Les richesses du web (4) : France TV arts

Je continue à partager avec vous ces lieux sur internet que j’aime beaucoup et si riches à tous points de vue, comme je l’ai expliqué il y a quelque temps dans un billet précédent.

« L’art de vous ouvrir à la culture » : c’est ainsi que France TV Arts décrit sa raison d’être et nous propose des documentaires sur des sujets variés sur la plateforme France TV. Mais il suffit d’aller sur leur compte Instagram pour regarder de courtes vidéos. Et comme les autres sites dont je vous ai déjà parlé, tout ce que disent les personnes interrogées est sous-titré. Et cela alterne avec du texte. C’est vraiment très riche.

J’ai regardé cette courte vidéo sur la sculpture de Degas, La Petite Danseuse de quatorze ans, que j’avais vue au Musée d’Orsay. Et ça a été une vraie découverte sur la façon dont ce qui est considéré aujourd’hui comme un chef d’oeuvre a été reçu à l’époque. Le conservateur des sculptures du Musée d’Orsay, en quelques minutes, rend passionnante cette histoire. Histoire esquissée de la danse et d’un milieu social. Histoire de théories sociales qui avaient cours au 19è siècle. Histoire aussi de la place des femmes. Et détails techniques et artistiques sur la création de cette oeuvre.

L’autre devise de FranceTV Arts, c’est « l’art sous toutes ses formes« . Et c’est exactement ça : cinéma, littérature, peinture, photographie, musique, etc. Une grande diversité de sujets à explorer, d’hier et d’aujourd’hui, qui donnent toujours envie d’en savoir plus. Un régal.

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Un peu de vocabulaire :

  1. effaroucher quelqu’un : faire peur à quelqu’un. Les gens de l’époque ont été effarouchés, c’est-à-dire qu’ils ont été choqués.
  2. les coulisses de la danse classique : le contexte général, ce qu’on ne voit pas au premier abord et qui peut nous permettre de mieux comprendre. C’est un terme qui vient du théâtre, pour désigner le lieu derrière la scène.
  3. être à la merci de quelqu’un : ne pas avoir de liberté de choix face à cette personne et donc dépendre d’elle.
  4. les faveurs sexuelles : cela signifie en fait que la personne se prostitue
  5. Ils n’ont pas manqué de… = ils l’ont fait. C’était certain qu’ils allaient le faire.
  6. avoir recours à quelque chose : utiliser quelque chose

Des expressions avec le verbe faire :
faire l’unanimité : être approuvé par tout le monde. Donc ne pas faire l’unanimité signifie que certains critiquent quelque chose : une oeuvre d’art, un film mais aussi par exemple une décision, un choix. On dit par exemple : C’est une décision / une mesure qui ne fait pas l’unanimité.
faire scandale : susciter un scandale, choquer

La curiosité éveillée par cette vidéo m’a rappelé qu’il y a quelques années, était paru un livre de Camille Laurens, La Petite danseuse de quatorze ans. Je pense que je vais le trouver dans une des bibliothèques où je suis inscrite, à Marseille ou dans l’Aveyron.

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Les richesses du web (1) : Brut

Je ne sais pas si vous préférez commencer par écouter puis lire ensuite ce que je raconte, ou l’inverse. Vous avez le choix, avant surtout d’aller écouter Adèle, plus bas, sur Brut !

On peut perdre beaucoup de temps sur internet, c’est certain, mais on peut surtout y découvrir tellement de richesses ! Au fil des jours à venir, je vais partager avec vous tout un tas de sites que je trouve vraiment intéressants quand on apprend le français. Même si vous ne vivez pas en France ou que vous avez trop peu d’occasions de séjourner dans un pays francophone – surtout en ce moment à cause du Covid – pas de problème, vous pouvez mettre du français tous les jours dans votre vie et autant que vous voulez ! C’est la magie d’internet !

Dans cette série de publications, je vais commencer par tous ces sites que je trouve plus qu’utiles et surtout intéressants pour écouter, écouter, écouter ! Mais si on écoute sans comprendre, ça ne sert à rien et ce n’est pas très motivant. Donc les sites que j’apprécie beaucoup ont l’énorme avantage d’être sous-titrés – et bien sous-titrés, sans erreurs.

Je les ai choisis aussi parce qu’ils racontent tous notre vie et témoignent de notre vision des choses. Les sujets sont variés, les gens sont intéressants. On y trouve toujours son bonheur.

Je les ai choisis parce que leurs publications sont courtes et très régulières. C’est parfait pour qu’ils fassent partie de votre vie quotidienne.

Et personnellement, je trouve que grâce à Instagram, c’est très simple de suivre ces comptes, tous ou seulement ceux qui vous accrochent, parce qu’on a toujours son téléphone avec soi et toujours quelques minutes à « perdre » de-ci, de-là dans une journée. De mon côté, j’aurais adoré avoir accès à toute cette richesse quand je faisais mes études d’anglais et je me rattrape aujourd’hui grâce aux comptes anglophones que je suis.

Vous êtes sûrement nombreux à regarder Brut. Voici une des belles découvertes que j’y ai faite récemment. Cette jeune femme, Adèle, m’a captivée. C’est un tel plaisir de l’écouter parler – sa voix, sa diction, son français – et quel parcours partagé avec force, simplicité et humilité ! Comment, ensuite, ne pas devenir plus attentif aux malentendants si on n’a pas trop réfléchi à la question avant ?

J’ai aussi été interpellée par ce qu’elle dit d’une des ses profs d’espagnol, qui est complètement passée à côté de cette jeune fille quand elle était élève, sans méchanceté sans doute, j’espère, mais plutôt par ignorance. Je suis prof et je sais qu’il est très facile de porter des jugements erronés et simplificateurs sur des jeunes et que ça ne devrait pas être le cas quand on enseigne.

Je me dis qu’on peut beaucoup apprendre de son parcours, de sa vie quotidienne, de sa ténacité. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a écrit un livre. Mais juste l’écouter sur Brut, quelques minutes, c’est déjà une très belle expérience, à tous points de vue ! Bonne écoute à vous.

Des explications :

  1. C’est l’angoisse : c’est très stressant (style oral)
  2. être appareillé : porter un appareil auditif qui permet de mieux entendre
  3. un bandeau : c’est un morceau de tissu passé autour de la tête pour retenir les cheveux longs
  4. la moyenne : pendant les études, c’est le résultat final de toutes les notes qu’on obtient dans une matière. Dans le système français, les notes vont de 0 à 20.
    On dit par exemple :
    – Je n’ai pas la moyenne en maths. Mais ma moyenne d’anglais est bonne.
    – Elle a une mauvaise moyenne en espagnol.

    – Elle a eu 13 de moyenne en français.
    – Il faut que je remonte ma moyenne.
  5. formuler quelque chose : exprimer quelque chose, le dire clairement
  6. se faire passer pour maladroite : choisir d’apparaître comme maladroite aux yeux des autres, donner volontairement l’impression qu’on est maladroit.
  7. faire une fac d’histoire de l’art : aller à l’université pour étudier l’histoire de l’art. Fac est l’abréviation de faculté, qui remplace souvent le terme université.
  8. se tuer à la tâche : travailler énormément, ce qui fatigue beaucoup
  9. un amphi : un cours à l’université qui a lieu en amphithéâtre, avec beaucoup d’étudiants rassemblés dans une très grande salle. Très souvent, on utilise ce terme qui désigne d’abord un lieu pour parler du cours lui-même.
    On dit par exemple : Demain j’ai amphi de droit.
  10. lâcher : abandonner, renoncer à faire quelque chose parce que c’est trop difficile, impossible à faire
  11. le désarroi : le fait de se sentir perdu et angoissé
  12. perdre de l’audition : entendre de moins en moins bien
  13. sur un mois : en un mois
  14. citadine : qui vit en ville
  15. un pendu : c’est un jeu auquel on joue enfant, dans lequel il faut retrouver les lettres d’un mot qui ont été remplacées par des tirets. On annonce une lettre et si elle n’est pas dans le mot choisi par l’adversaire, on dessine peu à peu les éléments d’un « pendu », le but étant de trouver le mot caché avant que le dessin ne soit complet.
  16. le brouhaha : une atmosphère bruyante, dans laquelle de nombreux sons et bruits se mélangent.

Voilà, c’était mon premier partage dans cette série de publications. (Il y aura quand même d’autres choses entre, des films, des lectures, des pubs, etc. !)

Il m’a semblé que c’était une bonne idée de ne pas faire une longue liste de sites dans un seul et même billet mais plutôt de faire ça progressivement, pour que vous puissiez vous faire une idée au fur et à mesure, à travers un exemple qui m’a bien plu et qui, de toute façon, me donne l’occasion, comme toujours ici, de faire du français avec vous. 🙂

Renault 12

Grâce à une émission de France Inter, j’ai découvert un très beau film, au titre surprenant, Renault 12, réalisé par Mohamed El Khatib. J’avais juste entendu parler de ses pièces de théâtre mais je ne savais pas grand chose de cet artiste et de son travail. Dans ce film, qui a des allures de documentaire, mais qui brouille les pistes entre fiction et pur témoignage vécu, on fait le voyage avec Mohamed El Khatib de la région d’Orléans, où il a grandi, jusqu’au Maroc, au volant d’une vieille Renault 12. Sa mère, établie en France avec son mari depuis sa jeunesse, est morte et il doit aller régler la question de son héritage dans sa famille marocaine.

Au fil de petites péripéties et de rencontres touchantes, drôles, imprévues, on roule avec lui à travers la France, l’Espagne et le Maroc. Jamais on ne s’ennuie, c’est tellement bien filmé et construit. Légèreté et profondeur de tous les détails infimes de la vie assemblés, rassemblés, par petites touches, pour nous mener jusqu’au bout d’un voyage au dénouement inattendu. Epopée insolite en Renault 12 dont le sens se révèle peu à peu. J’ai aimé la petite voiture que Mohamed El Khatib fait avancer d’étape en étape sur une carte routière étalée par terre, j’ai aimé la vraie Renault 12, admirée en route par des connaisseurs et convoitée au Maroc, j’ai aimé les fragments, émouvants, tristes et drôles de toutes ces vies simples qu’il croise et filme, sa caméra sur les gens et les paysages. Et sa voix, le timbre de sa voix, dans les conversations qu’il a avec les autres ou quand il se fait le narrateur de cette histoire en voix off, pour sa fille, encore toute petite et pour nous spectateurs, admis dans ce récit délicat.

Vous pouvez voir ce film grâce à France Inter qui nous donne un accès sur Tenk, mais jusqu’au 24 janvier seulement. Alors, dépêchez-vous ! Et si finalement vous avez laissé partir la Renault 12 sans vous, j’ai découvert que vous pourrez la retrouver aussi sur Arte, en vous payant la VOD.

J’ai cherché une bande annonce, mais sans succès. Alors voici de quoi vous faire une toute petite idée, avant que vous ne couriez vous laisser embarquer par cette belle odyssée d’un fils qui a perdu sa mère.

Et comme j’ai voulu en savoir plus sur Mohamed El Khatib, j’ai écouté une série d’entretiens avec lui. En voici un minuscule extrait, après ma petite présentation. ( Il y en a plein d’autres qui me parlent tout autant.)

Transcription

Avant de faire du théâtre, hein, j’ai lu que vous aviez fait des études littéraires, en géographie et en sociologie, en particulier, je crois. Comment est-ce que vous avez croisé la route du théâtre ? Comment est-ce que vous en êtes venu à (1) en faire votre métier ?
– Je crois par accident (2). J’étais entré en hypokhâgne et en khâgne (3) parce que je savais pas ce que je voulais faire, mais c’était une façon de pouvoir continuer à étudier plusieurs disciplines (4). Et pareil (5) après, pour la géographie et la sociologie, ça me permettait de toucher un peu à tout (6). Et j’étais pas programmé pour faire du théâtre. Et… Par contre, je m’occupais d’enfants. Je travaillais dans des centres de vacances, j’étais animateur (7) et il y a quelque chose qui me passionnait, c’était de faire du théâtre avec les mômes (8), de faire des activités d’expression, et si bien que (9) j’ai intégré un mouvement pédagogique qui s’appelle les CEMEA (10) et qui a la particularité d’emmener les enfants au Festival d’Avignon (11), et donc moi-même accompagner ces enfants, j’ai baigné pendant plusieurs années, chaque mois de juillet au Festival d’Avignon. On voyait une vingtaine de spectacles chaque mois de juillet, et quand même, j’ai fini par me dire à un moment : « Mais quand même, c’est quand même pas mal (12), ça ! Peut-être je ferais bien (13) ce métier un jour. » Et comme ça, de façon un peu naïve, on a décidé avec quelques amis animateurs de centres de vacances et de loisirs de faire du théâtre en amateurs. Et puis, on s’est pris au jeu (14) et on est deux, trois à avoir décidé de faire ça à plein temps. Et je crois que c’est comme ça que ça a commencé, il y a une petite dizaine (15) d’années.
Et de cette… dans cette pratique amateur, c’était tout de suite du côté de la mise en scène que vous étiez ou est-ce qu’à l’origine, vous aviez des envies d’acteur ?
– Non, d’acteur, aucune ! Vraiment absolument aucune ! C’était plutôt du côté de l’écriture, d’abord, un geste d’écriture très personnel. Et de la mise en scène. Et vous citiez Rodrigo Garcia, et je me souviens que un des… un de ses ouvrages, Borgès Goya, m’avait beaucoup touché. Je m’étais dit : « Ah tiens, on peut écrire comme ça, on peut écrire avec cette liberté-là. On peut avoir cette liberté de ton, on peut se débarrasser de la question de l’intrigue, de la question des personnages. » Je sentais une liberté folle et du coup, j’avais vu une mise en scène (16) à Avignon et je m’étais dit : « Ah, mais je crois que c’est ça que j’ai envie de faire. » Et j’avais ressenti la même chose quand j’avais découvert Jan Lauers, à l’époque (17) dans un spectacle qui s’appelait La chambre d’Isabella, et je me souviens m’être dit ce truc un peu naïf d’enfant : « C’est ça que je veux faire quand je serai plus grand. »

Des explications

  1. en venir à faire quelque chose :
  2. par accident : par hasard, de manière tout à fait fortuite
  3. hypokhâgne et khâgne : ce sont les noms respectifs donnés à la première et à la seconde année de classe préparatoire à l’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, une des Grandes Ecoles françaises. On dit : Il est en hypokhâgne au lycée Henri IV. Ou encore : Elle a fait hypokhâgne et khâgne dans un lycée parisien.
  4. une discipline : une matière qu’on étudie / un domaine d’étude
  5. pareil : de la même manière
  6. toucher à tout : aborder et découvrir plein de domaines différents. On ne se spécialise pas.
  7. un animateur / une animatrice : il / elle est reponsable d’organiser et d’encadrer les activités d’enfants et d’ados dans des centres aérés, de vacances.
  8. un môme : un enfant, un jeune (familier)
  9. si bien que : par conséquent
  10. les CEMEA : Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active. C’est une association d’éducation populaire.
  11. le Festival d’Avignon : il a été fondé en 1947 et est un des plus grands festivals de théâtre, pendant lequel Avignon devient une ville complètement dédiée au théâtre.
  12. C’est quand même pas mal ! = c’est bien, et même très bien
  13. je ferais bien ce métier = j’ai envie de faire ce métier. Bien dans ce genre de phrase exprime l’envie de faire quelque chose. Par exemple : J’irais bien à la mer le weekend prochain. Qu’est-ce que tu en penses ? / Je boirais bien un petit café, là !
  14. se prendre au jeu : se passionner pour quelque chose qui au départ ne nous motivait pas tant que ça. Par exemple : Il a commencé à faire quelques gâteaux pour se colocataires. Et puis il a fini par se prendre au jeu et est devenu un pâtissier hors-pair !
  15. une petite dizaine d’années : environ dix ans, mais à peine plus
  16. une mise en scène : la façon dont un metteur en scène a organisé le décor, le jeu des acteurs, l’éclairage d’une pièce de théâtre.
  17. à l’époque : à cette époque-là, à ce moment-là. Cette expression désigne une période qui nous paraît déjà éloignée de nous.

Voici le lien vers ces entretiens très riches avec Mohamed El Khatib.
C’est passionnant de l’écouter parler de son travail, expliquer pourquoi il crée de cette manière. Il y rend hommage à tous ceux qui l’ont marqué et dont il dit qu’ils lui ont ouvert la voie – Roland Barthes, Pierre Bourdieu, Alain Cavalier, le sous commandant Marcos, Maradonna et d’autres. Et c’est passionnant de pouvoir écouter aussi des archives où on entend ces hommes-là. Comment ne pas avoir envie à la fin de lire ou relire ce qu’ils ont écrit, et voir ou revoir ce qu’ils ont filmé ou mis en scène ? Décidément, cette Renault 12 qui ne ressemble à rien nous fait faire un grand voyage.

Comment s’écrivent les polars

Trois auteurs français à succès.
Des polars qui se vendent à des millions d’exemplaires.
Des lecteurs fidèles, impatients de lire chacun de leurs nouveaux romans. (Peut-être êtes-vous un de ces lecteurs.)
Mais des façons de travailler propres à chacun de ces écrivains, qui ont en commun d’avoir commencé, dès l’enfance, par aimer lire et raconter des histoires.
Les voici ici qui en parlent ensemble. Ils nous offrent en quelque sorte l’envers du décor en nous emmenant dans les coulisses de l’écriture. (Cet entretien est sous-titré en français directement, donc j’ai juste ajouté quelques explications.) J’espère que cette vidéo est accessible dans votre pays !

Voici aussi le lien direct, au cas ça bloque !

Des explications :

  1. un canevas : à propos d’un roman, il s’agit d’un plan déjà assez précis de ce qui va être raconté et qui va servir de base. C’est comme la trame, terme employé aussi. Ces termes viennent de l’univers de la couture, de la tapisserie, de la broderie, du tissage E,n gros, c’est ce qui sert de support au travail réalisé avec des aiguilles, d’où cette idée de support d’un travail d’écriture, de création.
  2. bien ficelé : bien conçu, bien construit. On parle d’une histoire, d’une intrigue bien ficelée, d’un scénario bien ficelé. (plutôt familier). On peut dire par exemple : J’ai adoré ce film. L’histoire est vraiment bien ficelée.
  3. Bob Morane : toute une série de romans avec pour héros Bob Morane, mi-aventurier et mi-espion, publiés à partir des années 1950 et adaptés plus tard en bandes dessinées. On dit par exemple : Ado, il a lu tous les Bob Morane.
  4. je m’en suis tapé un paquet : un paquet = beaucoup (familier). Se taper quelque chose : normalement, cela indique qu’on a été obligé de faire quelque chose, qu’on a dû subir quelque chose. Ici, cela signifie qu’il a lu énormément de Bob Morane. (familier)
    Par exemple :
    J’ai dû me taper un dinner très ennuyeux avec mes voisins pour ne pas avoir l’air trop asocial !
    – Il s’est tapé tout le boulot. Les autres l’ont peu aidé.
  5. et pas que : et pas seulement
  6. lire un Picsou : un Picsou Magazine = des magazines de bandes dessinées avec les personnages de Disney (Donald Duck, son oncle Picsou, etc.)
  7. une fois, voire deux fois : … et même deux fois
  8. tenir la route : être bien fait, être cohérent (familier)
  9. un premier jet : la première tentative dans l’écriture d’un texte, d’un roman, d’une dissertation. On emploie aussi cette expression à propos d’un dessin par exemple. Ces premiers essais seront ensuite corrigés et améliorés.
    Ce n’est qu’un premier jet, mais ça te donne une idée de ce que je veux faire.
  10. de la merde : très nul, qui ne vaut rien (plutôt vulgaire, mais très employé!)
  11. un bouquin : un livre (familier)
  12. Comment ça ? : on pose cette question quand on ne comprend pas quelque chose, quand on est vraiment surpris par ce qu’on nous raconte ou explique. (style oral). Par exemple :
     » Il n’est pas encore là. »
     » Comment ça ? Il n’était pas censé arriver ce matin ?
    « 
  13. Et encore. : En disant ça, on indique que ce qu’on vient de dire est probablement en-deçà de la réalité.
    Par exemple : Il devait avoir 15-16 ans. Et encore. (= je n’en suis pas sûr du tout, c’était probablement moins.)
    Ici, Michel Bussi nuance et corrige une affirmation de Bernard Minier. Voici l’extrait :
    BM : En revanche, ce qui est développé, c’est les dialogues, non ? Comme dans un scénario.
    MB : Et encore. Même pas.
    = Il ne développe même pas ses dialogues à ce stade de l’écriture. Il avait parlé avant de simples « éléments de dialogue. »
    Il aurait pu ne pas dire « même pas », la signification aurait été la même.
  14. samedis, dimanches et fêtes : les fêtes sont les jours fériés. C’est l’expression consacrée pour parler des jours de repos auxquels on a droit.
  15. tu as pris un mauvais pli : tu as pris une mauvaise habitude. On ne dit jamais le contraire : un bon pli n’existe pas !
    Mais on emploie l’expression : prendre le pli, qui signifie qu’on s’habitue à quelque chose qui nous est imposé.
    Par exemple : Ici, on se lève très tôt. Il va falloir que tu prennes le pli.
  16. un bosseur : quelqu’un qui bosse = qui travaille (familier)
  17. dans ma baraque : dans ma maison (argot)
  18. être en déplacement : voyager pour son travail, donc ne pas être chez soi ni au bureau.
    Il est en déplacement cette semaine. Il vous contactera à son retour.
    Ce poste implique de nombreux déplacements à l’étranger.
    Avec le Covid, les déplacements sont devenus rares !
  19. siroter un cocktail : boire lentement un cocktail, en prenant bien son temps pour le savourer. On emploie souvent ce verbe à propos d’un vin, d’un alcool, d’un apéritif par exemple. Mais on peut aussi siroter une boisson fraîche, un jus de fruit. Mais en général, on ne sirote pas un verre d’eau !

Un polar = un roman policier (un peu familier mais c’est devenu aussi utilisé que l’expression complète.)
On dit aussi : un policier. (Il lit beaucoup de policiers / de romans policiers / de polars.)

A bientôt. Bonne suite de vacances pour ceux qui en ont.

Perdre ses moyens

Par hasard, j’ai écouté la fin d’une interview, puis le reste : une jeune chanteuse et actrice que vous connaissez si vous avez vu le film La Famille Bélier (dont une de mes étudiantes avait parlé ici).
Une jeune femme toute simple, authentique, qui parle avec naturel de son parcours vers la popularité. Un parcours qui lui a fait croiser un jour mémorable le chemin de Johnny Hallyday. Elle nous offre une sympathique évocation de ce que ça fait d’avoir le trac quand on se croyait à l’abri d’une trop grande émotion ! Et en conclusion, comme chaque fois qu’Augustin Trapenard invite des chanteurs, il y avait une reprise très personnelle d’un grand succès.

L’émission entière est ici.

Voici ce court extrait:
Louane

Transcription
– Ah, je me rappelle très bien ! J’ai passé toute la journée à en avoir rien à faire (1), à part mais c’est tranquille, c’est génial, je m’en fiche (2), ça va être… easy (3). Je me suis retrouvée devant lui et j’ai perdu tous mes moyens (4), à ne pas pouvoir…
– Sur scène ?
– Ouais.
– Ou avant ?
– Sur scène. J’ai été si nulle (5), j’ai tellement perdu mes moyens !
– Parce que vous paniquiez devant lui ? Vous l’aviez chantée petite (6) ?
– Et en fait, c’était un mélange de tout. J’étais tellement persuadée que ça me ferait rien (7) ! Et en fait, il est tellement immense que, bah, d’un coup, il y a tout qui se mélange. Il y a les souvenirs de l’enfance, la relation avec mon père, parce qu’il était complètement fan de Johnny. Tout se mélange à ce moment-là et je suis restée sans voix, à paniquer, à trembler, à… Et il a été adorable.
– On parlait de fausses notes (8) tout à l’heure. Ça vous est déjà arrivé de vous planter (9) complètement en live (10) ?
– Bien sûr ! Bien sûr ! Bien sûr. Typiquement (11), le lendemain des Césars (12), je suis en Suisse pour une promo (13), une télé, où je chante Avenir, qui est quand même une chanson que j’ai écrite moi (14) ! J’arrive sur scène et aucunes paroles ! Je sors, je fonds en larmes (15). Je fonds en larmes et…
– Vous êtes revenue, vous l’avez rechantée, Louane !
– Ouais ! J’ai quand même eu les gens autour de moi qui me soufflaient les paroles (16)!
– Ah bon !
– Et pourtant, j’ai écrit les textes moi (17) ! Ça, ou alors, ouais, être… Ou alors, ça nous est arrivé sur la tournée (18), l’année dernière, je commence une chanson, je la chante en entier, un demi-ton en-dessous ! Sans m’en rendre compte (19) !
– Qu’est-ce que je peux faire, là ? Je peux vous souffler les paroles ? Je vais pas vous donner le ton !
Vous êtes dans quel état ? Vous êtes bien ?
– Ouais. Très bien.
– Ah, ça me fait plaisir que vous soyez bien. Allumer le feu, Johnny Hallyday.
– Merci.
– On vous écoute ? On vous écoute. (20)

Des explications
1. en avoir rien à faire : penser que ce n’est vraiment pas important. J’en ai rien à faire = ça m’est complètement égal. (familier) On peut dire : Il en a rien à faire de ce que je pense ! (Normalement, il faut une négation complète: Je n’en ai rien à faire. Mais comme c’est familier, c’est logique de ne pas dire « ne »)
2. Je m’en fiche : ça m’est égal, ça ne me touche pas.
3. Easy : elle aurait pu dire « facile » quand même !
4. Perdre tous ses moyens : ne plus être capable de faire ce qu’on sait faire d’habitude, être paralysé (par la peur, le trac)
5. être nul : être très mauvais
6. petite = quand vous étiez petite, enfant
7. ça ne me fait rien = ça ne me touche pas, ça ne me déstabilise pas
8. faire une fausse note : ne pas chanter juste ou ne pas jouer la bonne note sur un instrument de musique
9. se planter : se tromper (très familier)
10. en live = en direct, pendant un concert
11. Typiquement : elle l’emploie comme « typically » en anglais, alors que ce n’est pas ce sens-là en français. Elle veut dire qu’elle va donner un exemple qui illustre parfaitement la situation dont il est question. Elle pourrai dire : Par exemple. Ou Un très bon exemple, c’est quand…
12. Les Césars : c’est l’équivalent de la cérémonie de remise des Oscars aux Etats-Unis, qui récompense le monde du cinéma. Elle a eu le Césars du meilleur espoir féminin en 2015, pour son rôle dans La Famille Bélier.
13. Une promo = pour faire la promotion (d’un film, d’un disque, d’un livre, etc. quand ils sortent)
14. que j’ai écrite, moi = que j’ai écrite moi-même = c’est moi qui l’ai écrite. (familier)
15. fondre en larmes : se mettre à vraiment pleurer
16. souffler (les paroles, quelque chose, un mot, etc.) : dire les paroles tout bas pour aider quelqu’un qui a un trou de mémoire, ou qui ne connaît pas la bonne réponse à une question
17. j’ai écrit les paroles, moi = c’est moi qui ai écrit les paroles (familier)
18. sur la tournée : pendant la tournée, c’est-à-dire pendant la période où un chanteur donne des concerts dans différentes villes selon un calendrier. On dit qu’il est en tournée (dans toute la France, en Europe).
19. Sans s’en rendre compte = sans avoir conscience de quelque chose.
20. On vous écoute : bel exemple où seule l’intonation indique si c’est une question ou une affirmation. La voix monte la première fois : c’est une question. Elle descend la deuxième fois : c’est une affirmation.

Et bien sûr, maintenant, vous pouvez aller juste écouter comment elle interprète cette chanson que tous les Français connaissent.
Et après, si vous ne la connaissez pas, la version originale est ici. Rien à voir avec la reprise !

Je continue parce que j’ai pas trouvé

« Je continue parce que j’ai pas trouvé, parce que je sais pas ce que c’est que la danse, donc je sais pas où je vais. Parce que je sais pas ce qu’il faut trouver. Alors je fais chaque fois un ballet encore pour me dire que ce coup-ci, je vais savoir. » (Maurice Béjart)

Vite, vite, allez prendre une petite dose de danse avec le Béjart Ballet de Lausanne. Ils continuent à nous offrir en mai, chaque weekend, leurs ballets. Ce weekend, il y en a deux, jusqu’à ce soir. Swan Song est plein de légèreté, ponctué par les mots de Maurice Béjart. C’est ici. Dans l’autre ballet, Eclats, j’ai beaucoup aimé un passage qui commence à 11’13 : comme un pas de deux, à deux couples, dont les corps s’épousent. Harmonie des gestes. Comme est beau ce moment où le danseur en noir relève sa partenaire puis joue pour ainsi dire avec sa robe ! Moment fugitif. (vers 13’30)
C’est la sortie du dimanche !

Mais mon chouchou, c’est toujours quand même Angelin Preljocaj ! Lui aussi passe son temps à explorer, parce que « ce coup-ci » n’est jamais définitif pour lui non plus. Pendant le confinement, il nous donne accès aux coulisses de plusieurs de ses ballets. Répétitions, recherche, essais, partages, la troupe qui travaille. C’est ici, et là, vous avez un peu plus de temps.

Comme ce sera bien de retourner voir des danseurs et des danseuses sur scène qui se touchent, se frôlent, se portent, s’éloignent, s’approchent ! Qui dansent. Vivement qu’ils piétinent cette idée de distanciation sociale ! Et sans masques, j’espère.