Cette fois, l’automne est bel et bien là : les jours qui raccourcissent, les couleurs qui changent, le chauffage qu’on rallume. (seulement maintenant à Marseille, plus tôt ailleurs en France)
Mais il y a un autre signe qui ne trompe pas : les champignons qui sortent ! Et avec eux, ces Français qui vont aux champignons, en famille ou seuls, au hasard ou pas du tout, ceux qui détestent revenir bredouilles et ceux pour qui c’est de toute façon l’occasion de prendre l’air en forêt.
Les forêts, ce n’est pas ce qui manque en France. Les villes et l’agriculture n’ont pas tout grignoté. Pourtant, aller aux champignons, ça devient compliqué. Parce qu’il faut savoir distinguer les champignons comestibles des champignons vénéneux, pensez-vous. Non, non, ce n’est pas ça. Alors parce qu’il faut connaître les bons coins ? Eh non, vous n’y êtes pas*.
C’est que la majorité de ces forêts sont privées. Et certains propriétaires ne veulent pas que n’importe qui vienne remplir son panier de cèpes ou de girolles. Eh oui, ces champignons sauvages n’ont rien à voir*, question goût, avec les très ordinaires champignons de Paris en boîte. Et puis, ça peut contribuer à arrondir les fins de mois*. Alors, la promenade, pas de problème. Mais la cueillette, pas question ! Les champignons, c’est chasse gardée* !
Transcription :
« Vous étiez en propriété privée. Défense d’entrer. »
Ce ne sont pas les premières personnes que Pierre Fauré et Jean-Louis Hardy, gardes particuliers dans le bois de Sévy rencontrent dans la journée. Depuis la fin juin, les intrusions dans le domaine forestier sont quotidiennes et en forte augmentation. Pierre Fauré :
« On s’aperçoit que de plus en plus, les gens violent les propriétés privées, font fi (1) des panneaux qui sont installés, malgré que (2) ce ne soit pas obligatoire. Ça peut être cinq par jour, jusqu’à trente. Mais on peut dire que cette année, ça bat tous les records ! (3) »
Du coup, le nombre de procès verbaux (4) explose : plus 60 % par rapport à l’an dernier, parce que dans les forêts privées, sans autorisation, il est interdit de cueillir des champignons. On risque jusqu’à 750 € d’amende. Mais les gardes forestiers sont souvent conciliants. Pierre Fauré.
« Si c’est vraiment des novices (5), on essaye de faire de la prévention au maximum. Et puis après, si les gens nous prennent pour des imbéciles (6), là, par contre, on verbalise.(7) »
Pierre et Bernard sont venus cueillir quelques trompettes de la mort. Pour cette fois, ils s’en sortent (8)avec un avertissement. Depuis 50 ans, Pierre est un habitué de la cueillette. Mais il avoue son ignorance:
« On sait pas, quoi. On y va au hasard. »
Bernard, lui, est quelque peu dubitatif.
« J’ai pas vu de panneaux ! Dans le temps (9), on venait dans tous ces bois-là, c’était autorisé. On peut plus rien faire ! »
Et pour cueillir des champignons en toute tranquillité, les forêts communales et domaniales sont publiques. La cueillette y est en principe autorisée.
Quelques détails :
1. faire fi de quelque chose : ne pas respecter une interdiction par exemple, ne pas tenir compte de quelque chose.
2. malgré que : bien que
3. Ça bat tous les records ! : c’est vraiment beaucoup plus que d’habitude.
4. un procès verbal (pluriel : des procès verbaux) : une amende.
5. un novice : un nouveau, quelqu’un qui fait quelque chose pour la première fois, qui n’a pas l’habitude.
6. prendre quelqu’un pour un imbécile : ne pas obéir à cette personne, faire comme si on ne comprenait pas et continuer. (C’est la version polie de « prendre quelqu’un pour un con ».)
7. verbaliser : mettre une amende.Faire un procès verbal.
8. s’en sortir : sortir d’une situation difficile.
9. Dans le temps = autrefois.
* Vous n’y êtes pas : vous n’avez pas compris. Vous vous trompez.
* ne rien avoir à voir avec… : être très différent de…, n’avoir aucun point commun avec…
* arrondir les fins de mois : rapporter un peu d’argent, ce qui aide en attendant la paye du mois suivant. (familier)
* C’est chasse gardée : cette activité est réservée à ceux qui ont l’autorisation et qui protègent ce privilège qu’ils ont.