Quand on habite sur la côte Atlantique, on vit au rythme des marées, ce qu’on ne connaît pas ici, à Marseille !
A marée basse, les plages, les rochers sont un vrai terrain d’exploration pour les grands et les petits.
En Bretagne, on aime bien aller à la pêche à pied, à la recherche de coquillages. Evidemment, il y a le plaisir de la quête et la satisfaction de remplir son seau. Mais il y a aussi la gourmandise, puisque ces coquillages se cuisinent !
Petite promenade en Bretagne donc.
Transcription:
A chaque grande marée, c’est le même spectacle: des dizaines de pêcheurs armés de seaux et de râteaux se dispersent un peu partout sur la plage et marchent prudemment, les yeux fixés sur le sable mouillé. Et comme tout le monde sur ce secteur, Stéphanie cherche un crustacé particulier:
– Des coques, de préférence des suffisamment grosses puisqu’on n’a pas le droit de prendre les petites. Je pars à la pêche à la vue, on va dire. Je regarde un petit peu, quand je vois… que j’ai l’impression que ça fait des petites bulles, je me dis: « Bon, j’ai peut-être une chance à cet endroit-là ».
C’est un peu la même stratégie adoptée par tous ici. Enfin, presque tous, car Diane qui a grandi à Morsalines, utilise directement ses doigts plutôt qu’un râteau:
– Vous prenez pas de râteau, comme les autres ?
– Oh non ! C’est les Parisiens (1) qui prennent les râteaux !
Julien aussi est natif d’ici (2). Et lui aussi semble avoir plus d’expérience pour dénicher les coques.
– Lorsqu’il y a du soleil, il y a des petites taches bleues qu’on reconnaît, et on les voit bien. Mais là, il y a pas beaucoup de soleil. Alors on gratte.
Ça a plutôt l’air de lui réussir puisqu’il a ramassé plus de coques que les autres en moins de temps.
– Ah bah, c’est un métier, ça !
Malheureusement, la pêche n’a été bonne pour personne aujourd’hui. Mais Daniel sait déjà ce qu’il va faire en rentrant chez lui avec son maigre butin (3).
– Tant qu’à se… s’être baissé (3), on va les manger, hein ! Enfin, ça va pas faire grand-chose (4) à manger. Ça va juste faire…
– Une petite entrée ! (5)
– Une petite… Un petit amuse-gueule. (6)
– Une petite entrée !
-Si ils croi(v)ent (7) que c’est la marée haute, alors ils sortent et ils sentent le sel. Donc ils sortent et puis on les attrape. C’est pas pour manger, c’est pour pêcher. Certains les mangent, mais moi, je suis pas très friand de (8) ce genre de choses.
– Ce soir, pour l’apéro (9), on fait griller comme des frites, quoi, dans l’huile. On est venus exprès pour ça parce qu’on connaît le coin (10). On sait que c’est valable pour la pêche.
– Deux… deux huîtres, c’est tout !
– Ça va être juste (11), un peu, pour ce soir, là !
– Oh bah oui ! Mais il y a… il y a Super U (12) qui est là. On va aller faire les courses (13) après !
Quelques détails:
1. c’est les Parisiens: on retrouve ici la trace du sentiment anti-parisien de certains qui vivent ailleurs qu’à Paris. (et qui voient souvent les Parisiens comme des touristes, qui ne connaissent rien à « la vraie vie », à la nature, etc… ) Il y a toujours eu cette opposition entre Paris et la province, ou comme on dit maintenant, les régions.
2. être natif de quelque part: être de quelque part. Ce n’est pas l’expression courante. D’habitude, on dit juste: « Il est né ici. » Ici, c’est pour insister sur le fait que c’est un enfant du pays.
3. avec son maigre butin: c’est une expression toute faite, qui signifie qu’il n’a pas trouvé grand-chose.
4. Tant qu’à s’être baissé: puisqu’on s’est baissé pour ramasser les coquillages (et que c’était un petit effort), autant en profiter.
5. pas grand-chose: pas beaucoup.
6. une entrée: c’est le premier plat d’un repas complet.
7. un amuse-geule: ce qu’on sert à manger à l’apéritif. (Des petits toasts, des olives, des noix de cajou, des cacahuètes, etc… )
8. ils croi(v)ent: ce n’est pas correct d’ajouter un « V », mais un certain nombre de Français font cette faute avec le verbe croire. (enfants ou adultes)
9. être friand de quelque chose: aimer manger quelque chose.
10. l’apéro: abréviation de apéritif. (familier)
11. le coin: l’endroit. (plutôt familier)
12. ça va être juste: il ne va pas y avoir grand-chose / Il ne va pas y avoir tout à fait assez.
13. Super U: c’est le nom d’une chaîne de supermarchés en France.
14. faire les courses: cette expression signifie toujours qu’on va acheter ce qu’il faut pour manger (et les produits d’entretien de la maison). Ce n’est pas aller acheter des vêtements par exemple.