Il y a les films qu’on voit dès qu’ils sortent au cinéma.
Il y a ceux qu’on a ratés pour des raisons diverses et pour lesquels on s’est dit: « ça ne fait rien, je le regarderai quand il sortira en DVD ». Et puis on oublie. Et un jour, par hasard, en feuilletant le programme de la télé, ils sont là. Alors s’asseoir, parce que dans le fond on est disponible et regarder, enfin.
Hier soir, sur Arte, j’ai vu Le scaphandre et le papillon. Enfin. Après tout le monde. Mais avec les mêmes sentiments.
Un si beau film, tiré du livre de Jean-Dominique Bauby, victime d’un AVC* et qui a raconté comment on sort d’un coma qui vous laisse enfermé dans le scaphandre de votre corps, définitivement. Privé de tous ces mots qu’on dit et écrit tout seul mais habités par eux, ces mots relayés par des gens formidables qui se font vos interprètes.
Un si beau film, loin du pathétique, avec toutes ces voix si belles, voix intérieure de cet homme, voix d’enfants, de femmes aimées, d’un père qui a vieilli, d’un ami pour la vie.
Un si beau film, loin du chagrin dans le fond, avec toutes ces images comme perçues de l’intérieur du scaphandre, ou filmées sur des plages du nord, d’enfants qui continuent à jouer et chanter pour ce père abîmé. Des images de ce qui ne sera jamais plus et celles d’un présent impensable mais si simplement réel. Des images si sobres.
Transcription:
– Regarde, il se réveille !
– Docteur! Docteur !
– Je sais à quel point tout ça est difficile pour vous.
– Vous ne m’entendez pas ?
– Vous souffrez de… de ce qu’on appelle un Locked-in syndrom.
– Je sais que vous pouvez cligner des yeux. Alors vous allez cligner une fois pour oui, deux fois pour non.
– J’ai eu une attaque. Je vais retrouver la parole, je vais retrouver la mémoire.
– Ça va aller, monsieur Bauby, ça va aller.
– Ça va aller!
– Il comprend tout. Il comprend tout.
– L’imagination et la mémoire sont mes deux seuls moyens de m’évader de mon scaphandre.
– Au sujet du livre…
– Ah oui, il a… il a conclu un contrat avec nous.
– … il voudrait le faire.
– Mais il parle ? Je croyais qu’il pouvait pas parler.
– Il… il parle. Il s’exprime d’une certaine manière.
– Aujourd’hui, il me semble que toute mon existence n’aura été qu’un enchaînement de petits ratages.
– Envoyez-moi un baiser.
– Qu’est-ce qu’elle est belle !
– Allez !
– Les chances qu’on n’a pas voulu saisir. Les instants de bonheur qu’on a laissé s’envoler. Etais-je aveugle et sourd ? Ou bien fallait-il nécessairement la lumière d’un malheur pour m’éclairer sur ma vraie nature ?
– Il faut vous accrocher à l’humain qui est en vous. Et vous survivrez.
– Je peux imaginer n’importe quoi, n’importe qui, n’importe où, vivre mes rêves d’enfant.
– Il m’entend ?
– Ça ne doit pas être facile pour un père de parler à un fils quand on sait trop bien qu’il ne va pas vous répondre.
– Tu es l’homme le plus surprenant que j’aie jamais rencontré.
– Maintenant, je veux me souvenir de moi tel que j’étais.
* un AVC: un accident vasculaire cérébral.
* Chapeau bas: cette expression sert à exprimer son admiration.
Au-delà de la leçon de vie de cette histoire, je suis admirative de la façon dont le cinéaste l’a racontée, avec sa caméra et une si belle lumière.
le 14 juin 2012
Juste un petit mot pour dire que moi aussi j’ai apprecie le film quand il est sorti dans notre petite ville l’annee derniere. Je me souvenais d’avoir entendu parler du livre une fois que j’ai vu « Le scaphandre et le papillon. » Merci de m’avoir fait penser a cette histoire touchante.
Avez-vous deja aborde le sujet des voitures francaises? Moi, je fais partie d’un club a Seattle qui est compose des amateurs de la Citroen, et nous avons une tres vieille 2 CV. J’ai meme participe au rassemblement mondiale des amateurs de la 2 CV l’ete de 2011 a Salbris en France. Une semaine inoubliable avec 7.000 Deux-Chevaux!
Susan REDD
J’aimeJ’aime