, c’est chacun son choix.
– Vous avez jamais essayé, vous ?
– Ah, non, non, pas du tout. Non. Ça m’intéresse pas. Mais moi, je trouve que les femmes noires, elles (8) sont belles. C’est la différence qui est… qui est bien… de voir des gens plus noirs, d’autres moins noirs, d’autres plus clairs, d’autres plus blancs, d’autres jaunes. C’est ça qui est bien ! C’est ça qui fait la diversité de… de la vie. Moi, je me mets mon beurre de karité, ça me va (9).
– Vous avez déjà essayé tout ça, vous ?
– Bah en fait, il y a beaucoup d’Africains qui préfèrent devenir clairs.
– Ça se vend bien, ce genre de produit, à votre connaissance ?
– Bah oui.
– Vous connaissez des gens qui le mettent ?
– Oui, ma mère.
– Votre mère, elle met des… des crèmes blanchissantes ?
– (Arrête !)
– Oui.
– Alors, vous en avez déjà parlé avec elle ?
– Bah oui. Ça lui a déjà donné des maladies. Il y a son rein qui a absorbé tous les produits, enfin d’après les médecins.
– C’est dangereux, quoi, ces produits-là.
– Hm.
– Il y a que les filles qui mettent de ces produits ?
– Non.
– Non, il y a des garçons aussi.
– C’est vrai ?
– Moi, j’en mets pas, c’est vrai.
– Ça se voit que vous en mettez pas.
Quelques détails:
1. histoire de faire quelque chose: pour faire quelque chose. (familier)
2. changer de tête: changer son apparence. (en se coiffant différemment, en adoptant une autre coupe de cheveux)
3. se passera: on dit plutôt, comme elle le fait juste après, passera.
4. maintenant: ici, ce n’est pas le sens temporel. C’est pour nuancer ce qui vient juste d’être dit.
5. pourquoi pas faire…: la forme correcte, c’est Pourquoi ne pas faire… A l’oral, on supprime ne très souvent.
6. le vendeur, lui, il veut…: « lui » sert à renforcer le sujet. A l’écrit, il ne faut pas oublier les virgules. Et comme souvent à l’oral, on met deux sujets: le vendeur et il.
7. avoir pignon sur rue: cette expression signifie que c’est totalement accepté, ça fait partie des habitudes, c’est reconnu.
8. les femmes noires, elles… : encore une répétition du sujet. Style familier. On ne l’écrit jamais.
9. ça me va: ça me convient.
10. ça se voit: c’est visible.
Et pour revenir sur le jeu de mots dans le titre de l’article publié sur internet:
* avoir la peau dure: être solide, résistant, ne pas être près de disparaître.