Le temps de lire


Il fait mauvais temps.
Un temps à ne pas mettre le nez dehors.
Un temps à prendre son temps.
Un temps propice à la lecture.

Transcription:
– Je suis en train de lire La couleur des rêves, de Rose Tremain.
– C’est un auteur (1) que vous connaissiez ?
– Pas du tout ! Je l’ai découvert en allant à la bibliothèque, la… la semaine dernière.
– Vous empruntez souvent des livres là-bas ?
– Oui, tout le temps.
– Qu’est-ce que vous aimez lire ? Quel genre de livres vous aimez lire ?
– J’aime beaucoup les livres historiques, et puis quelques policiers aussi.
– Là, en l’occurence (2), c’est un… c’est un policier ?
– Non, pas du tout. C’est l’histoire d’un couple qui va en Nouvelle Zélande pour trouver de l’or. C’est un livre qui… qui me plaît beaucoup.
– Ça vous plaît. Qu’est-ce qui… qu’est-ce qui vous plaît dans ce livre ?
– Bah c’est-à-dire que c’est une histoire qui est pas ordinaire, disons. Et puis, c’est bien écrit. Donc j’avoue que je suis assez tentée d’arriver à la fin pour savoir exactement ce qui va se passer.
– Est-ce que vous avez toujours lu ?
– Plus ou moins. Pas plus que moins à la limite (3) quand j’étais en activité (4), mais depuis que je suis à la retraite, oui, beaucoup.
– Et enfant par exemple, vous aimiez lire ?
– J’avoue que j’ai pas tellement de souvenirs de mon enfance. Comme j’ai… Comme je vais souvent à la bibliothèque, j’ai l’occasion de… de rencontrer des… des classes d’enfants qui viennent. Je trouve effectivement qu’on leur permet d’accéder à la lecture d’une manière sans doute plus importante que nous, on (5) ne le faisait à notre époque. Et moi-même, je vais lire des histoires aux enfants dans les écoles maternelles (6).
– Comment ils réagissent, les enfants, à ça ?
– Ils posent beaucoup de questions, ce qui est très bien, à mon avis, comme ça, ça leur permet d’apprendre un certain nombre de choses. Ils sont, oui, vraiment très vivants, très dynamiques.
– Est-ce que ça vous donne envie, vous, de… d’écrire par exemple ?
– Non, pas du tout. Je vois pas du tout comment on peut raconter une histoire avec tant d’imprévu, de… de surprises. J’ai du mal à le… à l’imaginer.
– Ça vous impressionne ?
– Oui, un peu, oui.
– Est-ce que vous sacralisez le livre, par exemple ?
– J’ai toujours fini mes livres, même ceux qui me plaisaient pas.
– Alors là, vous êtes impatiente. Il vous reste combien de pages ?
– Oh, il doit plus m’en rester beaucoup ! Une cinquantaine.
– Faut pas regarder le dernier mot, hein !
– Ah, non, non, non ! Ça, surtout pas ! Faut pas (7). Parce qu’après, on est déçu. Je l’ai fait une fois et depuis, je l’ai jamais refait.

Quelques détails:
1. un auteur: ce nom est toujours masculin mais il s’applique à tout écrivain, homme ou femme. Depuis quelque temps cependant, on trouve l’orthographe: une auteure, au  nom de l’égalité hommes-femmes.
2. en l’occurence: dans le cas présent / dans la situation présente.
3. à la limite: à la rigueur / je veux bien l’admettre
4. être en activité: à propos d’une personne, cela signifie qu’elle travaille, qu’elle  est dans la vie active.
5. que nous on le faisait… : à l’oral, c’est tout à fait naturel de mélanger nous et on. Normalement, d’un point de vue strictement grammatical, on devrait dire: …que nous, nous ne le faisions à notre époque. Mais c’est d’un niveau de langue plus soutenu, plus écrit.
6. une école maternelle: les enfants français peuvent être scolarisés dès l’âge de 3 ans, en maternelle, avec de vrais professeurs des écoles formés pour ça. Cette dame va lire des histoires aux petits bénévolement.
7. Faut pas: il ne faut pas. (style familier, à cause de l’omission du pronom il, très courante.)

Deux façons de parler très naturelles à l’oral:
Utiliser « ça » et non pas « cela »: ça vous plaît ? / ça vous donne envie… ? / ça leur permet… / ça vous impressionne ? (Cela est d’un niveau de langue soutenu et avant tout écrit.)

Mélanger « nous » et « on » dans une même phrase.
C’est même devenu tellement courant que ça se lit sur internet:

Ce qui est surprenant dans le titre, c’est l’emploi de « que l’on » (qui est soutenu), au lieu du très ordinaire « qu’on », qui serait plus cohérent ici puisque le mélange « on » et « nous » est plus familier.

Pour récapituler, voici tout ce qu’on pourrait dire:
– que l’on inflige à ses cheveux. (le plus correct grammaticalement et le plus soutenu)
– qu’on inflige à ses cheveux. (tournure impersonnelle tout à fait correcte)
– que nous infligeons à nos cheveux. (tournure plus personnelle, qui nous implique davantage et parfaitement correcte aussi)

– que l’on inflige à nos cheveux: cette phrase est correcte si ce « on » désigne quelqu’un d’extérieur, quelqu’un d’autre qui n’est pas « nous ». Or, en lisant la suite, on se rend bien compte que ce n’est pas le cas ici: On fait des gestes qui nuisent à nos cheveux. Ici, il est évident que on est utilisé à la place de nous, et non pas pour désigner quelqu’un d’autre.

Et pour conclure, de toute façon, « infliger une erreur » n’est pas très français !
A la place, ce serait plutôt: Les erreurs que nous faisons avec nos cheveux. Ou encore: Les mauvais traitements que nous infligeons à nos cheveux.

2 réflexions sur “Le temps de lire

  1. Jianjing dit :

    Ah, au début, je m’attendais à une conversation entre le père et son fils. Bon, je crois que le père est sur son portable ou son Kindle! Et ce livre pour son fils, il me semble trop gros!

    Cet image me fait connecter aux moments où, mon père et moi, on lisait ensemble. Il a l’habitude de lire tout et n’importe quoi, par contre moi, je suis un peu le contraire. Ça me gêne énormément de m’arrêter au milieu dans un livre, donc je souvent passe beaucoup de temps à le choisir avant de commencer.

    Je connais presque aucun auteur français moderne, à part Antoine de Saint-Exupéry et Patrick Modiano, donc je compte presque exclusivement sur ce que je lis pour découvrir les “nouveaux” auteurs et ses oeuvres. En fait, je sais toujours pas ce que j’aime lire le plus, et je pense que ça me rend un peu ouvert à beaucoup d’idées.

    Je suis toujours très admiratif devant les gens qui puissent citer quelque phrase au bon moment, soit d’un poème, d’un livre, ou d’un film! Souvent je trouve que ce sont les moments très magiques!

    En l’occurrence, je suis en train de relire “La promesse de l’aube” de Romain Gary, et je dois avouer que je manque d’adjectifs pour encenser ce livre magnifique. Je pense que je serai jamais à la hauteur d’écrire les mots qui vont rendre grâce à ce livre! (je sais pas si je m’exprime correctement, en anglais “words can’t do it justice”, désolé pour écrire l’anglais ici…)

    À bientôt Anne!

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  2. Anne dit :

    Je suis comme toi, j’admire ceux qui retiennent des passages de livres. C’est comme un trésor qu’ils ont avec eux, je trouve. Des mots qui nous accompagnent et donnent un sens à la vie.
    De mon côté, je crois que je n’ai jamais terminé un livre quand il ne me plaisait pas, sauf quand c’était pour mes études et donc imposé. C’est aussi pour ça que j’aime bien les bibliothèques, on peut essayer tout ce qu’on veut et laisser tomber si ça ne nous convient pas. Je ne sais pas quel âge tu as, mais pour moi, plus je vieillis, plus je refuse de perdre du temps avec un livre qui ne me touche pas: il y en a tellement qui attendent d’être lus et le temps se rétrécit.
    Ah oui, j’avais beaucoup aimé La Promesse de l’aube. Tu me donnes envie de le relire! Je le vois dans mes étagères !
    En ce moment, je lis un beau roman de François Garde : Ce qu’il advint du sauvage blanc. Aucune envie de l’abandonner. Et en même temps, je n’ai pas envie de le terminer trop vite! J’en parlerai sûrement bientôt.
    A propos de Words can’t do it justice, c’est vrai que ce n’est pas simple à exprimer en français! Ce que tu as écrit est très bien. On pourrait dire aussi: il n’y a pas de mots pour parler de ce livre. / Je n’ai pas de mots assez forts pour parler de ce livre.

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