C’est carrément le bagne !

En allant au cinéma la semaine dernière (voir le très bon BlackkKlansman de Spike Lee), nous avons vu la bande annonce de ce film qui dresse le tableau de la première année de médecine à l’université.

Année très sélective, qui demande un travail de fou, sans répit, sans vie sociale, comme la plupart des classes préparatoires. Donc ce n’est même pas une caricature ! Mais comme c’est un film, c’est quand même drôle apparemment. En tout cas, la bande annonce est parfaite pour donner le ton et le rythme. Et un modèle parfait de français oral !

Transcription

– C’est une année difficile. Pour ceux qui n’ont pas eu de mention au bac S (1), vos chances (2) sont de 2 %.
– Tu connais la différence entre un étudiant en médecine et un étudiant en prépa (3) ? Demande-leur d’apprendre le Bottin (4) par cœur : l’étudiant en prépa, il te demandera pourquoi. Et l’étudiant en médecine : pour quand.
– On commence le matin par une matière difficile, puis pause déj’ (5) : 40 minutes. Une matière facile l’après-midi jusqu’à 17 heures. Pause goûter (6): 20 minutes. On enchaîne (7) avec deux heures d’une matière difficile et le soir, on fait des annales (8) jusqu’à ce qu’on soit cuits (9). A ce rythme-là, c’est jouable (10). Tu en dis quoi ? (11)
– Vous avez quinze jours pour tout donner (12), quinze jours (13) pour tout revoir.
– 7CaO + H2O.
– Chut !
– Le mieux, c’est de faire des annales, franchement ! Faut qu’on devienne des machines à répondre aux questions, hein !
– Et la fac (14), ça va ?
– Phosphoglucomutase !
– Chut ! Non mais sérieux ! (15)
– Trois heures pour répondre à soixante-douze questions avec cinq réponses au choix, ça fait environ deux minutes par question. Donc à ce rythme-là, c’est impossible de réfléchir : soit on répond par réflexe reptilien, soit au hasard. Donc je pense que les meilleurs, enfin ceux qui deviendront médecins, se rapprochent plus du reptile que de l’être humain.
– Je veux être médecin.
– C’est ça qui le porte.
– Il a complètement pété un plomb. (16)
– Bah carrément !
– Ça fait une place en plus (17). Moi je pense c’est vrai.
– Tout seul, j’y arriverai pas. Mais avec toi,c’est jouable.
Tu as pris trop de retard. C’est mort ! (18)
– Vous pouvez prendre […]
– Attends, attends, attends, j’en peux plus (19), là, j’en ai marre (20). On fait une pause ?
– Ouais, carrément (21). Pause maths ?
– Allez ! Dérivées, stats (22), intégrales ?

Des explications
1. le bac S : c’est le baccalauréat scientifique, avec beaucoup de maths, de physique et de chimie, réputé le plus difficile. On peut avoir le bac avec une mention, qui dépend de la moyenne générale obtenue : Assez bien = à partir de 12 de moyenne générale. Mention Bien : à partir de 14. Mention Très bien : à partir de 16.
2. vos chances = vos chances de réussir
3. en prépa : en classe préparatoire à une grande école. Les grandes écoles sont des écoles où on entre sur concours, c’est-à-dire qu’il y a un nombre de places limité. Donc avoir de bonnes notes ne suffit pas, il faut être meilleur que les autres ! Il y a des prépas littéraires, des prépas scientifiques, des prépas aux écoles de commerce, qui préparent aux différents concours, en deux ans en général.
4. Le Bottin : c’est l’annuaire de tous les numéros de téléphone. Donc apprendre le bottin par cœur est mission impossible !
5. La pause déj’ : la pause déjeuner (à midi). On utilise souvent cette abréviation pour le petit déjeuner : le p’tit déj’ (familier)
6. le goûter : c’est normalement plutôt réservé aux enfants : ils prennent un goûter vers 16h30, quand ils sortent de l’école. (un gâteau, un petit pain au chocolat, un fruit, par exemple)
7. enchaîner avec quelque chose : dans l’organisation du temps, cela signifie qu’on passe directement d’une activité à une autre.
8. Les annales : ce sont des recueils de tous les sujets d’examen qui ont été donnés les années précédentes. Il y a des annales pour le bac, des annales pour les consours, etc. Cela permet de s’entraîner.
9. Être cuit : être épuisé, ne plus pouvoir continuer. On peut être cuit après une activité physique mais aussi après un travail épuisant par exemple, ou encore lorsqu’il fait très chaud. (familier)
10. C’est jouable : on a des chances de réussir, donc on peut essayer.
11. Tu en dis quoi ? : Qu’est-ce que tu en penses ? Cela te convient ? (familier)
12. tout donner : faire tous les efforts possibles, se donner à fond.
13. Quinze jours : nous utilisons très souvent cette expression (un peu bizarre si on compte!), qui correspond à 2 semaines.
14. La fac = l’université (familier, mais plus courant que « université » dans les conversations familières)
15. Non mais sérieux ! : cette expression exprime la désapprobation. C’est comme dire : Non mais ça va pas!, pour critiquer ce que fait ou dit quelqu’un. (Dans les bibliothèques universitaires, il est interdit de parler, pour ne pas gêner la concentration des autres.)
16. péter un plomb : devenir fou, ne plus se comporter normalement. On dit aussi : péter les plombs. (argot) Ou encore : disjoncter, pour rester dans le domaine de l’électricité !
17. une place en plus : parce que quand quelqu’un abandonne, cela fait un concurrent de moins.
18. C’est mort : c’est raté, c’est complètement impossible. (familier) Par exemple : Il est trop tard, on n’arrivera jamais à la gare à temps. C’est mort ! Avant, on disait plus souvent : c’est foutu.
19. J’en peux plus : je ne peux pas continuer, je suis trop fatigué. (familier)
20. j’en ai marre : j’en ai assez (familier). On en a marre de faire quelque chose ou on en a marre de quelqu’un.
21. Carrément : cet adverbe est de plus en plus employé seul (par les jeunes en général, pour approuver quelque chose ou exprimer son accord. (familier).
Son premier sens est différent : par exemple : Vas-y carrément = Fais ce que tu veux faire sans hésiter. / Dis-lui carrément ce que tu penses = Donne-lui ton opinion franchement.
22. Les stats : les statistiques. (familier)

Si vous voulez en savoir plus sur cette année terrible de PACES (Première année commune aux études de santé), que tentent beaucoup de jeunes Français pour devenir médecins, kinés, dentistes, pharmaciens, etc., vous pouvez en rire ici ou en pleurer là.

Bon weekend !

Les petits nouveaux

Rentrée à l’université faite depuis le 3 septembre.
Alors, maintenant que j’ai repris le rythme, c’est la rentrée aussi sur mon blog ! (Et sur France Bienvenue également.) J’espère bien vous retrouver, après cette longue pause d’été de mon côté.
Voici donc aujourd’hui un petit écho de la rentrée universitaire, qui ressemble à ce qui se passe dans mon département : nous aussi, nous avons accueilli les petits nouveaux avec l’aide des étudiants de 2è année.
(Mais vous savez quoi ? Il y en a qui ont déjà décidé de nous quitter ! Je vous en reparle dans un prochain enregistrement.)

Rentrée universitaire

Transcription

– Donc voilà, donc moi, je m’appelle Julien. Je vais être votre accompagnateur sur (1) la journée.
Des étudiants de 3è année sont là pour faire visiter les lieux aux petits nouveaux (2).
– Je les trouve vraiment coincés (3), là, clairement. Mais c’est normal ! Ils sont fatigués, c’est le matin, c’est le début, c’est la rentrée ! On les aiguille (4) un petit peu pour pas les lâcher dans la nature (5).
Pour Ambre, c’est utile.
– On va visiter tout le campus, etc. et du coup, lundi, on n’est pas obligés d’arriver une heure avant pour trouver nos salles. C’est sympa, comme ça, on se sent pas totalement seul et perdu au milieu de tous ces étudiants !

Quelques détails :
1. sur la journée = pour la journée / pendant la journée. « Sur » gagne du terrain et s’emploie maintenant dans des expressions où ce n’était pas naturel avant.
2. Les petits nouveaux : les nouveaux sont toujours petits, quel que soit leur âge !
3. Coincé : timide, qui n’ose pas s’exprimer ou faire des choses. C’est péjoratif.
4. Aiguiller quelqu’un : lui donner des indications, pour qu’il ne sente pas perdu, le guider.
5. Lâcher quelqu’un dans la nature : cette expression signifie laisser quelqu’un se débrouiller tout seul dans un milieu qu’il ne connaît pas. (familier)

A bientôt !

En mai 2018

Je ne suis pas très en avance pour revenir sur le mois de mai écoulé !
Du travail, des piles de copies à corriger, d’autres activités, et voilà le mois de juin déjà bien entamé.
Voici donc mon enregistrement du mois, avec d’abord des photos qui vous feront sans doute deviner ce dont je vous parle aujourd’hui.

Où il est d’abord question de ça :


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Puis d’un sujet plus positif !



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Mai 2018

Transcription
Bonjour. Alors, pour faire un petit point sur le mois de mai, en fait, je voulais vous parler d’un problème qu’on rencontre de plus en plus dans les études, en tant que prof et bien sûr pour les étudiants aussi, c’est le problème de la fraude aux examens, aux tests, qui a tendance vraiment à se généraliser, et ça devient, comme on dit, un sport national (1) en France, c’est-à-dire que de plus en plus d’élèves, d’étudiants trichent et… pour avoir des résultats, pour avoir des résultats corrects, alors, peut-être parce que la France attache une très grande importance aux notes, mais parce que aussi, voilà, certains étudiants, au lieu de mettre beaucoup d’énergie à apprendre, s’entraîner, travailler, se préparer à faire des… certains exercices, résoudre des problèmes et autres, ont tendance à essayer de tricher avec des documents, des choses comme ça et ça devient, à mon avis, quand même un peu critique (2). Lire la suite

Ambiance de rentrée


Rentrée des classes, rentrée universitaire. Pas de doute, nous sommes bien au mois de septembre.
Alors, voici, des échos de ce qu’on peut entendre sur un campus parisien au moment où les derniers étudiants viennent s’inscrire. Où il est question de frais d’inscription, de cursus, et aussi d’activités plus ludiques !

Transcription:

– C’est l’accueil de quoi, ici ? (1)
– C’est la semaine de la rentrée pour les nouveaux étudiants de l’université Pierre et Marie Curie.
– Et on étudie quoi (2), à l’université Pierre et Marie Curie?
– Alors, on étudie la Science, les sciences, donc Physique, Biologie, Chimie, Sciences de la Terre et la Médecine.

– Il y a la queue (3), hein !
– Eh oui ! Mais tous les jours, c’est pareil.
– C’est vrai ?
– Eh oui.
– Mais on peut encore s’inscrire à… à l’université, là ? C’est pas trop tard ?
– Non, non, c’est pas trop tard.
– Et là, c’est quoi, là ?
– La Scolarité centrale (4).
– Donc c’est pour quoi ?
– C’est pour payer les droits…
– Ah !
– … d’inscription, uniquement.
– Et ça coûte combien ? (5)
– Ça dépend.
– Faut (6) que j’aille demander à l’intérieur?
– Oui.
– Je peux y aller alors.
– Allez-y.

– C’est pour les… Combien ça coûte si je veux suivre des cours à l’université ? Qui peut me dire combien ça coûte de… ?
– Je vous dis combien ça coûte.
– Oui.
– Vous revenez à l’université en Licence ?
– Non, non, en 1ère année.
– Eh bah oui ! Donc en Licence (7).
– En Licence, oui d’accord.
– Bah écoutez, ça vous coûtera 262€, je crois.
– Ça va. Pour une année ?
– Oui, pour une année. Nous, on est encore dans des tarifs raisonnables, hein. Ça va, ça s’étale entre 200€ et 600€ pour un diplôme d’Ingénieur. C’est la fourchette (8) sur laquelle il faut compter sur l’enseignement supérieur (9) public.
– Je vous laisse parce que je vois que vous avez votre cigarette à la main. C’est la pause cigarette.
– Voilà, merci !
– Merci, au revoir.
– Au revoir.

– Vous avez l’air de vous ennuyer, mademoiselle.
– L’attente, à la fac (10).
– L’attente à la fac, ça commence ?
– Non, j’ai déjà fait la queue hier.
– C’est vrai ? Et vous recommencez ? Pourquoi ?
– Bah parce que ça fermait. J’étais sous la pluie.
– Ah, d’accord !
– C’est pas grave (11), on recommence !
– Oh bah là, il pleut pas, ça va.
– Ouais, c’est déjà mieux.
– Qu’est-ce que vous venez faire à l’université ?
– Là ? Payer, mes droits d’inscription.
– Ça va vous coûter combien ?
– 393€.
– Ouh là ! Ça va… C’est pas mal (12) ! Ça veut dire que vous êtes pas en 1ère année, hein!
– Non, 3è.
– Ah oui.
– Et vous étudiez quoi, vous ?
– Les Sciences du Vivant.
– Sciences du Vivant ! C’est toute la nature, tout ça, les petites bêtes (13)?
– Ouais, tous les végétaux aussi.
– Vous voulez faire quoi plus tard ?
– Etudier les fonds marins.
– Ah ! Océanographe ?
– Ouais.
– J’ai appris que c’était une des spécialités, ici.
– Ouais, il y a un Master pas mal (14).
– Moi, je suis arrivé en retard, là. Les cours, vous avez commencé quand ?
– 3… 3 septembre, c’était la vraie rentrée.
– Moi, je croyais qu’à la fac, ça commençait en octobre, c’était tranquille.
– Les facs d’Eco (15), pas les facs autres.
– Alors, je vous laisse faire la queue, hein.
– Merci.

– Bonjour.
– Bonjour.
– C’est… c’est la rentrée à la faculté mais c’est quoi ? C’est les cours de danse ?
– Je suis italienne.
– Non mais c’est pas grave, moi je suis français.
– Ah, OK. Très bien.
– Vous parlez un peu le français ?
– Petit peu. Tout petit, petit peu.
– Et vous aussi, vous suivez des cours ?
– Oui.
– Et vous… vous êtes en 1ère année ?
– Oui, je suis en 1ère année.
– De Physique-Chimie aussi ?
– Non. Je suis en Sciences. En fait, j’ai un double cursus, avec Paris IV (16): Science et Musicologie.
Musicologie?
– Et Sciences.
– Ah c’est pour ça que vous écoutez la salsa !
– Oui.
– Ah, d’accord ! Bon et alors, ça… ça se passe bien, la rentrée ?
– Ça va.
– Ça va ?
– Oui.
– Bon. J’hésite à reprendre mes études. Vous me conseillez ?
– Oh oui, je pense que dans une ambiance comme ça, c’est une bonne idée.
– Oui, hein, ça a pas l’air trop intense ! Et… On peut… On doit pouvoir s’amuser, je pense.
– Oui !
– Qu’est-ce qui vous a donné envie de venir à l’université Pierre et Marie Curie ?
– Moi c’était pour le double cursus que je suis en fait, qui est unique en France en fait (17).
– D’accord. Mais est-ce que vous aimez beaucoup travailler pour faire un double cursus ?
– Non, c’est parce que je savais pas vraiment… m’orienter (18) soit en science soit en musique. Et là, je peux faire les deux, donc…
– Je dois dire que c’est assez original. Ça fait un peu grand écart (19), quoi ! Mais vous savez pas le métier que vous voulez faire plus tard ?
– Ingénieur du son.
– Ingénieur du son ?
– Oui.
– Très beau métier !
– Et vous regardez les autres danser mais vous dansez pas.
– Non.
– Pourquoi ? Vous êtes timide ?
– Oui.
– C’est la rentrée, vous connaissez personne ? Vous voulez que je vous invite à danser ?
– Non, c’est bon (20). Merci.
– Oh bah merci !

Quelques détails:
1. c’est l’accueil de quoi ? : question très naturelle à l’oral. (Le problème, c’est que ce n’est pas très pratique de la poser autrement ! On peut dire: Qu’est-ce que c’est ici ?)
2. On étudie quoi ? : question elle aussi uniquement orale, équivalente de « Qu’est-ce qu’on étudie ici ?« , qui marche aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. (Style neutre)
3. il y a la queue: il y a beaucoup de monde qui attend son tour devant lui. On dit qu’on fait la queue.
4. la Scolarité: c’est le service de la Scolarité, c’est-à-dire les bureaux qui s’occupent des étudiants d’un point de vue administratif.
5. ça coûte combien ? : c’est la plus façon la plus familière et orale de poser cette question. Un peu moins familier: Combien ça coûte ? Forme neutre : Combien est-ce que ça coûte ? Style soutenu et écrit: Combien cela coûte-t-il ?
6. Faut que… : forme orale de « Il faut que… »
7. une Licence: diplôme en trois ans. Donc on est d’abord en L1, puis en L2, puis en L3.
8. une fourchette (de prix): ce sont les prix compris entre le prix maximum et le prix minimum. On parle aussi souvent d’une fourchette d’âge.
9. l’enseignement supérieur: ce sont les études universitaire. On dit aussi souvent: Le Supérieur.
10. la fac = abréviation familière et très courante de « faculté », qui est synonyme de « université ».
11. c’est pas grave = ça n’a pas d’importance.
12. c’est pas mal: cette expression peut avoir différentes siginfications, selon le contexte. Ici, cela signifie en fait que c’est beaucoup, que c’est cher. Il est surpris par le prix. (Dans d’autres situations: c’est pas mal peut signifier que c’est plutôt bien. Donc c’est un sens totalement différent !)
13. les petites bêtes: une bête, c’est un animal. Ici, c’est une façon familière de parler du monde animal, parce qu’il utilise ce mot pas très scientifique et associé à l’adjectif « petites ».
14. un Master pas mal: cette fois, cela signifie que ce diplôme est plutôt bien, plutôt intéressant.
15. la fac d’Eco: la faculté d’Economie.
16. Paris IV: les différentes universités parisiennes ont toutes un numéro.
17. un double cursus: en France, à l’université, on se spécialise dès la 1ère année. On étudie les sciences ou l’Economie ou les Langues ou la Musicologie, etc… Mais on ne mélange pas les différents cursus, les différentes voies. Donc pouvoir associer des études scientifiques et des études de musicologie n’est pas possible. C’est pour ça qu’elle parle d’un double cursus.
18. s’orienter: pour un élève ou un étudiant, c’est choisir un type d’études, dans un domaine particulier. Il faut choisir son orientation : faire des études scientifiques, littéraires, artistiques, économiques, etc…
19. Le grand écart: c’est ce que font les danseurs ou les danseuses. Ici, c’est une image qui montre que ces deux cursus n’ont absolument rien à voir l’un avec l’autre.
20. Non, c’est bon: c’est une façon plutôt polie de refuser son invitation. Elle veut dire que ce n’est pas un problème si elle ne danse pas, que ça va. (Mais ça le fait rire car en fait, on sent qu’elle ne veut pas vraiment danser avec lui ! Il le prend avec humour.)

Etudiant: la belle vie ou pas ?

AmphiVingt ans, c’est le bel âge ! Ou en tout cas, ça devrait l’être. Mais être étudiant en 2012 n’est pas toujours simple.

Il a fallu trouver la bonne orientation après le bac et être admis là où on voulait aller. Quand on n’a pas obtenu l’école, la classe prépa ou l’IUT de son choix par exemple, on va à la fac. Et ce qui est très surprenant, c’est qu’aujourd’hui, beaucoup d’étudiants, avant même d’y avoir mis les pieds, considèrent qu’ils ne vont pas y réussir ! Ils sont nombreux à afficher un besoin d’être encadrés ou à s’être persuadés qu’ils ne feront rien dans une structure où on n’est pas réellement obligé d’aller à tous les cours, bref, où il faut être relativement autonome. C’est dans l’air du temps. (Et franchement, c’est très agaçant d’entendre ce discours !)

Mais une chose est sûre, fac ou pas fac, c’est que de plus en plus d’étudiants sont obligés de travailler pour financer leurs études et leur logement. Et qu’il y a de la concurrence pour trouver du travail quand on est jeune diplômé.

Il y en a que ça angoisse. Il y en a qui le vivent très bien !
Petits témoignages.


Transcription:
– Je suis étudiante en Master 1 de Communication et je suis aussi la Vice-Présidente des étudiants de l’université.
Est-ce que c’est compliqué, aujourd’hui, d’être étudiant en France et particulièrement à Paris ?
– Vivre avec 400… enfin 300 € de bourse (1) ou 400 € de bourse par mois, c’est pas possible à Paris. C’est très cher (2). Il faut un job impérativement à côté ou être soutenu par ses parents, ce qui est pas le cas de la majorité des étudiants.
Vous êtes soutenue par vos parents ? Vous travaillez à côté ?
– Je suis boursière (3), je suis un peu soutenue par mes parents et j’ai aussi un job (4). Des fois, c’est compliqué. En ce moment, c’est compliqué par exemple ! J’attends que le CROUS (5) me verse gentiment la bourse du mois de mars !

Est-ce qu’on est inquiet, quand on est étudiant, pour son avenir ?
– Oui ! Oui, oui, surtout quand on arrive dans la Licence, quand c’est… voilà, au Master. Se dire « Est-ce que j’ai choisi la bonne filière (6) ? », parce que parfois, on… on ressent, comment dire, la compétition avec ceux qui sont… qui peuvent être en Ecole. (7)
Vous vous sentez un décalage par exemple avec ceux qui font des Grandes Ecoles ?
– Euh oui, parce que quand même, ils ont quand même certains moyens (8) que nous, on n’a pas. Je trouve aussi (9) le souci en France, c’est qu’on regarde beaucoup trop votre diplôme, mais l’expérience, un petit peu moins. Pour le recrutement, c’est voilà: « Ah, vous sortez de telle école ? Bah d’accord. Bon, c’est pas mal. De l’université ? Bon, vous passerez après, hein ! »

Et là, vous avez… vous avez un cours ?
– Oui, on a un cours…
– Un amphi (9) de Droit.
– On est en amphi, voilà. En amphi de Droit. C’est pour ça je me rappelle pas en fait. On est étudiant, on a un peu de travail mais franchement, moi je branle rien (10), voilà. Donc, non, c’est pas compliqué d’être étudiant et on est tranquille vraiment. Moi, je kiffe (11) être étudiant. Si je pouvais être étudiant toute ma vie !
Et vous êtes pas inquiet pour votre avenir ?
– Alors là, pas du tout ! L’avenir s’annonce radieux.

Quelques détails:
1. une bourse: on peut avoir droit à une bourse en fonction des revenus qu’on déclare. (si les parents ont de petits revenus par exemple, ou si on est seul pour payer ses études.)
2. c’est très cher: ce qui est cher, c’est avant tout le logement. Il y a trop peu de chambres en cité universitaire. Il faut donc passer par des propriétaires privés. (Tous les loyers ont énormément augmenté ces dernières années, et pas seulement à Paris, et pas seulement pour les étudiants.)
3. être boursier (ou boursière): c’est toucher une bourse.
4. un job: c’est le terme que les Français ont emprunté à l’anglais pour parler des petits boulots, des emplois d’étudiant.
5. le CROUS: c’est l’organisme qui verse les bourses et qui gère les cités universitaires ainsi que les restos U notamment.
6. une filière: dans le domaine des études, c’est une voie, c’est-à-dire le type d’études qu’on choisit. On peut par exemple suivre une filière scientifique, ou littéraire ou économique, etc… Cela peut aussi désigner le type de structure qu’on suit: la filière grandes écoles, la filière IUT, la filière université.
7. les écoles: ce sont les Ecoles de Commerce, d’Ingénieurs, etc… où on est admis sur concours ou après une sélection plus sévère qu’à l’université. (L’accès à l’université est normalement toujours possible quand on a le Bac.)
8. avoir des moyens: ces écoles ont plus d’argent que les universités, donc les conditions d’études sont meilleures en général.
9. je trouve le souci… : elle aurait dû dire: je trouve que… (mais à l’oral, ça arrive souvent d’oublier certains mots sans que ce soit vraiment gênant.)
10. un amphi: abréviation de amphithéâtre, qui est d’abord le lieu où se déroule ce type de cours avec de très nombreux étudiants dans une même grande salle. Et donc on dit qu‘on a amphi pour dire qu’on a un cours en amphi, par opposition aux TD (Travaux Dirigés) où les étudiants sont en plus petit groupe. (On dit qu‘on a TD de Droit par exemple.)
11. branler: faire. (argot, assez vulgaire). Ce garçon est l’exemple de ces étudiants qui ne travaillent pas beaucoup parce qu’il n’y a pas beaucoup d’heures de cours à l’université. Il devrait travailler de façon autonome mais comme beaucoup, il ne le fait pas ! D’où un taux d’échec très important en 1ère année à l’université car il faut être discipliné, organisé et volontaire. (Ce n’est pas la même chose en IUT ou en école ou en classe prépa. où les étudiants sont très encadrés et suivis.)
12. je kiffe: j’aime (argot, très familier) Ce verbe a d’abord été très populaire chez les jeunes des banlieues. Puis il s’est répandu dans d’autres milieux, mais essentiellement chez les jeunes.

Bénévolat

J’ai plusieurs étudiants qui, chaque semaine, donnent de leur temps pour s’occuper d’enfants ou de jeunes. Ils les aident à faire leurs devoirs, à s’en sortir à l’école quand ils sont en difficulté. Ils ont choisi de le faire dans le cadre d’associations bénévoles. Donc ils ne se font pas payer. Générosité, altruisme, envie de donner leur chance à tous. Ce petit reportage m’a fait penser à eux.


Transcription:
– Tant qu’on fait des exercices, moi je suis d’accord avec toi, c’est vrai, c’est dur les maths. On peut pas comprendre tous les exercices. Mais maintenant, faut au moins que tu aies essayé, tu vois, que tu as écrit sur un papier ce que tu as essayé de faire.
– On a rempli ça.
– Ça, tu le connais.
– Hein?
– Ça, tu le connais.
– Ah, je sais pas si je le connais mais… Si je le relis, je peux te l’expliquer. Je lis ? Une molécule est constituée de plusieurs atomes liés entre eux. Chaque molécule…

– Rachid B. Donc j’ai 22 ans. Moi je suis actuellement étudiant en MSG Sorbonne (1). Et puis je suis également bénévole à l’AFEV (2). En fait, quelque part, on a tous un petit peu dans la tête des petites idées altruistes et tout, et il y a un moment où il faut les mettre…. faut les mettre en pratique. Et puis moi, c’était vraiment ça, je pensais qu’il y avait des… des choses qui allaient pas, qu’il y avait, bon, en gros (3)… On avait vu ça en Terminale (4), en sociologie, des déterminismes. Et puis il y a un moment où on se dit que, ben, faut lutter contre ces déterminismes. En fait, ouais, bah c’est… c’est vraiment ça, l’AFEV, c’est aider les élèves qui ont des difficultés. Bon, les difficultés, ça peut être par exemple, être trois dans une… dans… dans la même chambre, c’est-à-dire qu’on n’a pas à disposition un bureau. On peut pas travailler tout le temps. On peut pas travailler à l’heure qu’on veut également. Ça, c’est des… en fait, c’est des handicaps (5) que beaucoup de personnes ne… ne remarquent pas mais ça joue beaucoup (6). Etre juste à plusieurs dans la chambre, moi je me rappelle que quand on était plus jeunes, on était trois dans une chambre, et puis ça joue beaucoup. On peut pas travailler à 22 heures: il y en a un autre qui veut dormir. On peut pas… On peut pas travailler à 16 heures parce qu’il y en a un autre qui écoute la musique. Et puis ça fait que on a une marge beaucoup plus faible, pour travailler. Donc ouais, je pense qu’il y a des populations qu’on devrait aider plus que d’autres.
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