Etes-vous du genre plutôt toujours en avance, et donc toujours à l’heure ? Ou l’inverse ?
Et si vous faites partie de ceux qui ne peuvent pas arriver à l’heure, est-ce que ça vous stresse ou pas ? Il y a fort à parier que non. (Sinon, vous feriez tout ce qu’il faut pour éviter de vous trouver dans cette situation !)
Alors, quand un de mes étudiants arrive en retard – et il y en a toujours au moins un le matin. Ce matin encore – et m’explique le pourquoi du comment, je ne peux pas m’empêcher de penser à cette vidéo de Norman !
Réalisme, sens de l’observation et humour.
Et aussi bel exemple d’une façon de parler – tout à fait ordinaire – que vous ne trouverez pas dans les manuels de français mais que vous êtes certains d’entendre si vous venez en France ! La leçon d’oral parfaite !
Transcription:
Moi, dès que je dois aller quelque part ou quand on me donne un rendez-vous, il y a un truc (1) qui est sûr, c’est que je serai toujours à l’heure.
FAUX !
Je suis toujours en retard. Ouais, c’est vrai que je suis toujours en retard. C’est super chiant (2), et en plus, je fais pas exprès et les gens, ils m’engueulent (3). Mais si jamais je suis toujours en retard, je me suis rendu compte que c’était à cause d’un mec (4). C’est à cause du mec qui a inventé la touche « Répéter dans 5 minutes » sur les réveils. Tu la connais, cette touche ?
Oh putain ! (5)
Mais en plus, elle sert à rien, cette touche ! Sérieux (6) ! Tu as dormi pendant huit heures, tu as pas besoin de cinq minutes en plus !
– Excuse-moi, j’ai pas compris ce que tu viens de dire, là. Non, parce que je suis bilingue.
– Ah oui, pour les bilingues, cette touche s’appelle « Snooze ».
– Ah Snooze ! Ah ! La touche Snooze ! Amazing !
Il y a une autre raison pour laquelle je suis souvent en retard, c’est que, à la seconde où je dois partir, j’ai toujours envie de faire un truc mais (7) que je ferais jamais en temps normal !
« Allez, c’est parti. » Mais c’est quoi, ce pied de table bancal ? Faut absolument que je le répare.
« OK, c’est bon, je peux y aller. »
En plus, dans ces moments-là, je suis… je suis stressé, parce que je dois partir et je sais que je suis en retard, tu vois. Et je me mets à faire des trucs un peu chelous (8).
Est-ce que j’ai bien fermé la lumière (9) de la salle de bains ?
Moi, j’arrive pas à partir zen, serein, l’esprit libre, tu vois. J’ai forcément besoin d’être en stress et en panique pour y aller, quoi. En fait, je crois que j’ai besoin d’adrénaline.
Il y a un truc que je comprends pas, c’est que quand tu es en retard et que tu arrives au rendez-vous, tu as couru, tu as sué (10), tu es en nage (11), tu en peux plus (12), tu as tout donné, tu étais dans le stress, la panique, et… et tu arrives devant le mec, tu vois, tu t’écroules et tu te dis: « Ça y est, je suis arrivé ». Bah le mec, il t’engueule ! Putain ! Mais à ce moment-là, tu… tu mérites juste une médaille, quoi !
Ouh ! Je suis en retard de 50 minutes, les mecs !
Le pire, c’est au travail, je me fais toujours défoncer (13). Il faut savoir que dans le milieu du travail, tu as pas le droit d’être en retard. Tu sais pas pourquoi, mais quelques secondes, c’est pas possible. Dans la tête de ton patron (14), c’est forcément: NON.
Alors, j’ai essayé toutes les excuses du monde, mais laisse tomber (15), ça marche jamais !
– Excusez-moi, monsieur, c’est… c’est la touche Snooze.
– NON !
Alors que, je sais pas si tu as remarqué, mais les filles, quand elles trouvent une excuse, ça marche toujours, déjà (16). Et deuxièmement, c’est quoi, ces excuses nulles ?
– Je suis vraiment désolée, monsieur, mais ce matin, j’étais pas très bien.
– Tu te sentais pas très bien ? Ah ouais, c’est pas mal, comme excuse, ça. Ouais, bon OK, ça marche. Allez, on oublie, tu peux rentrer. Excuse-moi.
C’est génial, ça ! Pas très bien !
Alors comme les excuses, ça marche jamais, moi je pratique un truc, c’est le semi-mensonge. Je sais pas si tu connais ? C’est que à la fois, tu mens pas vraiment mais en même temps, tu abuses (17) un peu quand même. Par exemple, tu es super en retard (18) à un rendez-vous, et à la seconde où tu poses ton premier pied dehors, tu envoies un message au mec qui t’attend: « J’arrive, je suis en chemin ». Ça s’appelle un semi-mensonge.
Bécassine (19) ! OK.
Il y a des gens qui croient que quand tu es en retard, tu fais ça exprès pour te la raconter (20), tu vois, parce que c’est un peu cool et tout. Bah non, c’est pas cool.
– Excuse-moi, René, je suis un peu en retard. Je suis complètement chépère (21). J’ai pas regardé l’heure. Enfin d’ailleurs, je sais pas lire l’heure.
– Hein ? Ah non, tu es viré (22). Tu te casses (23).
– Ah… sinon… en fait je suis pas… je suis pas chépère. Je… je rigolais (24). Ah ah.
– Tu es viré. Tu te barres (25) maintenant. Et je fais la forme du pistolet, OK ? Donc maintenant, tu t’en vas.
Maintenant que je suis devenu un adulte, j’ai enfin compris que, en fait, pour être à l’heure, c’est pas compliqué, ça demande juste un seul truc: ça demande du courage.
Ça demande du courage, Pokemon.
J’ai vu que vous étiez plus de 30 000 sur la page Facebook « Norman fait des vidéos » et je me suis dit peut-être que ça pourrait remplir un stade de… de foot et que un jour, on pourrait faire un match.
Le site de Norman fait des vidéos
(J’adore la vidéo sur les Apple addict. Transcription à venir…)
Explications:
1. un truc: une chose, quelque chose (familier, oral)
2. c’est chiant: c’est énervant. (très familier, plutôt vulgaire) – C’est super chiant: c’est très chiant. (familier aussi)
3. engueuler quelqu’un: le disputer. (plutôt vulgaire)
4. un mec: un homme (familier)
5. Putain ! : exclamation courante chez certains, notamment dans le sud de la France, mais plutôt vulgaire. A remplacer de façon plus neutre par quelque chose comme: Zut ! / Oh là là !
6. sérieux ! : sans plaisanter.
7. un truc mais que je ferais jamais: ce mais n’a pas son sens habituel. Il sert juste à renforcer la suite, dans un style familier.
8. chelou: louche en verlan, c’est-à-dire bizarre / étrange. Le verlan, c’est une forme d’argot où on inverse les syllabes des mots, qui sont donc prononcés à l’envers.
9. fermer la lumière: normalement, on dit plutôt éteindre la lumière. Mais c’est assez fréquent d’entendre ça.
10. suer: transpirer. Transpirer est plus courant.
11. être en nage: être tout transpirant / être en sueur
12. tu n’en peux plus = tu es épuisé.
13. se faire défoncer: se faire disputer, subir les critiques. (argot)
14. le patron: le directeur de l’entreprise.
15. laisse tomber = tu peux renoncer / Ce n’est pas la peine d’essayer. (familier)
16. déjà: premièrement.
17. abuser: exagérer / dépasser les limites
18. super en retard: très en retard (familier)
19. Bécassine: c’est le nom de la chatte de Norman, d’après une héroïne de livre pour enfants, très populaire. Le terme a fini par signifier un peu naïve, pas très fûtée.
20. se la raconter: essayer de se faire passer pour très intelligent ou malin, essayer de se faire remarquer. (familier). On dit aussi: se la péter.
21. chépère: perché en verlan. C’est quand on est encore sous l’effet d’une drogue et qu’on n’est pas encore redescendu (donc on est perché). Donc par extension, on l’emploie à propos de quelqu’un qui est un peu perdu, qui plane, qui n’est pas vraiment dans la vie réelle.
22. tu es viré: tu es renvoyé / licencié. (familier et agressif)
23. tu te casses: Pars / Va-t-en. (très familier et agresif aussi)
24. rigoler: rire, donc aussi plaisanter / ne pas être sérieux. (familier)
25. Tu te barres: c’est comme Tu te casses. (même niveau de langue) Au passage, vous remarquez sans doute que ces ordres ne sont pas à l’impératif: Barre-toi / Casse-toi, ce qui les rend encore plus agressifs.
Le français tel qu’on le parle…
Merci, Anne, pour cette leçon hors-académie !
Et dire que lorsque j’étais élève, nous avions encore des exercices du type « à la manière de ».
Exemple : Iphigénie supplie son père de ne pas la sacrifier. Vous rédigerez son discours avec des arguments susceptibles de convaincre les Grecs…
Aujourd’hui, ce serait plutôt du genre « Exercice d’imagination » :
Y’a le père de Totor qui lui demande d’aller acheter cinq kilos de patates. Totor lui dit qu’il lui faudrait un sac pour les mettre dedans. Son père lui répond que c’est pas la peine puisqu’il a son béret. Imaginez la conversation entre Totor et le chef de rayon du supermarché.
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