En écoutant le monsieur devenu très riche dont il était question dans mon billet précédent, j’ai repensé à ce film de 2006 qui s’appelle Quatre Etoiles. Peut-être l’aviez-vous vu alors. Sinon, vous pourriez essayer de le trouver!
Isabelle Carré y est formidable en jeune femme ordinaire qu’un héritage inattendu rend assez riche pour qu’elle décide de larguer les amarres* d’une vie trop tranquille et plan-plan*. Pour elle aussi, direction la Côte d’Azur et ses palaces, ses voitures de luxe et sa vie facile, à laquelle elle se fait sans problème ! C’est une vraie comédie, où elle virevolte entre deux hommes, un riche plutôt niais qui tombe raide dingue d’elle et un escroc sympathique qui pense la contrôler mais qu’elle finit par mener par le bout du nez*, en joyeuse emmerdeuse qu’elle apprend à être. Un grand classique, à la sauce française.
La bande annonce, c’est dommage, ne donne qu’un très mauvais aperçu de cette histoire. Mais vous y aurez un avant-goût de son rythme et de ses dialogues qu fusent dans tous les sens, avec un José Garcia déchaîné comme d’habitude. Et puis les lieux peuvent faire rêver… en attendant de gagner au loto !
Transcription :
– On ne peut pas partager de… la même chambre d’hôtel, vous et moi. C’est pas possible.
– Et pourquoi ça ?
– J’ai envie de me balader (1) à poil (2), si j’en ai envie. Quelquefois, je fais monter les putes (3) russes à 4 heures du matin. Je fais des bains moussants. Je claque les portes.
– Oui, mais seulement, moi, ça me rassure d’être dans votre chambre. Comme ça, je sais où vous êtes.
– Je vous ai fait une reconnaissance de dettes (4), vous avez mon passeport. Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?
– Vous avez peur de tomber amoureux de moi. C’est ça ?
– Attendez, que moi… Que moi, je tombe amoureux de vous ! Non, mais attendez, vous réfléchissez des fois à ce que vous dites ? Ou alors, les mots vous viennent comme ça, là ?
– Quoi ? Je suis pas votre genre ?
– Oui, c’est ça, voilà. Vous n’êtes pas mon genre, voilà.
– Oui mais alors, c’est quoi, votre genre ?
– Pour moi, vous êtes… Vous êtes un peu comme une Barbie, voyez, quand on est petit, on prend une Barbie, puis on soulève la jupe et on se dit : Qu’est-ce que je peux faire avec ? Et bah voilà, on joue avec les jambes, puis au bout d’un moment, on est super énervé, alors on lui arrache la tête. Voilà. Alors, de mon côté, moi, vous n’êtes pas une femme, voyez. Vous êtes comme une Barbie. Alors, vous faites comme si je n’étais pas un homme, voilà. Vous pensez que je suis Ken, habillé.
– Elle est assez unique dans son genre.
– Hého !
– Vraiment, moi Tarzan, toi Jane, hein !
– Tu peux pas te passer de moi (5), hein !
– Aïe ! Mais qu’est-ce que vous faites, là !
– Oh bah dis-donc, ça vous allait pas d’être jeune (6), hein !
– Je vous emmerde, moi ! (7)
Des explications
1. se balader : se promener (ici au sens figuré)- Familier
2. à poil : tout nu, sans vêtements (argot)
3. une pute : une prostituée (argot)
4. faire une reconnaissance de dette à quelqu’un : c’est signer un document dans lequel on précise quelle somme a été prêtée.
5. Ne pas pouvoir se passer de quelqu’un : avoir besoin de cette personne tout le temps, avoir envie d’être avec elle en permanence. Cette personne nous est indispensable, pour une raison ou une autre.
6. Ça ne vous allait pas : elle ne le trouve pas très beau jeune ! Elle trouve que la jeunesse ne l’avantageait pas vraiment !
7. Je vous emmerde, moi ! = J’en ai rien à faire de ce que vous pensez, de ce que vous dites. Ce qui est drôle, c’est qu’il lui répond vulgairement et avec agressivité, mais il continue à la vouvoyer.
Tu m’emmerdes / Je t’emmerde:
Quand elle se moque de lui à cause de sa photo sur son passeport, il aurait pu lui répondre « Vous m’emmerdez », c’est-à-dire « Vous me cassez les pieds ». Mais en se mettant en position de sujet (Je), c’est comme s’il voulait reprendre le contrôle et c’est finalement plus agressif et encore plus grossier. Mais dans le fond, c’est ce qu’on dit quand on est à bout d’arguments.
* larguer les amarres: c’est comme sur un bateau qui quitte la terre ferme, lorsqu’on détache les cordes qui le retiennent à quai. Au sens figuré, c’est donc partir en abandonnant tout derrière.
* une vie plan-plan : ordinaire, très fade, routinière et sans surprise. (familier)
* mener quelqu’un par le bout du nez : lui faire faire tout ce qu’on veut, parce que cette personne est sous notre influence et n’a plus de sens critique. (familier)