Paumée !

Hiver à neige. Rien de surprenant mais comme les hivers passés ont eu tendance à être plus doux, dans beaucoup de régions, on a un peu perdu l’idée qu’il peut neiger. On oublie vite d’une année sur l’autre !
D’une manière générale, tout le monde est content quand il neige. Au début tout au moins. Les paysages sont redessinés, l’ambiance est feutrée, on se réveille un matin et c’est un peu magique, tout ce blanc. On retrouve des émotions qui viennent de l’enfance.

Mais très vite, les choses se compliquent, parce qu’aujourd’hui, on travaille souvent loin de chez soi, il faut prendre sa voiture, être à l’heure coûte que coûte. Alors, la neige devient une épreuve sur des routes déjà surchargées en temps normal qui ne sont pas dégagées assez vite. Et donc dès qu’il tombe un peu de neige, on a droit aux mêmes récits d’automobilistes pas préparés, bloqués et dépités, notamment dans la région parisienne.

En voici un très court, d’une conductrice qui ne sait plus quelle direction prendre, une fois qu’elle ne peut plus suivre son itinéraire habituel. Perdue dans des rues de banlieue où on ne passe jamais quand on n’est pas du quartier.

Paumée

Transcription:
J’ai fait partie des gens qui étaient bloqués. J’ai essayé de sortir (1) où j’ai pu sortir. Moi, mon portable, du coup, bah il y a plus de chargement (2), je n’ai plus rien. Je suis perdue, paumée (3), paumée. Je sais plus où je suis. On prend les routes comme on peut les prendre. Même les panneaux, il y a marqué sens interdit (4), mais ils sont recouverts de neige, donc on passe à côté. Et il me reste à peu près cinq kilomètres d’essence, pas plus.

Quelques détails :
1. sortir : ici, il s’agit de sortir de l’autoroute. On dit qu’on entre sur l’autoroute et qu’on sort de l’autoroute.
2. Il y a plus de chargement : son téléphone n’est plus chargé. (Et elle n’a apparemment pas de quoi le recharger dans sa voiture.) Le plus souvent, on dit : Je n’ai plus de batterie. / Mon téléphone est complètement déchargé.
3. paumé = perdu. (style familier et oral)
4. sens interdit : c’est le panneau qui indique qu’une rue est dans un seul sens. On dit : C’est en sens interdit. / La rue est en sens interdit. / Ne prends pas le sens interdit. / Il y a des sens interdits partout !
5. Il me reste cinq kilomètres d’essence : Il ne lui reste presque pas d’essence avant de tomber en panne d’essence ! On peut dire aussi : Je n’ai plus que cinq kilomètres d’autonomie. / Mon réservoir est presque vide. / Je suis sur la réserve depuis un moment.

Quelques détails sur le verbe paumer :
– il est toujours familier, donc on ne peut pas l’employer dans n’importe quelle situation. Le verbe normal est le verbe perdre.
– être paumé, c’est donc être perdu, au sens propre.
Je ne sais pas quel chemin il faut prendre. On est complètement paumés, là!
– On l’emploie aussi au sens figuré: Depuis son divorce, il est un peu / complètement paumé = il ne sait plus où il en est, il ne sait plus quoi faire.
– On peut l’employer pour dire qu’on a perdu quelque chose : J’ai encore paumé mes clés.
– C’est aussi un verbe pronominal : se paumer = se perdre (toujours au sens propre). Ils se sont paumés, et pourtant, ils avaient un GPS. / Essayez de ne pas vous paumer.

Dire qu’on est paumé est une façon de parler familière.
Une façon de parler, qu’on n’aura donc pas avec tout le monde.
Et une façon de parler, pas d’écrire.

Personnellement, je suis souvent surprise quand je rencontre des mots familiers écrits dans des mails de collègues de travail ou dans la bouche de mes étudiants quand ils s’adressent à moi.
Voici deux exemples récents:
– J’ai de plus en plus d’étudiants, en retard, qui s’excusent en disant qu’ils ont loupé leur bus, leur métro, ou leur train. Louper est familier. Je m’attends plutôt à ce qu’ils m’expliquent qu’ils ont manqué ou raté leur train.
– J’ai aussi trouvé ce verbe dans le mail d’une collègue, qui nous indiquait un site à ne pas louper.
– Nous avons eu aussi un message d’une collègue qui nous disait que son ordinateur était en rade. Etre en rade, c’est être en panne, dans un style familier.

Vous le savez, j’aime les mots familiers, la façon dont on parle qui peut être si différente de la façon dont on écrit. Il faut juste savoir quand ces mots s’emploient, avec qui et quelle impression ils produisent. Et ça, ce n’est pas toujours facile quand on apprend une langue étrangère ! 😉

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