Il y a eu de fortes intempéries dans le nord de la France et en Belgique ce weekend. Elles étaient annoncées mais que faire contre les cours d’eau qui débordent ?
En France, de gros dégâts matériels dans les communes touchées. C’est moins grave que de perdre la vie, comme ça a été le cas pour plusieurs personnes en Belgique. Mais quand même, c’est toujours difficile à vivre, surtout quand on travaille dur pour se payer une maison, des meubles, des appareils électro-ménagers. Voici quelques témoignages de gens qui disent leur découragement (avec bien sûr un accent du nord dont je vous parle après).
Transcription:
– On avait de l’eau jusque-là. L’eau a m(onté)(1)… L’eau a continué à monter. Tout ce qu’on a réussi à sauver, bah c’était rempli d’eau, quoi. Bah on n’a rien sauvé, quoi, en fait. Quelques souvenirs, tout ce qui était en hauteur. Le reste, tout est… [Oh là, là], machine à la(ver)(1). On n’a plus rien. On n’ arrive pas à y croire. Pour moi, je suis en train de rêver.
Tous les habitants ici parlent d’une montée soudaine et violente des eaux. Pour Claude, un ami venu aider, cette catastrophe était pourtant prévisible :
– Nous, on est en colère parce que (3) ils auraient pu prévenir avant, quoi. Il y a quand même des gens qui contrôlent les rivières, les flux, tout ce qui s’ensuit, pour prévenir les gens quelques heures avant, qu’on puisse mettre ça sur des parpaings (4).
Et ils sont nombreux à ne pas comprendre. C’est la deuxième fois que Jean-Jacques voit sa maison inondée. Résigné, il repasse prendre quelques affaires, avec le doute de vouloir un jour revenir vivre ici :
– Après les efforts qu’on a faits, on a acheté le congélateur, le frigo (5)! C’est la totale ! (6) Moi, ça fait 13 ans que je suis là, c’est la deuxième fois, la deuxième année pire (7). Déjà, j’en peux plus (8), c’est ma santé qui prend (9)et…
– Vous pensez que vous allez pas revenir ?
– Ah non, maintenant, je suis dégoûté. C’est pas vivable.
Quelques explications :
1. Elle s’arrête au milieu des mots et change un peu sa phrase ou enchaîne sur la suite. Mais on devine ce qu’elle allait dire.
2. Je n’arrive pas à y croire : c’est incroyable. On emploie « y » dans cette expression.
3. Parce que ils… : normalement, on devrait dire et écrire « parce qu’ils…. » car le mot après parce que commence par une voyelle. Je suppose que c’est ce que vous apprenez. Mais de plus en plus souvent, on prononce « parce que » en entier avant de continuer, quel que soit le mot qui suit.
4. un parpaing : une brique en béton.
5. le frigo : abréviation familière et courante de « frigidaire ».
6. C’est la totale : il ne peut pas y avoir pire. (familier)
7. La deuxième année pire : cette phrase n’est pas très correcte. C’est la deuxième année, la deuxième fois qui est la pire des deux.
8. J’en peux plus = je n’en peux plus. Cette expression peut exprimer le découragement et une grande lassitude: « Trop, c’est trop. Je ne supporte plus. » Elle peut avoir aussi un sens purement physique : je suis très fatigué / épuisé. (familier)
9. C’est ma santé qui prend = il y a des conséquences sur ma santé. (familier)