Ça suffit vraiment maintenant

En ce moment, plusieurs courtes vidéos sont diffusées à la télévision, au cinéma et sur les réseaux sociaux, avec pour slogans : Ne rien laisser passer, et Réagir peut tout changer.

Il s’agit d’une campagne du gouvernement français contre le harcèlement sexiste et les violences faites aux femmes. Plusieurs situations sont dépeintes, au travail, au sein du couple, en milieu scolaire, dans les transports en commun, avec à chaque fois un message de conclusion très clair et abrupt, qui fait réfléchir.

Nécessité d’éduquer, de faire que chacun se sente responsable et solidaire, pistes pour réagir quand on est témoin des telles situations au lieu de passer son chemin et de tolérer ces comportements d’un autre âge ! Allez les regarder ici. (Elles sont sous-titrées.)

Il y aussi des témoignages de femmes et d’hommes qui ont vécu, en témoins ou en victimes, ces situations.

Puissent enfin les petites filles grandir sans avoir à intégrer dans leur inconscient qu’elles doivent apprendre à se protéger, juste parce qu’elle sont du sexe féminin, ou qu’elles doivent vivre cachées, notamment vestimentairement ou en restant chez elles ! Il y a encore du travail pour changer les mentalités, à des degrés divers selon les pays. Mais tous les mouvements actuels qui expriment ces idées font chaud au coeur et finiront bien par triompher. Alors toutes les Paloma du monde pourront explorer le vaste monde à leur guise.

Voici un petit montage d’un reportage entendu à la radio il y a quelque temps et de certains de ces témoignages.
Ils sont à regarder ici, et s’affichent au fur et à mesure quand vous commencez à regarder une des vidéos. (Laissez-les s’enchaîner automatiquement.)

Violences sexistes contre les femmes

Transcription

– Donc là, il est 16h13, place de Clichy (1), il commence à y avoir une forte affluence (2), des hommes avec une proximité un peu dérangeante et ils bougent, frottent leur pénis. La première fois, j’ai pas bougé, j’ai pas réagi, j’en ai même pas parlé à mon copain en rentrant (3) et j’étais un peu dans un état bizarre.

La commissaire Matricon-Charlot dirige la Sûreté des transports en Ile-de-France (3) : C’est tellement ancré dans l’opinion publique, pour les usagères (4), il s’agissait d’incivilités (5). Ce n’est pas une incivilité et, mesdames, vous devez déposer plainte. Beaucoup ne déposent pas plainte par crainte, par manque de temps, parce qu’elles croient aussi que ça ne servira pas à grand chose, à tort (6).

Frédéric est chef de groupe.
– Ça commence à 12-13 ans et les records sont jusqu’à 83 ans.
– Donc là, on a un mur de photos, ce sont les gens que vous recherchez ?
– Effectivement (7), là, voyez, vous avez le jeune cadre sur le secteur de la Défense. Là, vous avez un très jeune qui sort de soirée.
Cette cellule a traité cette année 350 plaintes. 80 % des hommes arrêtés ont été présentés à un juge.

Extraits de la campagne nationale « Ne rien laisser passer » :
Toutes les filles que j’ai côtoyées m’ont dit : « Ouais,  ça m’est déjà arrivé de me faire emmerder (8) dans la rue. » Quand… je sais pas… ma copine va me dire : « Ouais, je me suis fait emmerder aujourd’hui, mais bon, c’est rien. », moi, moi ça me touche, etc. Mais elle, elle me dit : « C’est normal ». Moi je dis : « Bah non, c’est pas normal ! Je me fais jamais emmerder, ça m’arrive jamais ! Ça me blesse en fait de voir que les femmes vivent ça, et de savoir, bah voilà, que des femmes que j’aime vivent ça aussi. De manière biologique, tu viens d’une femme. Déjà, juste pour ça, je veux dire, on vient tous d’une femme et on a des sœurs, on a des mères. Je pense qu’on change tous le monde à son échelle (9). Toi-même, tu peux juste changer le… ton pote (10) qui est en train de faire une remarque et qui fait une remarque sexiste, tu peux le reprendre (11). Ta pote qui est en train de se dénigrer parce que toute sa vie, on lui a dit que je sais pas quoi, tu peux lui inverser ses croyances. En fait, faut être actif. Et c’est si on était tous actifs, eh bah là, on changerait les choses.

C’est des paroles à connotation sexuelle. Et souvent, pour faire passer la pilule (12), on présente ça comme une plaisanterie. Dans la mesure où effectivement, où dans la société on accepte quand même plus ou moins, en tout cas sans le… sans le sanctionner, ces… ce harcèlement verbal, tous ceux qui ont un sens moral peu développé, effectivement, eux sautent le pas (13). Pour eux, c’est une invite, le palier qui permet de passer à des affaires, à des choses beaucoup plus graves. Ce sexisme ordinaire effectivement, il faudrait que beaucoup plus d’hommes réagissent, les pères, les frères, tous les hommes, les sportifs, vous mêmes, vous devez être les acteurs de ce respect.

L’individu avait coincé cette jeune femme dans un coin. Elle était totalement tétanisée, crispée. Elle avait les larmes aux yeux. Nos regards, ils se sont croisés et je me suis imaginé un quart de seconde à la place de cette femme. Je pouvais pas la laisser seule avec cet individu qui était face à elle, en train de se toucher le sexe. Je me suis approché de cette fille et je lui ai dit : « Salut Sarah. Comment tu vas ? », tout simplement. Elle a compris que… qu’elle était pas seule et j’ai regardé l’individu. Il a vu que j’avais compris ce qu’il avait l’intention de faire et ça l’a fait fuir. Et à la prochaine station (14), il est descendu illico presto (15), et j’ai eu aucun contact physique et verbal avec l’individu, avec l’agresseur. On a tous des mères, des amies, des cousines. Si on agit plus, les agresseurs agiront moins.

Des explications
1. Place de Clichy : une place à Paris et le nom de la station de métro correspondante (dans le nord-ouest de la capitale)
2. une forte affluence : beaucoup de monde
3. en rentrant : en rentrant à la maison / en rentrant chez moi. En général, on se contente de dire en rentrant : Je l’appellerai en rentrant. = quand je serai à la maison
4. un usager / une usagère : quelqu’un qui prend le métro par exemple, qui utilise ce mode de transport, un service.
5. une incivilité : un mauvais comportement qui ne respecte pas la vie en société, en collectivité. Ce sont par exemple les nuisances sonores, le manque de respect, les dégradations de lieux, de matériel.
6. À tort : elles ont tort de penser que ça ne sert à rien de porter plainte, elles se trompent en pensant que c’est inutile.
7. Effectivement : on utilise cet adverbe pour approuver ce que vient de dire quelqu’un, ou pour répondre à une question posée. Par exemple :
– J’ai l’impression que c’est compliqué.
– Effectivement, c’est très compliqué.

8. Se faire emmerder : subir un harcèlement plus ou moins poussé de la part de quelqu’un. (dans n’importe lieu : dans la rue, les transports, au travail, etc.) (très familier)
9. à son échelle : chacun à son niveau peut changer les choses.
10. Ton pote, ta pote : ton ami(e) (familier)
11. reprendre quelqu’un : lui dire clairement qu’il a un comportement inacceptable ou des paroles incorrectes, impolies, déplacées.
12. Pour faire passer la pilule : pour faire accepter quelque chose qui est difficile à supporter. (expression familière)
13. sauter le pas : se décider à faire quelque chose après avoir hésité en général, même s’il y a un risque. Par exemple : Il ne voulait pas vivre à l’étranger. Mais il a finalement sauté le pas quand on lui a offert un travail passionnant.
14. À la prochaine station : normalement, on utilise cette expression si on est soi-même dans le métro, à la station juste avant. Ici, il faudrait dire : A la station suivante, puisqu’au moment où il parle, il n’est plus le métro.
15. illico presto : immédiatement, vite, sur le champ. Par exemple : Tu vas me ranger ta chambre illico presto !

Il y avait déjà eu une campagne en 2015 sur la sécurité des femmes dans les transports en commun, avec une vidéo qui simulait une ligne de métro. On y retrouve quelques-unes des phrases typiques utilisées par les harceleurs. Bien vu ! Et hélas, toujours d’actualité. Mais bon, on progresse !
Elle est ici.

Bonne journée!

3 réflexions sur “Ça suffit vraiment maintenant

  1. MELewis dit :

    Je trouve les vidéos ‘vignettes’ assez réussies car réaliste. Par contre le ton très répressif de la campagne me choque un peu…il faut le changement par la culture et non seulement par les lois!

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  2. Anne dit :

    Bonjour, merci pour ton commentaire avec lequel je suis d’accord. De la culture et de l’éducation pour changer les choses. Cependant, je crois que certaines lois sont nécessaires car elles permettent aussi d’imposer plus vite les changements en posant un vrai cadre et qu’elles aident à faire évoluer les mentalités. En fait, tous les facteurs sont nécessaires. Sinon, de mon côté, je n’ai pas ressenti un ton répressif, plutôt une injonction claire à agir et réagir en cas de besoin. A bientôt

    Aimé par 1 personne

  3. MELewis dit :

    Entièrement d’accord qu’il faut aussi des lois… Mais comme je travaille dans la communication, je suis peut-être trop sensible au ‘ton’ de l’annonce. Ceci dit, je ne suis pas du tout dans le public ciblé auquel on veut envoyer un signal fort que ces comportements sont tout simplement inadmissible.

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