Gourmandise fruitée




Fraises, framboises et cerises
Les bons fruits rouges qui sentent l’été.

Et des expressions:
Ramener sa fraise, c’est intervenir dans une discussion alors que personne ne vous le demande. (familier)
Il faut toujours qu’il ramène sa fraise ! C’est pénible.

La cerise sur le gâteau, c’est la touche finale dans un projet, le détail qui vient couronner une entreprise. Mais aujourd’hui, on emploie beaucoup cette expression pour parler d’un avantage supplémentaire qui s’ajoute à d’autres avantages pour couronner le tout.

Rien sur les framboises, si ce n’est qu’elles ont toujours eu ma préférence. Ne me laissez pas au milieu des framboisiers !

8 réflexions sur “Gourmandise fruitée

  1. Bernard Bonnejean dit :

    Pardonnez-moi de la ramener* à nouveau, mais je voudrais ajouter une précision sur l’expression la cerise sur le gâteau. En fait, notre chauvinisme franchouillard* dût-il en prendre un coup, c’est une jolie métaphore traduite directement de l’anglais. Ça ne nous appartient pas. Nous avons trouvé ça joli et fin, et nous l’avons pris sans y toucher, je veux dire par là en traduisant pratiquement mot à mot à une date inconnue. Voilà ! Il fallait que ce fût dit. C’est dit. Rendons à César ce qui est à César et à Ze Queen ce qui est à Ze Queen.

    *La ramener (sans autre précision), c’est ramener sa fraise et rien d’autre. Une très belle expression qui n’a rien à voir avec la fraise des bois mais avec la fraise que les nobles et les princes se mettaient autour du cou. Aujourd’hui, on ne ramène sa fraise qu’en imagination et on n’a même plus l’occasion de ramener sa cravate (expression qui n’a jamais existé…).

    *Franchouillard : néologisme de type argotique censé traduire un de nos défauts préférés, l’orgueil national qui n’a rien à voir avec le nationalisme. Vous reconnaissez aisément un groupe de touristes français à l’étranger à l’expression qu’ils utilisent couramment : « C’est bien mais ça vaut pas… » La Tour de Pise, c’est bien mais ça vaut pas la Tour Eiffel ; Athènes, c’est bien, mais ça vaut pas Paris, etc.

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  2. Bernard Bonnejean dit :

    Non, décidément, je ne peux pas me taire. Anne est gentille. Tout chez elle transpire ce parfum de douceur féminine qu’elle ne fera jamais virer. Parce qu’elle enseigne ? J’ai exercé ce métier pendant des décennies sans jamais me départir d’un caractère… Peu importe !

    Anne ne vous dira, par respect, ni l’existence ni le sens précis de « sucrer des fraises ». Une expression ignoble. Certaines personnes, peu gastronomes à mon avis, secouent le sucrier au-dessus de fraises à peine mûres pour tenter de leur donner du goût. Peu importe, du reste ! Le problème n’est pas là. Cette adjonction culinaire, si j’ose dire, ne peut s’effectuer, le plus souvent, qu’au prix de gestes quasi convulsifs dont la fréquence d’agitation varie avec l’humidité du sucre et la circonférence des trous du sucrier.

    D’où l’expression « sucrer des fraises » employée par analogie pour traduire les tremblements accompagnant certaines maladies neurologiques. On dit par exemple d’une personne âgée atteinte d’un Parkinson qu’elle « sucre des fraises ».

    C’est indigne surtout quand une assistante sociale se permet d’employer ce genre d’expression en guise d’explications à l’attention de la famille. La même d’ailleurs ajoutant que la malade en question a « des yeux de chouette » et qu’il lui arrive d’ « être à l’ouest » !!!

    Alors, s’il vous plaît, jeunes gens, jeunes filles, soyez indulgents ! Un jour vous aussi serez vieux et vieilles et je vous souhaite de tout mon cœur de n’avoir jamais à hanter certains établissements qui se sont un jour refermés sur des malades « aux yeux de chouette, parfois à l’ouest, à qui il arrive de sucrer des fraises ».

    Mais puisqu’il paraît qu’en France, tout finit par des chansons, je vous offre celle-ci pour m’excuser d’avoir « cassé l’ambiance » :

    (Seulement la musique. Pour les paroles, vous demanderez à Anne…)

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  3. Anne dit :

    Il y a des expressions qui sont identiques dans les différentes langues, utilisant les mêmes images. Les Anglais parlent aussi de « the icing on the cake », autre décoration finale sur les gâteaux. J’avais lu que « la cerise sur le gâteau » était une des expressions très utilisées par les journalistes et donc devenue un vrai cliché.
    Quant à la fraise, je connaissais l’explication qui veut que ce soit un terme d’argot pour désigner la tête.

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  4. Anne dit :

    Heu… je ne suis pas très forte en paroles de chansons ! (Disons que je ne les retiens qu’en partie – paillardes ou pas, d’ailleurs!)
    Et à propos de « sucrer les fraises », c’est vrai que cette expression n’est pas très sympathique. Alors pour le moment, mangeons les fraises sans sucre le plus longtemps possible !

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  5. Bernard Bonnejean dit :

    Anne, la fraise n’est pas la tête, sinon que signifierait le verbe « ramener » ? On « ramène » sa fraise, comme on « ramène son jabot ou sa cravate », c’est-à-dire qu’on la remet en position pour se donner de l’allure. Or, le fait de ramener sa fraise suppose que l’on se redresse. L’étymologie donnée par Internet, sur un certain site, est fausse. L’expression est bien antérieure au XXème siècle. Loin d’être argotique elle est moderne, remontant à Henri IV. Je vais tacher de trouver un item de l’époque. Il suffit de regarder dans un dictionnaire étymologique.

    Quant à la chanson « paillarde », elle l’est si peu qu’on la chante dans les mariages.

    De fait, pour ce qui concerne la cerise sur le gâteau, nous avions fini par l’interdire dans les dissertations, agacés que nous étions par la fréquence de son emploi par les journalistes. J’avoue que certains professeurs, peu amènes, ont cru bon de jouer sur l’anglophobie (ce n’est pas français mais anglais ! Alors, ne l’employez pas !). Ridicule !

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  6. Anne dit :

    Bernard, je vais donc citer mes sources (pas « un certain site »): le Robert de la Langue Française en 9 volumes (beau cadeau de mes parents du temps des vrais dictionnaires papier !).
    Voici ce qui est dit: (1901)Fraise: (fam) tête, figure. (1921)Loc: ramener sa fraise: se manifester hors de propos; avoir une attitude prétentieuse. Se payer la fraise de quelqu’un: se moquer de lui.
    Suivent des exemples tirés de Marcel Aymé et de Roger Ikor. Rien venu de plus loin.

    Ce sens du mot fraise est à l’entrée « fraise », en 6è position, avec le fruit en tout premier: Du latin populaire, fraga (ce que mes profs appelaient le bas latin en prépa), du latin fresum (p.p. de frendere: broyer, diviser), ce qui donne « fraise » qui est un fruit divisé.

    Puis il y a une deuxième entrée « fraise », séparée: membrane qui enveloppe les intestins du veau et de l’agneau. (Sens que je ne connaissais pas du tout)
    Puis une troisième entrée distincte: fraise (origine incertaine): collerette plissée et empesée.

    Je n’ai pas d’autre dictionnaire étymologique. Donc je ne sais pas si tout cela est controversé !

    J’ai toujours imaginé que ramener dans cette expression signifiait amener, avec l’idée de venir, d’où le sens en quelque sorte d’intervenir, se manifester, qui est le sens de l’expression.
    Et quand même, cette expression est familière, non ? Personnellement, je ne l’emploierais pas avec n’importe qui ni dans n’importe quelles circonstances.

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  7. Bernard Bonnejean dit :

    Eh bien, nous voici en présence d’une belle controverse que nous épargnerons à vos lecteurs, si vous le voulez bien. Personnellement, j’expliquais les choses autrement à mes étudiants sans faire appel à une science infuse dont je ne suis pas plus doté qu’un prof de khâgne. Nous n’avions pas les mêmes sources, c’est tout. Mais j’avoue qu’il est très difficile de lutter contre le Robert… Aussi, me contenterais-je de baisser l’échine, sans tenter de ramener ma fraise de docteur agrégé de lettres (laissez-moi me pavaner, chère Anne, c’est tout ce qui me reste à mon âge) avant d’avoir la certitude absolue et facile à trouver : si l’expression remonte à Henri IV, comme je le pense, on la trouvera dans le corpus de l’époque. Bien amicalement.

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  8. Bernard Bonnejean dit :

    Merci Anne d’avoir gentiment accédé à ma demande. Je n’aime pas les débordements… Mon lien ne se justifiait que par le fait qu’Ambroise Paré, statufié à Laval, arborait une fraise magnifique que nous lui connaissons depuis toujours sur la place de la Mairie. Amicalement.

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