Voici ce qui a amené certains visiteurs la semaine passée, comme ils l’ont tapé dans leur moteur de recherche. Où il est question d’orthographe, de grammaire, d’expressions, de niveau de langue et de poésie.
« sens de tu me fais pas le poids »:
Est-ce une faute de frappe sur me ou une erreur ? Car il faut dire : Tu ne fais pas le poids, ce qui signifie que la personne ne peut pas rivaliser avec une autre, qu’elle est en position de faiblesse dès le départ.
« Moi et les maths sa fait deux »: tout d’abord, il ne faut pas confondre sa et ça. Ensuite, on ne commence pas par Moi. C’est la même chose quand on parle d’autres personnes: mon père et moi, mes collègues et moi.
Dire Les maths et moi, ça fait deux signifie qu’on n’est pas bon en maths. (familier) La phrase est toujours affirmative.
Donc cette autre recherche « Expression sa fait pas deux » présentait en fait deux erreurs.
« Si un Français te dit tu es terrible ça veut dire quoi »: Ce n’est pas un compliment mais un reproche. Par exemple: Tu as encore oublié de me prévenir. Tu es vraiment terrible ! Ou encore: Tu fais tout au dernier moment. Tu es terrible !
Cependant, parfois, on peut le dire gentiment, c’est-à-dire que le reproche n’en est pas réellement un: Je t’avais dit que je ne voulais pas de cadeau pour Noël. Tu es terrible ! Mais bon, ça me fait très plaisir. On est content de l’attention de la personne mais on lui reproche quand même un peu de ne pas nous avoir obéi.
« niveau de langue du mot flotte »: quand ce terme signifie l’eau et par extension la pluie, il est familier et réservé à l’oral. (Sinon, dans son sens ordinaire, il désigne un ensemble de bateaux par exemple: la flotte française. Ou d’avions: la flotte d’une compagnie aérienne.)
Il y avait également cette recherche, bien exprimée: « Comment faire comprendre la différence entre les mots familiers et les gros mots ». C’est vrai que la frontière est parfois ténue entre la familiarité et la vulgarité, la grossièreté et l’agressivité. Normalement, nous savons faire cette distinction, nous connaissons le poids des mots. Mais quand on est étranger, il faut être prudent ! Ou quand on est français, il faut se méfier de ce qu’on dit dans l’instant, de façon impulsive en se se laissant emporter par ses émotions !
J’ai donc aussi trouvé les questions suivantes:
« abruti est-ce une insulte ? » : Oui, c’est fort et agressif.
« Va te faire foutre est-elle une insulte ? » Oui, c’est vulgaire et agressif.
« Est-ce que le mot connare est un gros mot ? »: d’abord, ça s’écrit connard. Mais ce n’est pas très grave de se tromper sur la terminaison: ce n’est pas le genre de mot qu’on écrit puisque effectivement, c’est un gros mot, une insulte forte, qu’on dit sous le coup de la colère, à l’oral uniquement.
Et pour finir, un peu de poésie avec :« Qui a dit qu’elle connerie la guerre ? »
Oui, j’ai bien dit « poésie » ! Bien sûr, le mot « connerie » n’est pas poétique. Mais c’est ce que Jacques Prévert a écrit en 1946 dans son poème Barbara. Il y dénonce la bêtise des guerres et donne beaucoup de poids à son cri du cœur en utilisant ce mot d’argot.
Une petite remarque de grammaire: bien sûr, il faut écrire Quelle connerie ! (Enfant, à l’école, nous avons appris à ne pas nous tromper entre qu’elle et quelle en essayant de leur substituer qu’il. Si c’était impossible, comme ici, il fallait donc choisir quelle. Pas très compliqué.)
[…] Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C’est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Anne, très intéressant! Tu en as beaucoup de terme de recherche, moi la plus part du temps, ça se réduit à « photographie » ou encore, « comment créer un diptyque ». Bon lundi! 😉
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Et je ne parle pas de ceux qui tapent juste « insultes », « gros mots », etc. C’est très porteur, ça ! Je ne me doutais pas en m’intéressant au côté oral de notre français et à toutes nos expressions que ce serait finalement mes pages consacrées aux mots familiers et à l’argot qui auraient le plus de visites. C’est marrant !
Bon, après, je vais me ressourcer chez toi dans tes belles couleurs et la sérénité de ton Canada. (On dirait qu’il y fait un peu froid quand même, dit la Marseillaise d’adoption… 🙂 )
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Étonnant de savoir comme les gens atterrissent chez nous. 😉 Il commence à faire beau, 18C aujourd’hui, ça fait du bien, les bougeons apparaissent de plus en plus. J’ai hâte d’aller photographier les fleurs printanières et la verdure en général. À bientôt!
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