Adopté

Je n’ai pas encore vu ce film qui vient de sortir. Bientôt peut-être dans mon petit cinéma habituel. Je ne sais pas s’il est à la hauteur de sa bande annonce, réussie, mais de toute façon, rien que la présence de Sandrine Kiberlain me donne envie d’aller le voir ! Et le précédent film de Jeanne Herry, la réalisatrice, Elle l’adore, où Sandrine Kiberlain était excellente, m’avait beaucoup plu. (J’ai fini par le voir !)
Alors voilà, j’ai hâte d’aller au cinéma !

La bande annonce est ici.
(Et mettez les sous-titres, ils sont parfaits.)

Et voici ce qu’en racontait Sandrine Kiberlain il y a quelques jours à la radio, avec son naturel et sa grande sincérité. Touchante elle aussi, comme toujours. Vivante et bien là. Elle parlait joliment du tournage et du sujet du film. L’émission entière est ici.
En voici un petit passage :

Pupille, Sandrine Kiberlain

Transcription

– Et donc moi, je fais le lien comme ça, avec une parole très précise, qui peut changer, voilà, le destin d’un tout-petit et à la fois aussi, elle m’a construit un personnage avec beaucoup de relief, parce qu’il y a aussi la vie privée de Karine qui bat de l’aile (1). Et elle a des petits TOC (2) aussi, elle bouffe (3) des petits bonbecs (4) toute la journée pour combler un manque…
– Des crocodiles !
– Voilà, un manque affectif très net qui là aussi la lie aux enfants, voilà, à travers le jeu et le côté ludique des bonbons.
– Il y a toujours un petit truc chez vous…
– Mais c’est ça, la beauté des personnages ! C’est comme les gens dans la vie. On a tous nos petits… les choses qui nous différencient des autres, un rythme, une façon d’être, une façon de…
– Vous avez des TOC ?
– Des TOC, non. Mais je suis… Voilà… On est tous insolites. On a tous des petites manies (5), qu’on connaît parfois même pas vraiment, que… Ce sont ceux qui vivent avec nous qui nous disent : « Bah, tu te rends même pas compte (6) que tu fais ça. » Et je pense pas que Karine ait une conscience – sauf quand on la reprend systématiquement avec son chewing gum et le bruit qu’elle fait avec – mais elle a pas une conscience aiguë, enfin la même en tout cas que son entourage, d’être systématiquement en train de mâcher des bonbons. Elle, elle le fait, c’est vraiment pour remplir quelque chose et c’est… ça en dit long… (7)
– – Sur qui elle est.
Sur qui elle est aussi.
– Pupille, le film est sorti en salle aujourd’hui. Deuxième film avec Jeanne Hérry, puisqu’il y avait déjà eu Elle l’adore. C’était son premier, vous y jouiez une esthéticienne fan absolue d’un chanteur. Elle a le don de (8) vous trouver des métiers !
– Oui ! Elle a le don de me… oui, de m’imaginer dans des choses…
– Quotidiennes.
– Quotidiennes et loin de… oui, de ce que je peux imaginer de moi. Mais c’est ça qui m’intéresse, c’est qu’elle m’emmène vers des univers, des mondes. Là, avant Pupille, je connaissais pas – je pense qu’on est nombreux d’ailleurs à pas connaître ce monde, vraiment, les coulisses de tous ces services sociaux comme ça, de…, de…, autour de l’adoption, tous ces gens qui font qu’il y a une aide autour d’un bébé qui arrive et qui peut pas avoir…
– Et ils sont nombreux, hein, c’est ce qu’on voit dans le film !
– Ils sont très nombreux et ils forment une chaîne, comme ça, qui… où dont tous les maillons comptent et ils sont dévoués totalement, investis totalement, comme dans ces métiers où l’essentiel est en jeu (9), puisque c’est la vie d’un nourrisson (10), donc… Dans le film en plus, on sait pas si le nourrisson est… va vraiment bien. Il y a un petit doute qui crée un suspense.
– On va raconter l’histoire. Exactement.
– Et voilà, moi, je suis amenée, voilà, à faire un… Oui, je sais pas pourquoi elle m’imagine dans ce métier-là. Ça m’amuse !
– Ce tournage était très particulier pour ça. Il y avait une espèce d’ambiance « bébé », ouatée, quoi, pour vraiment accueillir ces bébés.
– Je croyais qu’en France, on n’avait pas le droit de tourner avec des bébés de moins de trois mois.
– Bah en fait, ils ont pas moins de trois mois.
– Ah bon, d’accord.
– On a tourné ailleurs pour…
– Ailleurs alors.
– Ouais, ouais. En France, en tout cas, on peut pas avoir des bébés de moins de trois mois. Donc… Et on peut pas les utiliser plus d’une heure par jour, enfin (11) il y a des restrictions.
– J’aime bien cette expression !
– Mais c’est vrai ! Bah on les utilise, c’est vrai ! Donc… Et donc, il y a les parents qui sont là, il y a un encadrement qui est très, très, très précis, pour un bébé qui joue.
– Donc vous avez tourné en Belgique, ou ailleurs…
– On n’arrêtait pas de lui dire, d’ailleurs, qu’il jouait la comédie (12), qu’on le mettait en situation, on lui disait ce qu’il avait à jouer, parce que on peut pas faire, si vous voulez, l’apologie (13) de la parole (14) dans un film, en disant qu’un mot change la destinée d’un enfant et lui asséner des choses très dures dans le film qui sont : « Voilà, ta maman n’est pas capable de te garder, on va voir si on te trouve une maman d’adoption, on va… » Dire tout ça à un enfant qui joue la comédie, on lui a bien dit et redit (14) qu’il jouait et que c’était… Et puis parfois, on pouvait pas lui dire ces choses-là, donc on avait un poupon (15), à qui on disait des choses en s’inspirant du regard du bébé qu’on avait vu avant.
– Comme mère, vous, vous auriez laissé votre enfant, votre bébé sur un écran ?
– Jamais de la vie ! (16) Mais ça je vous le dis, mais vraiment… Quand… Et d’ailleurs, on était tous les trois, Gilles, Elodie et moi, quand on voyait les parents arriver avec l’enfant, on se disait ils savent pas ce qu’ils sont en train de faire ! Non, mais on a quand même un… Après, ça c’est très bien passé et on a été très vigilant. Mais moi, jamais de la vie ! Vous rigolez ! (17)

Des explications
1. battre de l’aile : aller mal (familier). Par exemple, on dit souvent : Leur couple bat de l’aile.
2. Un TOC : un trouble obsessionnel compulsif. (Au pluriel, on ne met pas de S à cette abréviation.)
3. bouffer : manger (très familier, un peu vulgaire même)
4. un bonbec : un bonbon (familier)
5. une manie : une certaine obsession, une habitude plutôt agaçante. Si on dit: il a ses petites manies, cela atténue le côté irritant des manies.
6. se rendre compte (que… / de quelque chose) : savoir, avoir conscience que… / de quelque chose
7. ça en dit long : c’est très révélateur, vraiment significatif. Cela exprime beaucoup de choses. Par exemple : Il a eu un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait d’elle.
8. avoir le don de faire quelque chose : réussir très souvent à faire ce quelque chose, avoir une sorte de qualité (ou de défaut) pour faire quelque chose de récurrent, dans des situations différentes. C’est souvent plutôt négatif, cela parle de quelque chose d’agaçant :
Elle a le don de mettre du bazar partout où elle passe !
Il a le don de dire ce qu’il ne faut pas !

9. Être en jeu : Cela signifie que c’est ce qui compte, ce qui se joue. Par exemple : Il faut qu’il fasse les bons choix. Son avenir est en jeu.
10. Un nourrisson : un tout petit bébé, de quelques semaines maximum.
11. Enfin : comme très souvent à l’oral, ce mot sert à montrer qu’on va nuancer ce qu’on dit, donner plus de précisions.
12. jouer la comédie : cette expression s’emploie pour n’importe quel type de rôle, pas nécessairement des rôles drôles. Cela signifie qu’on joue un rôle, en tant qu’acteur.
13. Faire l’apologie de quelque chose : vanter les mérites de quelque chose, dire que c’est excellent
14. la parole : le fait de parler, de formuler les choses clairement, par les mots qu’on dit.
15. Dire et redire : insister fortement, afin que ce soit parfaitement clair. On utilise souvent cette expression :
Je lui ai dit et redit d’être à l’heure.
Ce n’est pas faute de le lui avoir dit et redit pourtant !
Je le dis et le redis : ce qui compte, c’est de faire un peu de français tous les jours.

16. Un poupon : ici, elle parle d’une poupée qui représente un bébé. Mais un poupon, c’est aussi un nourrisson. D’où le verbe pouponner, qui signifie s’occuper de son bébé.
17. Jamais de la vie ! : expression orale, qui insiste vraiment sur l’idée de Jamais. Par exemple :
– Tu devrais lui pardonner.
– Jamais de la vie !

18. Vous rigolez = Vous plaisantez, vous voulez rire ! = C’est une plaisanterie. (Style familier) Bien sûr, on dit aussi à quelqu’un qu’on tutoie : Tu rigoles !

Pour en savoir plus sur ce qu’est un pupille, c’est ici.
Il y a des petits qui démarrent un peu plus difficilement dans la vie que d’autres.

2 réflexions sur “Adopté

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