Les livres comme premiers compagnons.
Les livres qui se méritaient.
Les livres, pour s’évader et pour vivre des romances.
Les livres toujours, compagnons de solitude quand on avance en âge.
C’est ce que racontait Simone l’autre jour à la radio.
Je me souviens de ces livres chez ma grand-mère.
Transcription:
– J’adore les vieux livres, comme vous voyez. Là, il date de 1947. Il y a une âme dans… dans ces vieux bouquins (1). Je pense que les jeunes ne doivent pas connaître ça.
– Qui est l’auteur ?
Marianne Desmarêts. Et je me… je me rends compte qu’au fur et à mesure que j’avance, je l’ai déjà lu ! Je m’en souviens et j’apprécie toujours autant.
– Qu’est-ce que ça raconte ?
– Tout simplement, ça se passait en Alsace, et c’est une jeune fille qui est avec des copains et des copines. Puis d’un seul coup, elle apprend que toute sa famille, son père, sa mère, sa soeur sont morts dans un… sont morts tous dans un accident de voiture. Et alors, elle est tellement… tellement, tellement déboussolée (2) – ils ont pas employé le terme, c’est moi qui l’emploie – tellement déboussolée qu’elle dit « Qu’est-ce que je vais faire ? « . Alors, elle réagit quand même, mais malgré tout, elle a des moments de… d’immense solitude. Elle attend une porte qui s’ouvre pour voir sa famille. Et elle… en feuilletant les… les… des photographies, elle va réaliser qu’elle avait un… un oncle et une tante en Afrique du Sud, à Johannesbourg.
– Le livre et vous, c’est une histoire qui remonte à longtemps ?
– Bah, vous savez, je suis une génération où on ne nous offrait pas des bonbons parce qu’il y en avait pas, du chocolat, il y en avait pas. Par contre, quand on était bien, on avait bien été notés, on nous offrait des… des livres, style, attention (3), la Bibliothèque Rose, Verte (4), vous voyez, hein. Mais on a toujours eu, avec ma soeur d’ailleurs, des livres.
– Le livre, c’était le savoir ? Un moyen, comme ça, de s’ouvrir au monde ?
– S’ouvrir au monde, oui. Vous… vous apprenez énormément de choses.
– Vous continuez à apprendre, Simone ?
– Toujours, toujours. Mais tous les jours, on apprend ! Voyez (5), c’est ça qui est agréable. Le problème, c’est que, ben, on n’a pas tellement de possibilités de parler avec les gens. C’est ça qui est dommage.
– C’est votre petit monde, la lecture, le… l’histoire ?
– Je m’échappe avec. Voyez, c’est une lecture qui est facile, quand même. Quand on des bons yeux ! Je vais chercher mes bonnes lunettes demain. Ça se voit que j’en ai besoin. Voilà.
Quelques détails:
1. un bouquin: un livre (familier)
2. déboussolée: perdue, au sens figuré. (familier) Ça vient de l’idée que quand on n’a pas de boussole, on ne sait plus dans quelle direction aller.
3. attention: ici, elle veut attirer l’attention de celle qui écoute sur un détail important.
4. La Bibliothèque Rose et la Bibliothèque Verte: ce sont les deux grandes collections de livres pour les enfants et la jeunesse qui ont été les seules pendant très longtemps.
5. Voyez: c’est un peu désuet de dire ça. Simone n’est pas toute jeune.