Dominique est breton. Et comme la Bretagne et la pêche, ça marche ensemble, il est pêcheur. Pas pêcheur du dimanche, à ses heures perdues. Pas pêcheur en eau douce. Non, il est pêcheur en mer. C’est son métier. Un métier pas facile : des conditions de travail souvent rudes, des quotas de pêche à respecter, le prix du gazole qui fluctue, des prix de gros souvent très bas, une consommation de poisson pas toujours au beau fixe.
Mais c’est un métier qu’il aime et c’est ce qui lui donne le moral pour prendre la mer tous les jours. Il en parle avec son assurance tranquille de marin.
Transcription:
Ça va ? La journée a été bonne ou pas ?
J’attends le résultat.
Ah, vous savez pas ?
Non. Bah… Ils arrivent avec la feuille.
Là, Vous…vous êtes stressé ou pas, d’attendre les résultats, ou vous savez que ça va être une bonne journée ?
Non, je suis pas stressé.
Non ?
Une fois que la journée est finie, c’est la décontraction.
Ouais ?
Le stress, c’est avant, enfin que… sur la pêche, ouais. Parce que on… on est pris avec la… la vente à 17 heures. Donc nos journées en fin de compte (1) de pêche sont très courtes, en temps relatif de pêche.
Ouais. Les journées, c’est combien d’heures ?
Ce matin, on est parti à sept heures un quart et on est rentré là, à 17 heures.
Ouais. Dix heures.
Ouais, mais ça, c’est des toutes petites journées, hein. C’est les journées d’hiver, ça, ou d’automne.
Ouais, parce que…
Parce qu’on travaille la langoustine, on travaille par rapport au lever du soleil. Elle vit dans des terriers, la langoustine et elle sort des terriers au lever du soleil. Donc les… les grosses journées sont juin, juillet, août, quoi.
Et là, c’est… Vous partez à quelle heure ? Quatre heures du matin ?
Deux heures et demie, trois heures, ça dépend de la distance d’où on est en pêche. Bon, si on est à une demi-heure ou une heure de route du port, ça va. Mais si on est sur trois heures de route, eh ben, il faut se lever plus tôt parce qu’il faut être à… faut mettre en pêche avant le lever du soleil.
Ouais. Et après, vous allez chez vous, la famille, un peu le repos et on remet ça (2) demain.
Moi, c’est vraiment à part (3 ). Moi je… depuis que je suis à la pêche, je vais en mer du lundi au vendredi en rentrant tous les soirs et le weekend, c’est interdit. Voilà, ça c’est…
C’est vous.
C’est moi.
Pour vous préserver des plages (4)…
Voilà, je pense qu’il faut avoir une vie de famille. Et pour intéresser les jeunes à venir dans la profession, il est temps d’arrêter de travailler comme des malades (5), hein.
Ouais. C’est pour ça que les jeunes, ils…ils sont effrayés par le nombre d’heures que vous pourriez faire ? C’est ça ?
Bah les jeunes, ils s’intéressent plus à la profession. Ça fait des années que… enfin on a une communication qui est plus que négative, entre les grèves, des… des salaires qui sont pas très bien, ou ceci, cela. C’est vrai que ça n’attire plus les jeunes, alors que le métier de la pêche côtière comme on fait, c’est un métier qui est agréable et qui est encore rentable. Où on a quand même une semi-liberté, à part l’Europe qui nous tape un peu sur la figure (6). Mais bon, il y a personne qui m’embête (7), quoi. Je pars le matin en mer, je rentre le soir, je suis pas dans un bureau. Que demander de mieux ? (8)
Quelques explications :
1. en fin de compte : finalement
2. on remet ça : on recommence. (familier)
3. Moi, c’est vraiment à part : il veut dire que sa façon de faire est particulière. C’est un cas à part.
4. une plage : du temps, une période
5. travailler comme un malade / comme des malades : travailler énormément. ( familier)
6. la figure : le visage. Taper sur la figure : ici, créer des difficultés, prendre des mesures qui ne sont pas très favorables.
7. embêter quelqu’un : déranger, importuner quelqu’un.
8. Que demander de mieux ? : on dit ça quand on est parfaitement satisfait de la situation.