Ça déménage

Des nouvelles d’octobre et novembre, à écouter ou à lire :

Vous vous dites probablement que j’ai encore une fois annoncé mon retour sur ce site (il y a plus d’un mois ) avant de disparaître de nouveau ! Vous avez l’habitude maintenant. La raison, c’est que je déménage. Et donc ce n’est pas rien (1) de quitter une maison qu’on a habitée trente ans ! Bref, nous sommes dans les cartons (2), nous trions, éliminons, donnons, vidons. Et je dois dire que quand je me plonge dans une tâche de cette ampleur, je suis un peu « mono-maniaque », c’est-à-dire que j’ai du mal à faire autre chose. Mais comme nous commençons à y voir un peu plus clair (3), même s’il restera sûrement beaucoup à faire au dernier moment, je voulais vous donner quand même quelques nouvelles.

Dans les cartons

Donc notre maison marseillaise est en vente depuis quelques jours. Un autre aspect que je ne trouve pas très agréable, ce sont les visites qui se succèdent. J’ai maintenant hâte que cette maison soit vendue car en fait, je m’y sens de moins en moins chez moi !

Notre maison aveyronnaise s’agrandit et nous sommes en pleins travaux. Et comme il a bien plu ces derniers temps là-bas, il y a de la boue partout à cause des engins et autres bétonnières, et grue et autres. Mais ça avance bien.

Grue, bétonnière, grands travaux

Les allers-retours entre l’Aveyron et Marseille ont été un peu compliqués ces derniers temps car comme vous le savez peut-être, il y a eu des grèves très suivies dans les raffineries françaises et donc beaucoup de difficultés pour trouver de l’essence dans les stations services. Et bien sûr, tout cela avec une augmentation énorme des prix des carburants, sur fond de guerre en Ukraine, etc.

A part ça, nous avons vu deux films coup sur coup (4), alors que, vous le croirez ou pas, nous n’étions pas retournés au cinéma depuis début 2020 ! Il paraît que c’est une tendance de fond (5) : à cause du covid et des restrictions multiples liées à la crise sanitaire, les Français ont perdu le chemin (6) des salles obscures comme on dit. Pourtant, cela n’a rien à voir (7) d’aller au cinéma par rapport à un film qu’on regarde chez soi. C’était bien ! Un très beau film, mais profondément triste : Close, du Belge Lukas Dhont, dont j’avais déjà beaucoup aimé le film Girl. (Des films en français, malgré leurs titres). Et le deuxième film, c’est le dernier film de James Gray, en anglais donc, Armaggedon Time. Une vision de l’enfance et de l’adolescence aussi, mais beaucoup moins sombre dans le deuxième. Dans ces deux films en tout cas, de jeunes acteurs extraordinaires !

J’ai lu la dernière BD de Jean-Marc Rochette : La Dernière reine, qui vient de sortir et dont tout le monde dit que c’est son meilleur roman graphique. Je vous en parlerai bientôt plus en détail. Mais je crois que Le Loup, et surtout Ailefroide restent mes préférés.

Dans les changements qui pourraient se produire aussi sous peu, il y a l’adoption d’un chat ! Depuis une semaine, un très joli chat très sympathique est arrivé chez nous dans l’Aveyron. Pour être aussi sociable, c’est un chat qui avait une maison, pas un chat errant. Donc j’attends de voir si mes affiches posées dans les environs et mes messages laissés sur différents réseaux pour chats perdus vont aboutir ! La dernière étape avant de décider si nous l’adoptons, ce sera une visite chez le vétérinaire du coin afin de vérifier s’il est « pucé ». J’aimerais bien que le vétérinaire nous dise que oui, il a une puce sous la peau et qu’on retrouve son propriétaire ! En tout cas, tout cela a donné des échanges avec des gens qui ont tous des histoires de chats perdus (et retrouvés parfois) à raconter !

Adoptez-moi !

Pour finir, je reviens au titre de ce billet : il vaudrait mieux dire : « Je déménage », « Nous déménageons ». Ça déménage est une expression qu’on emploie essentiellement à propos d’un spectacle, d’un concert qui est tout sauf mou (8). Donc il y a des décibels, de l’action, de l’énergie. On peut l’employer aussi à propos d’un enfant par exemple qui est toujours en mouvement, qui saute partout, qui a de l’énergie à revendre (9). Et tout ça me permet de conclure en vous parlant de mon neveu, un petit gars de quatre ans et demi, parce que quand il est là, ça déménage ! Et c’est lui qui m’a passé ce rhume agaçant qui me donne cette voix d’aujourd’hui dans mon enregistrement ! Allez, je vous dis à bientôt avec d’autres sujets intéressants, j’espère, et une voix normale. A bientôt.

Quelques détails :

  1. Ce n’est pas rien (de faire quelque chose) : cette expression signifie que c’est très important ou compliqué. On dit souvent aussi : Ce n’est pas une mince affaire.
  2. être dans les cartons : être occupé à faire des cartons (pour déménager)
  3. y voir plus clair : se sortir de quelque chose de compliqué
  4. coup sur coup : cela signifie que des événements par exemple se produisent juste l’un après l’autre, sans laps de temps important entre les deux.
  5. une tendance de fond : un changement qui a l’air de s’installer pour durer
  6. perdre le chemin de… : ne plus retourner quelque part, cesser d’y aller
  7. cela n’a rien à voir : c’est très différent
  8. tout sauf mou : pas mou du tout.
  9. avoir de l’énergie à revendre : cette expression signifie que quelqu’un a vraiment beaucoup d’énergie. On peut l’utiliser aussi avec le mot patience par exemple : il a de la patience à revendre.




Au ciné, avec les enfants des autres

Me revoici par ici, après un long silence !
Avec, comme souvent, la bande annonce d’un film qui vient de sortir (et que je n’ai pas encore vu, comme d’habitude). Un sujet qui peut parler à certains, Virginie Efira toujours aussi juste dans ses rôles. Et un français qui va vite, très naturellement, parfait pour vous qui avez envie de tout comprendre de notre langue.

C’est l’occasion aussi pour moi de vous raconter qu’hier, après m’être occupée toute ma vie des enfants des autres, mais en tant que prof, depuis l’âge de 23 ans, j’ai eu mes derniers étudiants et donné mon dernier cours ! Et aujourd’hui, c’est mon premier jour d’une retraite bien méritée, comme on dit !

Alors, cela va sans doute me laisser plus de temps pour m’occuper du français des autres, sur ce blog ! Il faut aussi que je réfléchisse à ce que je vais faire de mon autre site, France Bienvenue, sans mes équipes d’étudiants qui se sont succédé au fil des années universitaires. Affaire à suivre, en espérant que vous êtes toujours partants !

Pour regarder la bande annonce, c’est ici.
Et au cas où vous n’y auriez pas accès de là où vous vivez, voici juste le son. Moins bien évidemment. Mais c’est mieux que rien :

Transcription
– Bon, allez, vous pouvez tous sortir, dans le calme (1), s’il vous plait (2).
– Et toi, Rachel, pour les stages (3), tu as rendu le tableau ?
– Ah non, j’ai pas rendu le tableau. Mais j’ai quelqu’un.
– Une description ?
– Grand, 1 mètre 95.
– Je suis amoureux de toi.
– Et une petite fille de quatre ans.
– Et il est parti ?
– C’est elle qui l’a quitté.
– Je pose une question.
– Papa, tu vieillis mal (4), hein !
– Je veux la rencontrer. Je veux rencontrer Leïla.
– ça a rien d’évident (5), tu sais. Les enfants des autres, parfois…
– Bonjour.
– Leïla.
– Tu as quel âge, Leïla ?
– Quatre ans et demi (6).
– Ouah !
– Je peux te faire un petit bisou (7) ?
– ça va , mon coeur (8) ?
– Oui !
– Bonjour Alice. Moi, je suis Rachel.
– Maman !
– Bonjour Rachel. Bah alors, oui, les bisous, les bonjours à Rachel ?
– Pourquoi Rachel, elle est tout le temps là ? Moi, je veux qu’elle s’en aille.
(Chanson de Françoise Hardy : Mais si tu crois un jour que tu m’aimes…)
– Elle a cinq ans ! Je vais pas t’apprendre qu’à cet âge-là, ça veut strictement rien dire.
– On dirait que tu fais semblant de pas comprendre que je m’attache à elle (9).
– A la fin de la journée (10), c’est vous son père et sa mère, pour toujours. Je resterai (11) une figurante (12).
– Tu exagères.
– Je me sens piégée.
– Moi aussi, je suis piégé.
– Tu veux encore des enfants ? Pas de problème, c’est quand tu veux, toi. Tu es piégé de quoi, toi ? Pour moi, c’est trop tard.
– Si vous voulez un enfant, c’est maintenant.
– Oui, on verra. La vie est courte et longue.
– Oui, la vie est longue.

Des explications

  1. dans le calme : sans agitation, sans faire trop de bruit. C’est l’expression consacrée dans les écoles, les collèges et les lycées. On n’utilise pas « calmement » aussi naturellement. Par exemple : travailler dans le calme – sortir / entrer dans le calme – s’installer dans le calme
  2. s’il vous plait : on peut adopter cette orthographe ou l’orthographe d’origine, avec un accent circonflexe : s’il vous plaît.
  3. un stage : une période d’immersion dans une entreprise, sans être salarié de cette entreprise. Dans l’enseignement secondaire, les élèves en France doivent faire un petit stage pour découvrir le monde professionnel.
  4. Tu vieillis mal : tu deviens intolérant, désagréable en vieillissant.
  5. ça a rien d’évident : c’est compliqué
  6. quatre ans et demi : on n’accorde pas demi car il est avec un nom masculin (un an). Il s’accorde quand il est après le nom et si ce nom est féminin : une heure et demie. (Mais on écrit une demi-heure et midi et demi). Beaucoup de Français se trompent car il faut reconnaître que c’est un peu subtil… et que ça ne sert pas à grand chose!
  7. un bisou : c’est le terme employé par les enfants pour parler d’une bise. Mais beaucoup d’adultes l’utilisent, et pas forcément avec des enfants. On peut terminer une lettre, un mail par : Bisous / Gros bisous, si on est ami ou proche de cette personne. C’est plus intime que Bises.
  8. mon coeur : c’est une façon affectueuse de s’adresser à quelqu’un qu’on aime. Rachel aurait pu dire aussi : Ma puce.
  9. s’attacher à quelqu’un : se sentir de plus en plus proche de quelqu’un et avoir des liens avec cette personne
  10. à la fin de la journée : normalement, en français, cela signifie vraiment quand la journée se termine. Mais ici, c’est bizarre. Donc je me suis demandé si ce n’était pas un anglicisme (at the end of the day), à la place des expressions naturelles en français : en fin de compte / au bout du compte / de toute façon
  11. je resterai : je ne sais pas si c’est au futur (je resterai) ou au conditionnel présent (Je resterais) car la prononciation est souvent la même, même si on vous apprend qu’il y a une différence. Si c’est un conditionnel, cela indique un peu plus fortement qu’elle ne peut pas se satisfaire de la situation. Les deux marchent en tout cas.
  12. une figurante (au masculin : un figurant) : on utilise ce terme à propos de tous ceux qu’on voit dans un film mais dans un rôle très secondaire, sans rien à dire en général. On emploie aussi l’expression : faire de la figuration. Au sens figuré, cela signifie qu’on n’a pas un vrai rôle, une vraie place dans une situation donnée.

A bientôt