Ils courent, ils courent

BasketsVous courez ? Moi, non. Je préfère le vélo. Mais ces deux activités ont en commun le fait qu’il faut peu de choses pour s’y mettre. Un peu plus pour le vélo, mais comme la course à pied, on peut y aller quand on veut, où on veut. Nul besoin d’être inscrit dans un club.
Deux jambes, des chaussures, et c’est parti ! Et ça, c’est vraiment agréable.

Ils courent

Transcription :
– C’était le néant sportif ! (1) Je suis une ex-nulle (2) en sport. Je n’ai… Je n’ai jamais accroché (3) à un sport. Le sport, ça a toujours été une contrainte pour moi, c’était juste une matière à l’école. Je l’avais… Je me souviens d’ailleurs d’aversion particulière pour les séances d’athlétisme à l’école. Et je me suis mise (4) à la course à pied il y a un peu moins de deux ans, comme de nombreuses personnes (5), parce que… parce que je suis accessoirement(6) aussi maman de trois enfants. Mon petit dernier arrivait sur ses deux ans, j’avais un boulot très prenant et j’avais en vacances envie de prendre un peu de temps pour moi. Donc j’ai fait avec ce que j’avais sous la main (7), à savoir mes baskets (8), dix ans d’âge. Et puis au bout d’une, deux, trois sorties, j’ai accroché et je me suis vite rendu compte qu’il se passait quelque chose quand j’ai commencé à prendre une baby-sitter pour aller courir et pas pour aller faire les magasins (9). Et puis je me suis vite… enfin en quête de (10) challenge, je me suis inscrite à des courses. J’ai connu, voilà, la soif de dépassement de soi et le bonheur que c’est de passer une ligne d’arrivée. Et neuf mois après, en fait, je courais mon premier marathon en 3 h 44 de bonheur intense, et depuis…
– On a du mal à vous croire, notamment en régie (11), ils ont beaucoup de mal à vous croire parce qu’ils se disent que s’ils couraient un marathon, au bout d’un ou deux kilomètres, ils seraient… bah ils seraient pas vivants tout simplement ! 3h44 !
– Il faut qu’ils essayent, hein, tout bêtement ! (12)
– Je ne suis pas sûr qu’ils soient…
– Vous vous rendez compte, une anti-sportive, elle a été… Voilà, d’un seul coup, elle a découvert ce plaisir-là, parce que c’est vraiment du plaisir quand même la course. C’est une communion avec la nature, c’est une communion. Il faut courir dans la nature, à la base. Alors, les marathons, c’est vrai que c’est citadin (13), mais il y a aussi un plaisir d’être dans un environnement formidable, quoi !
– Mais 3h 44, c’est incroyable quand même !
– Ah, c’est formidable ! Pour un premier marathon, c’est super ! Bravo !

– Je voulais simplement signaler que pour moi, la course a révolutionné pratiquement ma vie. J’ai commencé à courir il y a dix-huit mois. J’ai… J’avais 45 ans et un petit peu… enfin beaucoup de surpoids. J’ai donc commencé à courir pour perdre du poids. Ça a été diaboliquement (14) efficace, j’ai perdu vingt kilos à peu près. Et ça m’a permis de découvrir en fait beaucoup de choses de ma personnalité, j’ai remis en cause (15) mon… ma façon de m’alimenter. J’ai remis en cause ma façon… mon appréhension (16) avec la nature. J’ai découvert que le fait d’aller courir le matin, à 6 heures ou 7 heures du matin, bah ça permettait de… Excusez-moi, je suis un petit peu ému de passer à l’antenne.
– Non, non, mais tout va bien, Christian.
– Ça me permettait de… bah d’être en relation avec… avec la nature, d’être en relation avec le temps, et du coup, j’ai modifié mon équilibre alimentaire, j’ai modifié pas mal de choses dans ma vie, et aujourd’hui, je me sens vraiment très, très bien grâce… grâce à la course, et j’ai couru le marathon de Paris dimanche, simplement après dix-huit mois de course. Je voulais simplement aussi préciser que, contrairement à ce qu’on peut penser, la course est quand même un… une activité sociabilisante, même si on pense qu’on va courir tout seul. Voilà, moi j’ai l’habitude de courir avec mes collègues à midi en allant… pendant la pause du déjeuner, le weekend avec mon frère, etc. Et donc pour moi, la course n’est absolument pas une activité égoïste.

Quelques détails :
1. le néant sportif : le néant est un terme très fort pour décrire un état de vide absolu. Donc elle veut dire qu’elle ne faisait vraiment jamais de sport.
2. Être nul(le) en quelque chose : ne pas être bon du tout. (plutôt familier)
3. accrocher : s’intéresser à quelque chose. On peut l’utiliser à propos de sports mais aussi pour d’autres choses qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Par exemple : J’ai commencé à faire du théâtre et j’accroche vraiment. / Je n’accroche pas du tout à ce genre de films, de livres. Ou encore : J’ai vu ce film. Mais je n’ai pas du tout accroché. (plutôt familier)
4. se mettre à quelque chose / à faire quelque chose : commencer à faire quelque chose, démarrer une activité. Par exemple : Il s’est mis au dessin, au piano, à la cuisine, au français,, etc.
5. comme de nombreuses personnes : plus souvent, on dit : comme beaucoup de gens.
6. Accessoirement : ce terme signifie que c’est en plus du reste. Donc ici, elle l’emploie de façon plutôt ironique car on imagine bien que ce qui compte, c’est d’abord le fait qu’elle ait trois enfants ! Elle veut juste insister sur le fait qu’elle doit trouver le temps de tout concilier : sa famille et sa passion pour la course à pied.
7. Avoir quelque chose sous la main : pouvoir utiliser quelque chose qu’on a déjà, sans avoir à se le procurer. Par exemple : J’ai fait un gâteau tout simple parce que j’avais juste sous la main deux œufs, du beurre, de la farine et du sucre.
8. Des baskets : c’est le nom que les Français donnent souvent aux chaussures de sport.
9. Faire les magasins : aller dans les magasins pour s’acheter des vêtements, des chaussures, etc. (C’est différent d’aller faire les courses, ce qui signifie qu’on va acheter de quoi manger et entretenir la maison).
10. En quête de : à la recherche de
11. en régie : ce sont qui travaillent à la technique à la radio, tous ceux qui s’occupent du son et de la retransmission à la radio. Ils sont en régie, pas directement dans le studio d’enregistrement.
12. Tout bêtement : tout simplement (un peu plus familier)
13. citadin : qui se fait en ville, pas à la campagne
14. diaboliquement : ici, cela signifie très. On ne l’emploie pas souvent en fait. Donc cet homme veut souligner le fait que c’est presque impossible à croire et pourtant, ça a extraordinairement bien marché pour lui.
15. Remettre en cause quelque chose : critiquer et changer quelque chose.
16. Mon apprehension de la nature : normalement, appréhension signifie crainte, peur. Mais je pense qu’ici, il veut parler de sa manière d’appréhender la nature, c’est-à-dire sa façon de la percevoir et de la vivre.

L’émission tout entière est ici. Vous pourriez la télécharger et l’écouter en allant courir !

8 réflexions sur “Ils courent, ils courent

  1. Sabine dit :

    Pas de courses à pied pour moi, en raison de mes genoux délicats ( …) , de la Zumba ( pas forcément mieux pour les genoux) et de temps à autre des randonnées qui permettent de m’émerveiller sur les paysages varois et la nature .

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  2. Anne dit :

    Effectivement, la course est plus traumatisante pour les articulations, à cause des impacts. Peut-être faut-il des chaussures « excellentes » (et donc très chères) ! Jamais testé ça. Au rythme de la rando, c’est sûr, on a le temps de profiter du paysage et on a accès à des endroits magnifiques. La seule chose, c’est que les genoux peuvent aussi souffrir, notamment dans les descentes ! Il paraît que les bâtons, ça aide bien. A bientôt 😉

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  3. edelweiss dit :

    Bonjour Anne,

    Moi je fais de la marche nordique, marcher avec deux bâtons comme dans le ski de fond. On dit qu’il fait travailler le 80% des muscles du corps et soulage les genoux et le dos, en plus c’est sympa! J’habite dans un petit village, j’ai plein de chemins autour et comme je fait peu de bruit je me croise avec des lapins, les merles qui cherchent des vers, les sangliers qui creusent pour manger des racines, les serpents… et c’est ça que j’aime le plus! Le pire ce sont les motos et VTT qui vont à tout vitesse et après leur passage laissent mes compagnons de chemin, grenouilles, serpents de verre, écrasés au sol.

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  4. ligia dit :

    Il y a longtemps, mon sport préféré était ce qu’on appelait à l’époque… « power sitting » (être assise devant la télé). Depuis qu’on s’etait débarrassé de la voiture, j’ai commencé à faire de la marche à pied et aujourd’hui j’en suis accro’.

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  5. Anne dit :

    Merci pour ce joli tableau de tes randonnées à pied. Je n’ai jamais essayer de marcher avec des bâtons. Il paraît que c’est bien, notamment dans les descentes, pour soulager les genoux. Il faudra que j’essaie! Ici, les chemins sont en général interdits aux motos, donc on est tranquille. Mais les VTT sont autorisés en général… (Et j’en profite car nous faisons aussi du VTT, mais sans écraser les animaux, ni gêner les marcheurs !) A bientôt

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  6. Anne dit :

    Bonjour Ligia, c’est vrai que souvent, on peut laisser tomber la voiture, notamment à Paris ! Et plus on marche, plus on se rend compte qu’on peut faire beaucoup de choses à pied dans le fond. Et ça fait du bien !

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  7. Suzon Charbonnier dit :

    Merci pour ce dialogue qui va servir à notre groupe d’apprenants FLE de la MJC. Il permettra encore d’élargir le vocabulaire concernant les sentiments, les sensations…
    Et puis, chaque fois on découvre de nouvelles tournures de phrases, c’est très enrichissant.
    Bonne continuation à tous.
    Suzon

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