Dialogue avec mon jardinier

Pas toujours facile de comprendre la bande annonce d’un film dans une langue étrangère ! On passe d’une scène à l’autre, ça va vite, on ne connaît pas les personnages… Pourtant, c’est comme un condensé de la façon de parler des gens.
Petit exemple avec ce film sorti en 2007: les dialogues entre le jardinier et le propriétaire du jardin – de vieux copains d’école –  y sont très bons et joués avec beaucoup de naturel. Alors voici un vrai petit cours de français  !

La bande annonce est ici.

Transcription :
Je viens pour la place de jardinier.
On se connaît, non ?
Ça se pourrait bien, oui.
Oh putain (1)! Le gâteau !
A nos souvenirs.

Et pourquoi t’es revenu t’enterrer ici ?
Bah, ce trou (2), qu’est-ce que tu veux, c’est mes racines, hein.

Tu regardes jamais la télé, toi, ou quoi ? Les emplois, c’est comme les tigres, y en a pour ainsi dire plus.

Qu’est-ce que tu en penses ?
C’est très bien, sauf qu’on retrouve rien de ce que tu as sous les yeux.

Je voudrais te montrer quelque chose. De la peinture.
Je le connais, celui-là. Il était sur les billets de cent balles (3).

Demain, je t’apporte un chou-fleur, mais alors le chou-fleur, bichonné (4), ni poudre, ni saloperies (5). Chou-fleur personnel.

Est-ce que vous savez ce que c’est que le « dzi » ?
Le « tsi » ?
Non le « dzi ».
C’est… c’est japonais, non ?
C’est tout ce qui est faux.
L’anti-vérité artistique.

Comment elle est la voisine ? Comment elle est la voisine ? Ecoute, tu me bassines (6), là !
Elle est jalouse, ta femme ?

Elle a pas lieu (7).

T’as pas très bien compris, je crois. Je veux divorcer.
Mais pourquoi ?

J’ai fait une ou deux bêtises, quoi. Enfin, juste des passades (8). Surtout des modèles.
Mais tu l’aimes toujours…
Je crois, oui.

J’aimerais bien que tu me payes une des choses qui me tiennent à cœur (9).

J’en ai rien à foutre de la peinture (10). J’en ai marre (11) de rester  des heures devant une toile comme une vache devant une locomotive.

Ah, elle va passer en-dessous. Tourne la barque ! Mais tourne, empoté (12)!

Je crois bien que j’ai jamais réussi des légumes aussi beaux. On dirait que ça leur plaît de voir leur jardinier couché près d’eux.

Et tu t’appellerais comment, toi, si tu avais le choix ?
Dujardin. (13)
Et moi alors ?
Dupinceau.

Il pleuvra pas demain encore, hein.
Ah tiens !
J’ai dit « demain ». J’ai pas parlé de ce soir.

Quelques explications :
1. Putain ! : Exclamation qui exprime la surprise et tout un tas de sentiments. Pas très polie évidemment mais très courante, notamment dans le sud de la France.
2. Un trou : c’est un endroit où il ne se passe rien et où il n’y a rien. On dit : « C’est un trou / un trou perdu ». ( Mot familier )
3. cent balles : argot pour dire « 100 francs », du temps où le franc était la monnaie française. ( Les billets de 100 francs reproduisaient ce tableau d’Eugène Delacroix qui est au Louvre. ) Le mot « balle » n’est pas utilisé à propos des euros.
4. bichonner (quelqu’un ): c’est normalement gâter quelqu’un, lui donner le meilleur, s’en occuper avec beaucoup de soin pour lui faire plaisir.
5. saloperie : argot ( assez vulgaire ) pour parler de quelque chose de nocif, négatif. Plus poliment, mais familier quand même, on peut dire :  cochonnerie .
6. Tu me bassines = tu m’énerves ( parce que tu m’en parles tout le temps ) . C’est de l’argot.
7. Elle a pas lieu = Elle n’a pas de raison de l’être.
8. une passade : c’est une aventure passagère, en passant, qui ne dure pas.
9. Quelque chose qui vous tient à cœur, c’est quelque chose qui est important pour vous.
10. J’en ai rien à foutre = Je m’en fiche. C’est de l’argot, plutôt vulgaire et fort. Un peu plus poliment, on peut dire : J’en ai rien à faire. Mais c’est quand même brutal !
11. J’en ai marre ( de… )= j’en ai assez (de…)
12. empoté : c’est quelqu’un qui n’est pas très habile, qui est maladroit et lent. « Quel empoté ! »
13. Dujardin : il y a des noms de famille français sur ce modèle, Du + un nom de chose (Dumoulin, Dusapin, Dubois… ) Mais pas Dupinceau !

Et si vous préférez lire, Dialogue avec mon jardinier, c’est au départ un roman d’Henri Cueco.

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