Vingt ans, c’est le bel âge ! Ou en tout cas, ça devrait l’être. Mais être étudiant en 2012 n’est pas toujours simple.
Il a fallu trouver la bonne orientation après le bac et être admis là où on voulait aller. Quand on n’a pas obtenu l’école, la classe prépa ou l’IUT de son choix par exemple, on va à la fac. Et ce qui est très surprenant, c’est qu’aujourd’hui, beaucoup d’étudiants, avant même d’y avoir mis les pieds, considèrent qu’ils ne vont pas y réussir ! Ils sont nombreux à afficher un besoin d’être encadrés ou à s’être persuadés qu’ils ne feront rien dans une structure où on n’est pas réellement obligé d’aller à tous les cours, bref, où il faut être relativement autonome. C’est dans l’air du temps. (Et franchement, c’est très agaçant d’entendre ce discours !)
Mais une chose est sûre, fac ou pas fac, c’est que de plus en plus d’étudiants sont obligés de travailler pour financer leurs études et leur logement. Et qu’il y a de la concurrence pour trouver du travail quand on est jeune diplômé.
Il y en a que ça angoisse. Il y en a qui le vivent très bien !
Petits témoignages.
Transcription:
– Je suis étudiante en Master 1 de Communication et je suis aussi la Vice-Présidente des étudiants de l’université.
– Est-ce que c’est compliqué, aujourd’hui, d’être étudiant en France et particulièrement à Paris ?
– Vivre avec 400… enfin 300 € de bourse (1) ou 400 € de bourse par mois, c’est pas possible à Paris. C’est très cher (2). Il faut un job impérativement à côté ou être soutenu par ses parents, ce qui est pas le cas de la majorité des étudiants.
– Vous êtes soutenue par vos parents ? Vous travaillez à côté ?
– Je suis boursière (3), je suis un peu soutenue par mes parents et j’ai aussi un job (4). Des fois, c’est compliqué. En ce moment, c’est compliqué par exemple ! J’attends que le CROUS (5) me verse gentiment la bourse du mois de mars !
– Est-ce qu’on est inquiet, quand on est étudiant, pour son avenir ?
– Oui ! Oui, oui, surtout quand on arrive dans la Licence, quand c’est… voilà, au Master. Se dire « Est-ce que j’ai choisi la bonne filière (6) ? », parce que parfois, on… on ressent, comment dire, la compétition avec ceux qui sont… qui peuvent être en Ecole. (7)
– Vous vous sentez un décalage par exemple avec ceux qui font des Grandes Ecoles ?
– Euh oui, parce que quand même, ils ont quand même certains moyens (8) que nous, on n’a pas. Je trouve aussi (9) le souci en France, c’est qu’on regarde beaucoup trop votre diplôme, mais l’expérience, un petit peu moins. Pour le recrutement, c’est voilà: « Ah, vous sortez de telle école ? Bah d’accord. Bon, c’est pas mal. De l’université ? Bon, vous passerez après, hein ! »
– Et là, vous avez… vous avez un cours ?
– Oui, on a un cours…
– Un amphi (9) de Droit.
– On est en amphi, voilà. En amphi de Droit. C’est pour ça je me rappelle pas en fait. On est étudiant, on a un peu de travail mais franchement, moi je branle rien (10), voilà. Donc, non, c’est pas compliqué d’être étudiant et on est tranquille vraiment. Moi, je kiffe (11) être étudiant. Si je pouvais être étudiant toute ma vie !
– Et vous êtes pas inquiet pour votre avenir ?
– Alors là, pas du tout ! L’avenir s’annonce radieux.
Quelques détails:
1. une bourse: on peut avoir droit à une bourse en fonction des revenus qu’on déclare. (si les parents ont de petits revenus par exemple, ou si on est seul pour payer ses études.)
2. c’est très cher: ce qui est cher, c’est avant tout le logement. Il y a trop peu de chambres en cité universitaire. Il faut donc passer par des propriétaires privés. (Tous les loyers ont énormément augmenté ces dernières années, et pas seulement à Paris, et pas seulement pour les étudiants.)
3. être boursier (ou boursière): c’est toucher une bourse.
4. un job: c’est le terme que les Français ont emprunté à l’anglais pour parler des petits boulots, des emplois d’étudiant.
5. le CROUS: c’est l’organisme qui verse les bourses et qui gère les cités universitaires ainsi que les restos U notamment.
6. une filière: dans le domaine des études, c’est une voie, c’est-à-dire le type d’études qu’on choisit. On peut par exemple suivre une filière scientifique, ou littéraire ou économique, etc… Cela peut aussi désigner le type de structure qu’on suit: la filière grandes écoles, la filière IUT, la filière université.
7. les écoles: ce sont les Ecoles de Commerce, d’Ingénieurs, etc… où on est admis sur concours ou après une sélection plus sévère qu’à l’université. (L’accès à l’université est normalement toujours possible quand on a le Bac.)
8. avoir des moyens: ces écoles ont plus d’argent que les universités, donc les conditions d’études sont meilleures en général.
9. je trouve le souci… : elle aurait dû dire: je trouve que… (mais à l’oral, ça arrive souvent d’oublier certains mots sans que ce soit vraiment gênant.)
10. un amphi: abréviation de amphithéâtre, qui est d’abord le lieu où se déroule ce type de cours avec de très nombreux étudiants dans une même grande salle. Et donc on dit qu‘on a amphi pour dire qu’on a un cours en amphi, par opposition aux TD (Travaux Dirigés) où les étudiants sont en plus petit groupe. (On dit qu‘on a TD de Droit par exemple.)
11. branler: faire. (argot, assez vulgaire). Ce garçon est l’exemple de ces étudiants qui ne travaillent pas beaucoup parce qu’il n’y a pas beaucoup d’heures de cours à l’université. Il devrait travailler de façon autonome mais comme beaucoup, il ne le fait pas ! D’où un taux d’échec très important en 1ère année à l’université car il faut être discipliné, organisé et volontaire. (Ce n’est pas la même chose en IUT ou en école ou en classe prépa. où les étudiants sont très encadrés et suivis.)
12. je kiffe: j’aime (argot, très familier) Ce verbe a d’abord été très populaire chez les jeunes des banlieues. Puis il s’est répandu dans d’autres milieux, mais essentiellement chez les jeunes.
J’ai la même opinion que vous.
Au Japon comme en France, les circonstances autour des étudiants sont presque pareilles. Il y en a beaucoup qui considèrent qu’ils ne vont pas y réussir sans faire tous ses efforts.
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