Les conjugaisons en français sont un peu compliquées, il faut bien le reconnaître ! Heureusement, certains temps sont en voie de disparition, comme par exemple l’imparfait du subjonctif, remplacé par le subjonctif présent.
Peut-être avez-vous lu Le Petit Prince, d’Antoine de Saint Exupéry. On y trouve le verbe avoir et le verbe manger à ce temps:
– Pourquoi fallait-il que j’eusse de la peine ?
– Pourquoi il était si important que les moutons mangeassent les arbustes.
Ces formes sont devenues très rares, même à l’écrit. Ce qui survit chez quelques écrivains contemporains, c’est la troisième personne du singulier, probablement parce qu’elle ressemble au passé simple – avec un accent circonflexe en plus – qui lui, est un temps toujours très utilisé à l’écrit dans les récits ou les romans.
Par exemple dans le roman allemand Le goût des pépins de pomme, de Katharina Hagena (2008), le traducteur français a choisi d’utiliser ces formes:
– Mais comment se pouvait-il que l’on trouvât encore du persil dans ce potager ?
– Bien que cela me fût désagréable, je n’en étais pas moins soulagée.
– Elle avait eu besoin de quelque chose de solide. Quelque chose qui l’empêchât de tomber et l’aidât en même temps à oublier.
– Il n’était pas pensable que l’une ou l’autre des trois soeurs entretînt une liaison amoureuse sous les yeux d’Hinnerk.
Je ne sais pas si en allemand, le style est aussi soutenu et si l’effet produit est le même.
Espèce en voie de disparition donc, qu’il faut pourtant connaître pour lire la littérature des siècles passés et que certains continuent à apprécier et protéger.
Voici Malek et son amour du beau français. Pas traumatisé du tout !
Transcription:
– Il pleut, vous êtes assis sur un banc et vous… vous lisez votre livre.
– Exactement.
– Ça doit être un livre bien intéressant !
– Ah, oui, oui. C’est le Guide du français correct, pour apprendre à parler français correctement, conjuguer les verbes, les ver[…], surtout à l’imparfait du subjonctif.
– C’est une chose qu’on utilise souvent, l’imparfait du subjonctif !
– Absolument ! Mais il y a un bistrot (1) ici, dans Paris où il y a un club, ils se déterminent, quoi, à n’employer que les imparfaits du subjonctif: il faudrait que je portasse (2) mon verre à votre santé, etc…
– Vous rigolez ou quoi ! (3)
– Non, c’est vrai ! Je vous assure que ça existe, hein ! Voilà, comme ça, c’est des copains, ils se réunissent et ils ne parlent qu’à l’imparfait du subjonctif. Et il y a des verbes, c’est très difficile. Il aurait fallu que je ressassasse mes mots. Oui ! Vous avez là au moins sept « s ». C’est le verbe ressasser. Donc je ressasse. Mais il faudrait que je ressassasse (4). C’est formidable, ça, non ? Vous trouvez pas ? La langue française est merveilleuse, voilà. Je conseille à tout le monde: Jacques Capelovici, Guide du français correct: pièges, difficultés, chausse-trapes (5) de la langue française. Ah, il est formidable !
– Et qu’est-ce qui vous fascine, vous, là-dedans, dans cette grammaire ?
– J’aime la langue française, quoi. J’aime cette grammaire. Les instituteurs, quand nous avions dix ans, nous donnaient des coups de bâtons sur les doigts si on faisait une faute d’orthographe, si on ne savait pas conjuguer un verbe. Et puis c’est resté comme ça et c’est extraordinaire, extraordinaire.
– Vous trouvez que c’est un bon endroit, la… la rue, un banc public pour… pour se laisser aller ?
– Non, je vais à un club où se réunissent un peu tous les vieux justement, pour jouer au scrabble (6), à la belote (7), et conjuguer des verbes. Et puis voilà. C’est à 2 heures, alors j’ai 5 minutes devant moi, je me repose. Et à 2 heures, j’y vais.
Commentaire:
Donc ce subjonctif imparfait est effectivement très peu employé aujourd’hui. Et même les enfants, à l’école, ne passent pas autant de temps à l’apprendre que il y a, je sais pas, une quinzaine, une vingtaine d’années, ce qui montre qu’il est vraiment en régression totale. Et quand on l’entend, ça fait toujours rire, en fait, parce que c’est une forme tellement bizarre que on se rend bien compte que personne ne peut parler comme ça. Alors voici un petit extrait d’un sketch avec plusieurs de ces verbes employés au subjonctif imparfait, à la première personne du singulier, ce qui fait vraiment très, très, très bizarre !
« Fallait-il que je les aimasse, que je les sublimasse, qu’à eux, je m’identifiasse pour que moi, petite gosse de rien du tout, vers l’Olympe, je me hissasse ! »
Quelques détails:
1. un bistrot: un café (familier)
2. que je portasse: personne n’emploie plus vraiment cet imparfait du subonctif, sauf à l’écrit dans des textes au style très soutenu, et essentiellement à la 3ème personne du singulier, pour faire la concordances au passé, de façon stricte: Il aurait fallu qu’il portât.
On évite toutes les formes avec ces « s »: que je portasse, que tu portasses, que nous portassions, que vous portassiez qu’ils portassent. A la place, on emploie le subjonctif présent: que je porte, que tu portes, qu’il porte, que nous portions, que vous portiez, qu’ils portent.
3. Vous rigolez ou quoi ? = vous plaisantez ! / Vous voulez rire ! (familier, à cause de l’emploi de rigoler et de ou quoi.)
4. il faudrait que: est normalement suivi juste du présent du subjonctif. Pour utiliser l’imparfait, il faut parler au passé: il aurait fallu que…
5. une chausse-trape: une embûche, un piège. (Rien que l’orthographe de ce mot est un piège: il n’y a qu’un p, alors que plein de gens l’écrivent avec deux p. Et au pluriel, on met un s seulement à trape, pas à chausse.)
6. le scrabble: il prononce le nom de ce jeu comme la grande majorité des Français, à la française. C’est très fréquent de jouer au scrabble dans les clubs du troisième âge, comme on les appelle.
7. la belote: c’est un jeu de cartes très populaire en France. Une vraie institution. (chez les jeunes comme chez les plus âgés.)
Pourquoi sentent les français alors qu’il n’y a pas besoin du l’imparfait du subjonctif ? Alors pour moi il semble bizarre que cette conjugaision était important avant mais maintenant tout d’un coup on peut choisir une autre conjugaison et dire la même chose ! Pourquoi pas s’en ficher totalement (le subjonctif) alors !
C’est arrivé en Suède déjà. Peut-être ça arrivera en France aussi au futur. Qui sait.
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Il y a encore des puristes qui pensent que ça n’exprime pas exactement la même chose et qu’on perd des nuances. Peut-être faut-il plus de temps au français pour évoluer.
Le bon côté, c’est que ça permet finalement de ne pas être trop coupé de la littérature des siècles passés ! Même si personne ne parle plus comme ça, ça nous permet de ne pas être complètement perdus en lisant des oeuvres dans lesquelles on respectait ces temps.
Ce qui est sûr, c’est que je ne me souviens absolument pas avoir entendu mes fils réciter cet imparfait du subjonctif ! Je pense qu’ils ne l’ont jamais fait. Les profs ont dû leur dire ce que c’était quand il y en avait dans ce qu’ils étudiaient, mais c’est tout.
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En fait, j’ai des problèmes de temps en temps parce que je suis prof de français et espagnol. En espagnol on utilise souvent l’imparfait du subjonctif, et les phrases me paraissent bizarres en français ou on n’utilise que le présent du subjonctif.
J’espère que le subjonctif ne disparaisse pas … Je voudrais qu’il existe toujours en anglais! Il y a bcp d’opportunités de l’utiliser en français et espagnol, et à cause de cela, les phrases me paraissent un peu bizarres en anglais quand on ne l’utilise pas!
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Pourquoi laisser une langue se compliquer plus que le nécessaire !
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Parce que le subjonctif (meme l’imparfait et le présent) peut exprimer qqch qu’on ne peut pas exprimer en utilisant juste l’indicatif. Il y a des différences subtiles entre l’indicatif et le subjonctif, et il faut leur garder.
Ce n’est pas une question de laisser le francais compliqué plus compliqué que soit nécessaire, mais une question de ne pas appauvrir une langue en effacant une partie importante!
Aussi, je vous prier de m’excuser pour la manques des cedillas et circonflexes … J’utilise un ordinateur différent et je ne sais pas comment les faire sur ce clavier!
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Si tu le dis. Personnellement je vois aucune différence et il me semble qu’on peut tout sans utiliser le subj.
A+
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dire tout*
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Je ne suis pas prof mais je suis tout à fait d’accord avec vous. C’est de la richesse de la langue qui permet d’exprimer des nuances. Je pense que c’est très important. Si le temps l’exige il faut que la langue change, mais il faut aussi qu’on apprécie cet héritage et qu’on ne l’extermine pas totalement, malgré les difficultés.
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Et merci encore une fois des sites. Je viens de poser cette question (Imparfait du subjonctif) sur une autre page. Et voilà la réponse, ça y est !
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le tout est de savoir si l’on préfère se diriger vers chez Mac Do ou chez (le cuisinier) Michel Portos … 🙂
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