Non, je ne vais pas vous demander comment vous allez, ni ce que vous pensez de ce monde tel qu’il tourne, ou tel que certains le font tourner, au 21è siècle, comme si nous n’avions jamais rien appris de tout ce qui nous précède.
Je vais juste modestement continuer, pour le moment, à vous parler du français et vous demander, si vous aussi, vous avez remarqué ce problème de conjugaison lorsqu’une phrase contient le pronom personnel vous et un verbe du premier groupe juste à côté. Je vous en donne seulement trois exemples que j’ai rencontrés mais si j’en parle, c’est que je pourrais vous en montrer d’autres car vraiment, cette faute devient monnaie courante (1) dans notre langue :

Cela a commencé avec cette recette. Les réseaux sociaux, il faut bien le reconnaître, ne sont pas le meilleur endroit pour apprendre l’orthographe. Donc pas de réelle surprise.
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Puis ça a continué dans un email.
Un email professionnel.
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Et maintenant, ça arrive aussi sur des sites très officiels, ou dans des journaux. Et ici, deux fois coup sur coup (2) !
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Bien sûr, le français est compliqué, avec ses conjugaisons et ses accords. Bien sûr, quand on est petit et qu’on apprend à conjuguer, en commençant par les verbes du premier groupe, on retient que le verbe prend la terminaison -ez lorsque le sujet est le pronom vous : vous donnez, vous lancez, vous souhaitez. Et on sait que le verbe avoir devient vous avez. Mais que se passe-t-il pour que certains se mettent à faire ces grossières erreurs ?
A l’origine de cette faute qui se répand, on trouve principalement deux choses :
– le même son pour la terminaison -er et la terminaison -ez
– le fait qu’en français, les pronoms compléments peuvent être avant le verbe qu’ils complètent.
Dans les exemples ci-dessus, c’est donc la présence de vous juste avant un verbe du 1er groupe ou juste avant avoir qui entraîne ce mauvais accord. Pourtant, à défaut de (3) comprendre comment les phrases sont faites et quel est le rôle de chaque mot (sujet, verbe, complément), c’est très simple d’être vigilant et de penser à faire, si on n’est pas très sûr de soi, ce qu’on apprend normalement à l’école primaire : remplacer par des termes pour lesquels il n’y a pas d’équivoque possible, ou reformuler.
- Je vous avais posté : normalement, la prononciation entre avais et avez est différente. Mais selon la région ou on habite, l’accent peut changer. Dans le sud notamment, les gens prononcent ces deux mots comme avez, ce qui ne les aide pas à éviter cette faute. Il suffirait donc d’enlever vous et de dire simplement : J’avais posté une recette pour vous. Dans ce cas, on peut espérer que personne n’écrirait :
j’avez! (Bon, je ne n’en mettrais pas ma main à couper (4), tout est possible !)
- pour vous souhaiter / envie de vous lancer / nous allons vous donner : il suffit de remplacer les verbes du 1er groupe par des verbes d’un autre groupe – vendre, recevoir, dire, etc. – et dire par exemple : pour vous vendre, envie de vous dire, nous allons vous recevoir, ce qui nous montre bien qu’il faut un verbe à l’infinitif.
Et si jamais c’était un problème avec des correcteurs orthographiques automatiques qui ne savent pas aussi bien réfléchir que nous pour le moment, la seule solution, c’est de se relire attentivement.
Quelques expressions :
- devenir monnaie courante : devenir très habituel, très fréquent. On dit aussi : C’est monnaie courante.
- coup sur coup : immédiatement l’un après l’autre
- à défaut de faire quelque chose : au cas où où on ne ferait pas quelque chose (alors qu’on devrait)
- Je n’en mettrais pas ma main à couper : je n’en suis pas certain(e) du tout. On dit aussi : Je n’en mettrais pas ma main au feu. (qui est d’ailleurs l’expression d’origine)